Peut-on être homme sans être citoyen ?
Publié le 30/03/2012
Extrait du document
«
Ce pouvoir politique, selon Rousseau, est fondé sur une convention qu’il nommera « Contrat Social ».
En effet pour vivre en communauté et accomplir pleinement son humanité, il faut selon Rousseau,
que l’homme s’affranchissent des libertés et des droits naturels (la loi du plus fort) qu’il possédait à
l’état primitif (l’Etat de Nature), pour acquérir une liberté politique et des droits civils.
Le pacte social
permet une transformation de l’individu lorsqu’il devient membre d’une société ou d’un corps
politique : « d’un animal stupide et borné, il fait un être intelligent et un homme.
»
La vie en société est donc dans un premier temps nécessaire à la survie de l’espèce humaine mais
aussi nécessaire dans la réalisation de notre humanité.
Aristote affirme « l’homme est un animal
politique ».
Cependant cette vie en communauté nécessite une autorité proprement politique qui
doit, selon Rousseau, reposer sur un pacte social : celui-ci établit que chacun doit renoncer à ses
droits naturels pour obtenir la liberté que procure la société.
Bien que la citoyenneté soit nécessaire
l’accomplissement de l’homme, est-il pour autant le seul facteur de cet accomplissement?
Il faut être citoyen pour être homme mais l’inverse n’est par forcément vrai.
En effet l’homme se
distingue des animaux non seulement par sa citoyenneté mais aussi par sa par sa conscience, par sa
capacité à se remettre en question (besoin intellectuel), ainsi que par sa capacité à exprimer des
idées abstraites.
Pour exemple, les sentiments se transcendent et se partagent à travers la langue et
l’Art.
La définition de la conscience selon l’étymologie latine, est « d’être présent à son savoir ».
Or
l’homme est le seul animal capable de se prendre lui-même pour objet de pensée, donc à être
présent dans son savoir.
Selon Pascal, cette conscience définit l’essence de l’homme car elle le rend
responsable de ses actes et lui permet d’accéder à la dimension de la spiritualité et de la moralité, ce
que les animaux ne peuvent pas.
La notion de conscience peut-être intégrée à la notion de travail, ce
qui rend celui-ci spécifiquement humain.
En effet, dans le Capital, Karl Marx nous montre que le
travail est spécifiquement humain car l’homme à conscience de son travail : « l’abeille confond par la
structure de ses cellules de cires l’habileté de plus d’un architecte.
Mais ce qui distingue dès l’abord
le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte c’est qu’il a construit sa cellule dans sa tête
avant de la construire de la ruche.
Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans
l’imagination du travailleur.
Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme dans les
matières naturelles, il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience… ».
La théorie de
Karl Marx rejoint donc celle de Bergson qui affirme que « la conscience est un pont jeté entre le
passé et l’avenir» : la conscience de l’architecte organise ses souvenirs passés pour lui permettre de
se projeter la cellule de la ruche qu’il va bâtir dans l’avenir.
Les hommes sont aussi les seuls à ne pas avoir que des besoins physiques mais aussi intellectuels.
En
effet, pour Aristote, l’homme est le seul animal à avoir des loisirs.
Or, le loisir n’est pas le temps
qu’on ne passe à ne rien faire, mais le temps libre de l’esprit qui peut s’exercer au plaisir pur de la
connaissance.
La théorie d’Aristote soutiendrait donc qu’après avoir assouvi ses besoins physiques,
l’homme trouve son plaisir, son bonheur à connaitre pour connaitre.
Enfin l’homme se distingue encore des animaux car il est le seul à pouvoir à exprimer ses sentiments,
soit à travers la langue soit à travers l’Art.
Dans son discours sur « l’origine et les fondements de
l’inégalité parmi les hommes », Rousseau s’interroge sur la raison pour laquelle l’homme ne s’est pas
contenté du langage naturel, des cris et des gestes.
Pour Rousseau, le langage universel des hommes
primitifs était des cris et des gestes « avant qu’il fallut persuader des hommes assemblés ».
Persuader quelqu’un c’est faire adhérer quelqu’un à sa thèse en jouant sur des sentiments.
Or.
»
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