Peut-on être homme sans être citoyen?
Publié le 01/10/2012
Extrait du document
«
précédente se révèle ainsi abusive, puisqu'elle prétendrait imposer à des cultures
non occidentales un mode d'accès à l'humanité qui ne fait pas partie de leurs
structures sociales ou mentales.
Que peut signifier
être citoyen pour un Pitjantjara d'Australie ou un Nambikwara amazonien? Il y aurait là une forme d'impéria
lisme d'autant plus perverse ou insidieuse qu'elle prendrait l'aspect d'une
attribution de droits et de libertés à des populations pour lesquelles ils ne
signifieraient rien.
-
Il faut au contraire concevoir qu'on peut être homme à part entière sans être
citoyen - à la seule condition de vivre dans des structures sociales étrangères à
l'État tel que le conçoit l'Occident.
De telles structures sont nombreuses: groupe
familial, clan, tribu, société nomade, etc.
Et l'on constate, dans les pays en voie de développement qu'une attribution hâtive de citoyenneté toute théorique et
abstraite, sous prétexte qu'existe une forme étatique récente, mène
le plus souvent à des abus du pouvoir central: ce qui paraît d'un côté attribué (sur le plan d'une
idéologie à l'occidentale), sinon imposé, est récupéré d'un autre côté sous l'aspect
d'obligations et d'exploitations où se constituent des privilèges incompatibles
avec une citoyenneté réellement partagée.
- Développement
symétrique possible: rappeler la critique des Droits de
l'homme et du citoyen par Mad: l'homme véritable sera historiquement au-delà de
toute citoyenneté restreinte.
III.
Citoyenneté et humanisme
- Il est possible, sinon proba~le, que la citoyenneté, comme forme juridique
renvoyant à l'existence d'un Etat, s'universalise: les sociétés traditionnelles
paraissent condamnées, soit à disparaître, soit à s'intégrer dans des structures
étatiques, ne serait-ce que parce qu'elles vivent sur des territoires appartenant
aujourd'hui à des États officiellement constitués.
-
Dans l'attente d'une telle évolution, il semble que la seule attitude convenable
de l'humanité qui bénéficie déjà de la citoyenneté consiste à traiter celle qui ne la
connaît pas encore avec les mêmes égards que si elle la possédait.
S'il est vrai que
peut être qualifiée de «préférable,.
une culture dès lors que ses valeurs sont
universalisables parce qu'elles généralisent le respect dû à toute personne
humaine, on définirait ainsi une version contemporaine de l'humanisme, entendu
non pas comme défense des valeurs
d'une humanité définie a priori, mais bien
comme reconnaissant à tout être humain (même s'il n'a pas encore accès à la
citoyenneté)
le même prix, c'est-à-dire le même droit au respect.
Conclusion
L'homme occidental ne peut plus se concevoir sans sa propre citoyenneté.
Mais
s'il veut affirmer son humanité -et
par là même indiquer les vertus d'une
citoyenneté qui participe essentiellement à sa définition moderne - il lui
appartient de considérer qu'au-delà de sa culture, humanité et citoyenneté ne se
recouvrent
pas- ce qui revient à constater que les droits de l'homme doivent être
pensés à l'égard des formes d'humanité chez lesquelles on ignore ceux du citoyen.
2.
Cf no 43.
»
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