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Peut-on être homme sans être citoyen?

Publié le 01/10/2012

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Peut-on être homme sans être citoyen? Introduction Dans le langage quotidien, les expressions évoquant d'un seul jet l'homme et le citoyen sont assez fréquentes pour que l'on en vienne à admettre spontanément que l'un ne peut aller sans l'autre, du moins de nos jours. Raison suffisante pour s'interroger sur la citoyenneté comme condition nécessaire d'appartenance à l'humanité. I. Évolution du citoyen — C'est d'abord (sans antique) l'habitant de la Cité, et qui est impliqué dans sa vie politique: il a donc des droits (et des devoirs) que n'ont pas les métèques ou les étrangers. Mais, complémentairement, le citoyen grec se conçoit comme le représentant par excellence de l'humanité: les autres (à plus forte raison s'il s'agit de barbares ou d'esclaves) stagnent dans la sous-humanité. Dans cette optique, l'existence civique confirme l'humanité (avec toutefois une restriction: les femmes grecques et romaines font partie de l'humanité, mais n'ont pas de citoyenneté). — Au sens moderne, la citoyenneté désigne l'appartenance, non plus à une Cité, mais à un État. Elle accorde à l'individu liberté et égalité devant la loi, et s'accompagne de droits (d'expression, de participation au d&ea...

« précédente se révèle ainsi abusive, puisqu'elle prétendrait imposer à des cultures non occidentales un mode d'accès à l'humanité qui ne fait pas partie de leurs structures sociales ou mentales.

Que peut signifier être citoyen pour un Pitjantjara d'Australie ou un Nambikwara amazonien? Il y aurait là une forme d'impéria­ lisme d'autant plus perverse ou insidieuse qu'elle prendrait l'aspect d'une attribution de droits et de libertés à des populations pour lesquelles ils ne signifieraient rien.

- Il faut au contraire concevoir qu'on peut être homme à part entière sans être citoyen - à la seule condition de vivre dans des structures sociales étrangères à l'État tel que le conçoit l'Occident.

De telles structures sont nombreuses: groupe familial, clan, tribu, société nomade, etc.

Et l'on constate, dans les pays en voie de développement qu'une attribution hâtive de citoyenneté toute théorique et abstraite, sous prétexte qu'existe une forme étatique récente, mène le plus souvent à des abus du pouvoir central: ce qui paraît d'un côté attribué (sur le plan d'une idéologie à l'occidentale), sinon imposé, est récupéré d'un autre côté sous l'aspect d'obligations et d'exploitations où se constituent des privilèges incompatibles avec une citoyenneté réellement partagée.

- Développement symétrique possible: rappeler la critique des Droits de l'homme et du citoyen par Mad: l'homme véritable sera historiquement au-delà de toute citoyenneté restreinte.

III.

Citoyenneté et humanisme - Il est possible, sinon proba~le, que la citoyenneté, comme forme juridique renvoyant à l'existence d'un Etat, s'universalise: les sociétés traditionnelles paraissent condamnées, soit à disparaître, soit à s'intégrer dans des structures étatiques, ne serait-ce que parce qu'elles vivent sur des territoires appartenant aujourd'hui à des États officiellement constitués.

- Dans l'attente d'une telle évolution, il semble que la seule attitude convenable de l'humanité qui bénéficie déjà de la citoyenneté consiste à traiter celle qui ne la connaît pas encore avec les mêmes égards que si elle la possédait.

S'il est vrai que peut être qualifiée de «préférable,.

une culture dès lors que ses valeurs sont universalisables parce qu'elles généralisent le respect dû à toute personne humaine, on définirait ainsi une version contemporaine de l'humanisme, entendu non pas comme défense des valeurs d'une humanité définie a priori, mais bien comme reconnaissant à tout être humain (même s'il n'a pas encore accès à la citoyenneté) le même prix, c'est-à-dire le même droit au respect.

Conclusion L'homme occidental ne peut plus se concevoir sans sa propre citoyenneté.

Mais s'il veut affirmer son humanité -et par là même indiquer les vertus d'une citoyenneté qui participe essentiellement à sa définition moderne - il lui appartient de considérer qu'au-delà de sa culture, humanité et citoyenneté ne se recouvrent pas- ce qui revient à constater que les droits de l'homme doivent être pensés à l'égard des formes d'humanité chez lesquelles on ignore ceux du citoyen.

2.

Cf no 43. »

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