Peut-on être libre devant la vérité ?
Publié le 22/02/2012
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Un argument majeur se dégage de ce texte: il existe des cas où l'on doit mentir, par devoir.
Ce à quoi Kant réponddans Du prétendu droit de mentir par humanité, que par définition, un devoir moral, est un impératif catégorique, quivaut pour tous les cas, sans exception, en vertu de la loi moral qu'énonce notre raison.
Donc, selon Kant, dire lavérité est un devoir moral qui doit être effectué en toutes circonstances.
Dans le cas contraire, l'Homme estimmoral, donc mentir est un mal, et en mentant, nous ne serions pas libre devant la vérité.Reprenons l'exemple de notre Homme ignorant, qui est donc immoral et n'est pas libre.
S'il effectue un travail sur lui-même pour atteindre la vérité, alors quelque soit le cas, il ne mentira plus, sera moral et donc libre,C'est d'ailleurs ce qu'illustre le célèbre mythe de la caverne de Platon dans la République, Livre VII Cette dernièremet en scène des prisonniers enchainés qui tournent le dos à l'entrée et ne voient que la projection d'ombresd'objets que portent des hommes passant devant un feu.
De la même manière, ils n'entendent que des échos desparoles de hommes.
Ces prisonniers étant dans cette caverne depuis leur enfance, ils sont habitués à entendre etcontempler les effets altérés du monde extérieur; ainsi les tiennent-ils donc pour réalité.
Un jour, l'un des prisonniersest libéré et amené à la lumière du jour.
Au début, il est ébloui, et ses yeux le font souffrir.
Il cherche donc,naturellement à revenir à l'ombre.
Mais, peu à peu, sa vue se fait au nouveau monde qui s'offre à lui, et il peu àprésent distinguer les reflets des objets dans l'eau, puis même, affronter la vue du soleil.
C'est alors qu'il réalise qu'ilvivait dans un monde d'illusions et d'ignorance.
L'ancien prisonnier souhaiterait alors montrer à ses ancienscamarades la réalité du monde, Mais il sait qu'il se fera traiter de fou, et que les plus sages le condamneront à morts'il s'obstine.
La signification de l'allégorie est simple à saisir.
La caverne symbolise la condition humaine, dont noussommes tous prisonniers.
Alors que la vérité est représentée par le monde extérieur.
Le prisonnier qui a vu le mondeextérieur, connait donc la vérité, et l'allégorie de Platon illustre donc la liberté face à cette dernière : le prisonniern'est plus enchaîné.
Ainsi, face à la vérité, nous disposons de moyens pour être libre.
Mais, dans le cas, où nous devons aller vers lavérité pour acquérir la liberté, ne pourrait-on pas voir un aspect contraignant de la vérité ?
La vérité est contraignante
A) L'allégorie de la caverne de Platon
Cependant l'allégorie de Platon montre également une certaine contrainte qu'est la recherche de la vérité.
En effet,le prisonnier libéré souffre et doit affronter avec courage le nouveau monde qui se dresse devant lui.
L'accès à lavérité est donc contraignant, mais, peut-on exiger de chacun qu'il connaisse la vérité ? Si non, le problème ne sepose pas puisque à ce moment là, l'Homme est libre d'agir comme il l'entend.
Si oui, et c'est le cas, alors lacontrainte dont on parlait dans l'absolu, s'avère être réelle dans la pratique.B) Réfutation de la liberté d'indifférence
Dans le premier moment de notre dissertation, nous avons abordé la liberté d'indifférence.
Cette étude nous aconduit à dire que cette notion permettait d'être libre face à la vérité.
Cependant, la vision de Descartes estréfutable.
Leibniz s'exprime par exemple sur cette « liberté d'indifférence » en disant que faire un choix arbitraire netémoigne pas de notre liberté, il le considère même comme un acte irrationnel et fruit du caprice, car, selon lui, laliberté d'un choix réside en la capacité à prendre la meilleure décision possible, or, si nous considérons l'alternative''Soit j'accepte une évidence, soit je la refuse'', effectuer le choix de refuser une certitude, ne constitue en rien lameilleure décision; à moins que faire figure d'idiot soit une finalité préférable à celle de passer pour quelqu'und'instruit.
Autre argument de Leibniz, qui se demande si la liberté d'indifférence ne serait pas illusoire.
Si un choix enapparence arbitraire serait en fait motivé par des raisons de notre inconscient.
Dans ce cas là, un choix entre deuxobjets ne serait alors plus arbitraire, car il y aurait une prévalence d'un motif sur l'autre et donc plus de liberté.Ce que dit Descartes au sujet de la liberté d'indifférence, ne peut s'appliquer que dans l'absolu, car dans la pratique,cette notion semble très peu applicable.
Ainsi, il semblerait impossible d'être réellement libre devant la vérité.
L'Homme peut toujours se bercer d'apparences,pour échapper à la réalité, mais au fond de lui il ne sera jamais libre face à la vérité, soit parce qu'il ne la connaîtpas et doit alors parcourir le ''chemin pour sortir de la grotte'', soit parce que même s'il la connait, l'Homme ne peutse mentir sur un sujet qu'il connait..
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