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Peut-on expliquer les oeuvres d'art ?

Publié le 17/12/2005

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    HEGEL, Esthétique, 2e partie, Introduction.               « Le symbole est d'abord un signe, mais dans le signe proprement dit, le rapport qui unit le signe à la chose signifiée est arbitraire. L'objet sensible et l'image ne représentent rien par eux-mêmes, mais seulement un objet étranger avec lequel il n'ont aucune liaison particulière. Ainsi, dans les langues, les sons articulés expriment toute d'idées et de sentiments ; mais la plus grande partie des mots dont se compose un dialecte sont liés d'une manière tout accidentelle avec les idées qu'ils expriment, même si l'on peut démontrer historiquement que le rapport des mots et des idées était d'une autre nature à l'origine. [...] Il en est tout autrement du signe particulier qui constitue le symbole. Le lion, par exemple, sera employé comme symbole de la magnanimité ; le renard de la ruse ; le cercle, comme symbole de l'éternité [...].             Mais, bien que le symbole ne soit pas comme le signe simple, étranger à l'idée qu'il exprime, il ne doit pas non plus, pour rester symbole, la représenter  parfaitement ; car, si les deux termes s'accordent par une qualité commune, ils diffèrent sous bien d'autres rapports. D'abord, l'objet pris comme symbole renferme en lui même une foule d'autres propriétés qui n'ont rien de commun avec l'idée.

On accuse quelquefois les musées, notamment les musées d'art contemporain, de présenter seulement les oeuvres, et non pas de les « expliquer «. On peut par exemple ressentir le besoin d'explication lorsque l'incompréhension domine. Pourquoi telle oeuvre est-elle une oeuvre d'art ? Quelles étaient les intentions de l'auteur ? En même temps, la question de l'explication d'une oeuvre d'art ne concerne pas seulement celui qui ne comprend pas le statut artistique d'une oeuvre. Quelqu'un qui apprécie telle musique pourrait, à la question « pourquoi ? «, répondre que « cela ne s'explique pas «. La question concerne la possibilité même de l'explication à propos de l'oeuvre d'art. Car cela ne va pas du tout de soi.

La définition de l'oeuvre d'art est particulièrement problématique. L'art contemporain notamment a rendu quasiment impossible la tentative de donner des critères de ce qu'est une oeuvre d'art. En même temps, certaines oeuvres sont considérées comme artistiques et pas d'autres. On peut raisonnablement supposer qu'il y a des raisons pour donner ce statut à une oeuvre.

Expliquer, c'est justement rendre raison de quelque chose, c'est rendre intelligible une chose, un phénomène, en dévoilant ses causes. L'explication apporte donc une forme de connaissance. Toutefois de quoi s'agirait-il à propos d'une oeuvre d'art ? Expliquer une oeuvre d'art, serait-ce donner les causes à l'origine de son statut artistique ? Quelles pourraient être ces « causes « ? Est-ce exposer les intentions qui ont précédés la réalisation de l'oeuvre ? Mais même en saisissant ce qu'a voulu réaliser l'auteur, cela expliquerait-il ce qui rend l'oeuvre artistique ? 

En d'autres termes, et d'une manière générale, peut-on répondre par une « explication « à la question « pourquoi telle oeuvre est-elle une oeuvre d'art « ? Ne peut-on pas supposer que ce qui rend artistique une oeuvre est plutôt de l'ordre du sentiment que de l'ordre de la raison ? Si tel est le cas, cela ne rend-il pas vaine toute tentative d'explication, dans le sens où il serait impossible d' « expliquer «, au sens propre, ce qui produit un sentiment ?

 

« qu'il ne peut dépasser, qu'il a sans doute atteintes depuis longtemps et qui ne peuvent plus être reculées ; de plusune telle maîtrise ne peut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature ; elledisparaît donc avec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons ; et il ne reste plus à celui-cique d'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience.

» Le génie est un don ; il ne s'explique pas, selon Kant.

Un artiste ne saurait rendre raison des mécanismes de la création. b) La beauté ne s'explique pas Sans vouloir réduire l'oeuvre d'art à ce qui a une beauté particulière, il n'en reste pas moins que la beauté est une caractéristique classique de l'oeuvre d'art.

Même si un artiste ne sait pas expliquer la production de l'oeuvred'art, il n'en reste pas moins que le secret de la beauté de l'oeuvre réalisée est peut-être, elle, explicable. A la lecture du texte de Kant qui suit, nous serons toutefois amenés à en douter, puisque Kant fait de la beauté l'objet d'un jugement « esthétique » (fondé sur le sentiment), et certainement pas d'un jugement « logique »(qui s'appuie sur une connaissance). KANT, Critique de la faculté de juger , §6 « §6.

Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'unesatisfaction universelle. · « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvonsl'éprouver que si nous sommes dans un certain état d'esprit par rapport àl'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avonspas le souci de l'utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, quiporte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique),de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve unesatisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique),du bien ( celui qui apprécie une œuvre engagée en raison de son caractèremoral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beaun'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes une satisfaction peut être morale etesthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'estpas morale.

A l'encontre de Platon , Boileau, Hegel , Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau nese réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluent pas.

Et de cela Hume ne peutrendre compte.

De même qu'une œuvre d'art immorale peut être belle, de même, peut l'être une œuvre désagréable,qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par les sonorités, le passé qu'elle évoque)n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté et agrément.

Par conséquent, leplaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de la satisfaction de quelque chose, du besoin du corpsou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. Cette définition du beau peut être tirée de la précédente, qui en fait l'objet d'une satisfaction dégagée de toutintérêt.

En effet, celui qui a conscience de trouver en quelque chose une satisfaction désintéressée ne peuts'empêcher de juger que la même chose doit être pour chacun la source d'une semblable satisfaction.

Car, commecette satisfaction n'est point fondée sur quelque inclination du sujet (ni sur quelque intérêt réfléchi), mais que celuiqui juge se sent entièrement libre relativement à la satisfaction qu'il attache à l'objet, il ne pourra trouver dans desconditions particulières la véritable raison qui la détermine en lui, et il la regardera comme fondée sur quelque chosequ'il peut aussi supposer en tout autre ; il croira donc avoir raison d'exiger de chacun une semblable satisfaction. Ainsi parlera-t-il du beau comme si c'était une qualité de l'objet même, et comme si son jugement était logique(c'est-à-dire constituait par des concepts une connaissance de l'objet), bien que ce jugement soit purementesthétique et qu'il n'implique qu'un rapport de la représentation de l'objet au sujet : c'est qu'en effet il ressemble àun jugement logique en ce qu'on peut lui supposer une valeur universelle. Mais cette universalité n'a pas sa source dans des concepts.

Car il n'y a pas de passage des concepts au sentimentdu plaisir ou de la peine.

(...) Le jugement de goût, dans lequel nous avons tout à fait conscience d'êtredésintéressé, peut donc réclamer à juste titre une valeur universelle, quoique cette universalité n'ait pas sonfondement dans les objets mêmes ; en d'autres termes, il a droit à une universalité subjective.

» S'il n'y a pas de « concept » de la beauté, sur quoi une explication pourrait-elle reposer ?. »

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