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Peut-on fonder une religion sur la raison ?

Publié le 08/03/2004

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religion
La raison, en son usage pur, recouvre ce que nous avons entendu par raison dans notre première partie et il est certain que, de ce point de vue, la raison ne peut connaître des objets transcendants. Or, dans son usage pratique, la raison ne signifie plus « faculté de connaissance », mais « capacité de se servir de sa liberté en vue du bien ». La raison pratique se contente donc de nous indiquer notre devoir et de fonder la morale. Dès lors, le lien s'établit avec la religion, puisque Kant la définit comme l'ensemble des devoirs « considérés comme commandements divins ». Ainsi, avoir de la religion, c'est considérer que ce que la raison nous prescrit (la loi morale) est aussi voulu par Dieu, qui nous sera secourable dans la réalisation du bien. Afin de bien saisir ce qu'il en est, nous devons faire la distinction entre religion statutaire et religion naturelle. En effet, Kant critique ce qu'il appelle les religions statutaires, c'est-à-dire à toutes les formes de faux cultes (cléricalisme, fétichisme, folie religieuse), qui ne respectent pas le principe moral de la religion. Toutes ces formes se caractérisent l'idée que Dieu peut être connu par la raison ou par la sensibilité (mysticisme) et que ceux qui le connaissent doivent s'imposer comme des maîtres au peuple ignorant. C'est là, selon Kant, le signe d'une confusion entre religion et politique, puisque si la religion n'est jamais un savoir, mais seulement une espérance, elle ne fonde aucun pouvoir sur les hommes, au demeurant libres d'examiner tout ce qu'on leur demande de croire. Au contraire de la religion statutaire, Kant rattache la religion naturelle à la raison pratique, en montrant qu'elle remplit les exigences de cette même raison en prescrivant une vie bonne au service des autres.

La religion de Kant est-elle encore religieuse ? Pascal aurait répondu par la négative : contre Descartes, et contre tous ceux qui veulent réduire la religion à ce qu'il est raisonnable de croire, Pascal en appelle au cœur qui seul « sent Dieu «. C'est justement la marque de l'orgueil humain que de vouloir tout saisir par la raison et par « l'esprit « ; or ce n'est pas par la raison que nous atteindrons Dieu, mais par le sentiment poignant de notre propre misère : la foi qui nous ouvre à Dieu est d'un autre ordre que la raison, et la raison doit lui être subordonnée.

 

 

 

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« auteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolution galiléenne avait jetée sur les sens (qui nousont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce que la science avait cru pouvoir démontrer. « Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallaitnécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis,était si ferme et si assurée, que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables del'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que jecherchais.

» Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.

Que ce que je pense soit vrai ou faux, je pense.Et si je pense, je suis.

Le néant ne peut pas penser.

La première certitude que j'ai est donc celle de mon existence,mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve de l'existence de mon corps.Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que je puisse penser correctement, je nepourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis.

La volonté sceptique de douter de tout, l'idéequ'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait : je pense.

Voilà le roc, voilà l'argile.

Voilà le pointferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan du doute, par lequel je retrouverai la terre ferme de lascience vraie. La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ».

Il n'est pas l'individu concret.

Ce n'est pas Descartes , homme du XVII ième siècle, c'est tout individu pensant qui peut dire « je pense donc je suis », pour peu qu'il refasse, pour lui-même, l'expérience entreprise. Ce « je » est, par définition, désincarné ; tout ce que je peux affirmer, à ce moment, de l'itinéraire cartésien, c'est mon existence comme pensée, puisque, répétons-le, je dois encore, temporairement, nier l'existence du corps. Les deux conséquences majeures que Descartes tire de sa découverte sont d'une importance cruciale pour l'histoire de la philosophie. D'une part Descartes montre que la nature de la pensée et celle de la matière sot différentes.

Ce qu'on nomme dualisme : « Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser […] En sorte que moi, cad l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps.

» Le corps, en effet, n'est qu'une portion de matière, ayant une forme, et susceptible de recevoir dumouvement.

La pensée est radicalement différente, c'est la faculté de concevoir, imaginer, sentir, vouloir.Descartes ne nie pas que –en l'homme- il y ait interaction du corps et de la pensée, et il consacrera même un ouvrage, « Les Passions de l'âme » (1649), à ce qu'on nommerait aujourd'hui biologie des passions.

Mais il jette grâce au dualisme les bases de la science moderne, en limitant la physique à l'étude de la matière et deses propriétés.

Il faut se souvenir qu' Aristote considérait l'étude de l'âme comme le couronnement de la physique, et que Pascal aura à batailler contre l'idée que la « nature a horreur du vide », comme si la matière était animée d'intention. D'autre part, dans l'expérience du « cogito », du « je pense », je prends conscience de moi-même comme pensée.

Cela amènera notre auteur à identifier pensée et conscience, ce que contestera, outre Leibniz & Spinoza , Freud . Avec le « je pense donc je suis », Descartes place la conscience, le sujet, à la racine de toute connaissance possible.

La conséquence essentielle est le primat de la conscience, et sa différence d'avec la matière.

Redonner àl'homme une place dans un univers infini et vide de Dieu, assurer la dignité de la conscience, et jeter les bases de lascience moderne, tels sont les objectifs que la métaphysique cartésienne s'est assignée.. »

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