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Peut-on mieux connaître autrui que soi-même ?

Publié le 27/02/2008

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L'homme a une conscience immédiate du monde et de lui-même. Notre intériorité n'est pas distincte de nous (c'est pourquoi il serait même délicat de dire que nous la comprenons ou que nous y avons accès). Or, cette conscience peut donner l'impression d'être une connaissance : qui peut mieux me connaître que moi, qui ressens ce que je ressens et pense ce que je pense ? Pourtant, cette immédiateté implique également un manque de recul qui peut faire obstacle à la connaissance : la connaissance ne suppose-t-elle pas au contraire une distance, ne faut-il pas pouvoir considérer une personne comme un objet d'étude pour pouvoir la connaître ? Dans ce cas, ne serait-il pas plus correcte de dire qu'autrui seul pourra être un objet de connaissance, et que nous demeurons à tout jamais un mystère à nos propres yeux ? Pourtant, cette réponse n'est pas non plus satisfaisante : prétendre que l'on connait autrui, n'est-ce pas en fin de compte le figer dans une posture qui est celle qu'il occupe actuellement, mais qui n'est pas la seule possible, n'est-ce pas méconnaitre sa liberté de changer, de devenir autre qu'il n'était ? Tout le problème est de savoir si l'on peut mettre la connaissance de soi et la connaissance d'autrui sur un même plan afin de déterminer laquelle est la plus parfaite.

« C.

Pourtant, cela ne veut pas dire que Merleau-Ponty nie qu'il y ait des difficultés à comprendre autrui.

En effet, l'intériorité d'autrui, même si elle nous est compréhensible, reste une représentation.

Dans laPhénoménologie de la perception , il prend l'exemple de deux situations : le deuil et la colère « Le deuil d'autrui et sa colère n'ont jamais exactement le même sens pour lui et pour moi.

Pour lui, ce sont dessituations vécues, pour moi ce sont des situations représentées.

Ou si je peux, par un mouvement d'amitié,participer à ce deuil et à cette colère, ils restent le deuil et la colère de mon ami Paul: Paul souffre parcequ'il a perdu sa femme ou il est en colère parce qu'on lui a volé sa montre, je souffre parce que Paul a de lapeine, je suis en colère parce qu'il est en colère, les situations ne sont pas superposables.

» Autrement dit,s'il est vrai que l'analogie ne permet pas d'expliquer notre reconnaissance d'autrui, et si nous avons bel etbien une reconnaissance immédiate d'autrui, il n'en reste pas moins que nous ne pouvons comparer laconnaissance que nous avons d'autrui et la connaissance que nous avons de nous-mêmes.

Il semble doncsurtout que nous ayons affaire à deux types de connaissances bien distinctes et qui ne sauraient êtrecomparées.

III. Autrui nous révèle à nous-mêmes A.

Tout le problème vient peut être du fait que nous avons l'impression de nous connaitre nous-mêmes parceque nous notre intériorité, notre ressentir nous est transparent.

Dans ce cas, il est évident qu'autrui nepourra jamais être connu de nous mieux que nous-mêmes.

Mais peut-être nous méprenons nous alors toutsimplement sur le sens du mot « connaître », justement parce que lorsque nous entendons l'expression« connaitre quelqu'un », nous prenons notre intériorité propre comme référence.

Nous prenons alors leressentir comme un modèle de connaissance.

Pourtant, il se peut bien qu'au contraire, le ressentir etl'expérience propre que nous avons de nous-mêmes fasse obstacle à notre connaissance.

Aristote, dans unlivre dont l'attribution lui est contestée, La Grande Morale, écrit que « Nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons àd'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes,pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement » LivreII, Chap.

XV.

Le philosophe rappelle ici avec bon sens que bien souvent, nous manquons de discernement ànotre propre égard.

Nous sommes sans doute bien plus lucides quand il s'agit de comprendre lescomportements des autres.

B.

Autrui devient alors une sorte de miroir qui nous permet de mieux nous comprendre : c'est par son regard,son jugement que nous pouvons savoir qui nous sommes.

Mais cela suppose que l'on ne se fie pas au premieravis venu, mais que l'on fasse confiance à un ami , qu'Aristote définit comme « un autre soi-même ».

Et voici comment Aristote conclut : « la connaissance de soi est un plaisir qui n'est pas possible sans la présence dequelqu'un d'autre qui soit notre ami ».

Ce qui ressort de cela, c'est tout d'abord que nous ne sommes pastoujours les mieux placés pour nous connaître, puis que nous pouvons être bien souvent plus lucide quand ils'agit de comprendre quelqu'un d'autre et qu'inversement autrui est mieux placé pour nous connaître.

Autruidevient donc le relais indispensable à la connaissance de soi-même. Conclusion Peut-on connaître autrui mieux que soi-même ? Cette question suppose que la connaissance d'autrui et la connaissance de soi forment deux connaissances similaires mais indépendantes l'une de l'autre que l'on peutcomparer.

Or, au terme de cette réflexion, nous pouvons dire que la connaissance d'autrui et la connaissance de sois'appelle l'une l'autre : le regard d'autrui me permet de mieux me cerner, parce qu'il est bien souvent plus éclairé quemon propre jugement, mais en même temps, pour pouvoir bénéficier d'un tel enrichissement, encore faut-il que jesois capable d'avoir des amis, d'autres moi-même.

Or, l'amitié suppose au préalable une bonne connaissance de soi-même, car celui qui ne se connait pas ne pourra établir de véritable lien avec autrui.

Connaissance de soi etconnaissance d'autrui constituent donc un cercle vertueux.. »

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