Peut-on ne pas savoir ce que l'on fait?
Publié le 02/12/2012
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de découvrir ce que l’on peut faire, ce dont on est capable, en faisant l’épreuve de la séparation
entre ce qu’on veut et ce qu’on fait.).
(2) On peut ne pas savoir ce que l’on fait car il n’y pas de science de l’action, c’est à dire qu’on ne
peut jamais prévoir et maîtriser toutes les conséquences de nos actes: toute action portant sur le
futur, agir c’est nécessairement être confrontés à l’incertitude, à une réalité toujours en partie
imprévisible, non pas simplement par accident, par manque de réflexion, mais parce que la
réflexion n’est jamais suffisante pour savoir avec certitude ce que l’on fait quand on agit.
(3) Conséquence de l’impossibilité d’un savoir purement rationnel de ce que l’on fait:
-l ’ homme d ’ action n ’ est pas celui qui a tout calculé et tout planifié par le raisonnement, c ’ est au
contraire celui qui connaît les limites du calcul, qui se base sur des probabilités, qui prend pour
repère ce qui pourrait se passer, mais qui sait en même temps faire face à l ’ imprévisible, qui n ’ est
pas prisonnier du raisonnement.
On sait ce que l’on fait justement quand sait que faire ne peut pas
être une science exacte, qu’on ne peut pas entièrement savoir ce que l’on fait, que la réalité ne
dépend pas entièrement de nous.
-on peut du coup ne pas savoir ce que l’on fait quand on prétend justement entièrement savoir ce
que l’on fait, quand on croit que la réalisation de nos intentions dépend entièrement de nous, quand
on surestime le pouvoir de la réflexion.
Celui qui veut avoir des certitudes avant d’agir est
condamné soit à l’impuissance car il n’agira jamais, soit à l’échec pour avoir voulu tout planifier
sans tenir compte de ce qui est incalculable dans le réel, de ce qui échappe nécessairement à toute
planification rationnelle.
III-Ce n’est pas simplement parce que celui qui agit ne peut pas maîtriser totalement le réel, qu’une
conscience intégrale de ce qu’on fait est impossible qu’on peut ne pas savoir ce que l’on fait, mais
parce que le sujet agissant ne s’identifie pas à la conscience, que la conscience de soi n’est qu’une
partie superficielle de ce qu’on est.
(1) On peut non seulement agir sans savoir ce que l’on fait par inconscience des conséquences de
nos actions, mais on peut agir inconsciemment sans même savoir qu’on agit, parce que l’inconscient
constitue la plus grande partie de nous même, et que nous n’avons pas nécessairement conscience
de nos propres intentions.
On peut utiliser Freud ici à condition de bien expliquer ce qui rend
possible l’existence d’actes que celui qui les accomplit ignore, et qui néanmoins restent des actes
de sa part: cela présuppose que le sujet qui agit n’est pas le moi, que ce que nous sommes dépasse
largement ce que nous avons conscience d’être.
(2) On peut aller plus loin en montrant qu’on peut qualifier d’acte y compris des phénomènes qui ne
s’accompagnent d’aucune intention qu’elle soit consciente ou inconsciente, comme les
automatismes corporels.
Cela suppose de montrer d’abord que ce l’on veut, désire, pense
consciemment, en croyant en être l’origine, est en fait déterminé par des causes qui nous échappent,
et que l’homme croit être libre uniquement parce qu’il ignore ce qu’il le détermine en tant que
partie de la nature, c’est à dire les lois de la nature.(Voir Spinoza ).
On peut alors montrer que la
conscience que l’homme a naturellement de lui-même implique qu’il ne peut pas savoir ce qu’il fait,
puisqu’il ignore à cause d’elle ce qu’il le détermine, et que pour savoir ce que l’on fait il faut
justement faire abstraction de ce qu’on a conscience de faire, afin de pouvoir expliquer par une
démarche scientifique ce que l’on fait réellement c’est à dire ce qui nous détermine.
Cela justifie
alors de qualifier d’actes y compris ce qui se fait en nous sans conscience, les automatismes
corporels, car celui qui agit est alors l’organisme qui cherche à se conserver, et dont la conscience
ne constitue qu’un élément fonctionnel.
(3) On peut confirmer cette thèse en montrant que la possibilité d’actes conscients a justement pour
condition l’existence de l’action permanente de notre corps qui reste inconsciente.
C’est justement
parce qu’on a pas besoin de savoir ce que l’on fait quand on respire, que cela n’implique aucune
intention ni réflexion, qu’on peut accomplir des actes conscients et réfléchis qui élargissent notre
puissance d’agir, nos possibilités d’actions, jusqu’à par exemple devenir capable avec la médecine.
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