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Peut-on penser la culture comme une domestication de l'homme ?

Publié le 20/12/2005

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culture
A un second niveau, nature et culture ont été distinguées du point de vue de la liberté de l'action. Le naturel, c'est, d'abord, le spontané, l'instinctif, l'irréfléchi. Soit l'absence de jugement, de réflexion. Le naturel, c'est, donc, le contraint, le déterminé : l'être naturel se comporte en fonction et sous la dépendance de causes qui lui sont extérieures et qui s'appliquent à lui de telle sorte qu'il ne peut y échapper. La nature est alors pensée comme le déploiement d'un mécanisme rigoureux. A l'opposé, comme le souligne Rousseau, la liberté, et la culture, se caractérisent par le pouvoir que possède l'être humain d'échapper aux règles qu'il s'est à lui-même données, de les refuser, ou d'en inventer de nouvelles. Artifice encore, mais au sens positif de l'invention de nouvelles formes d'existence, qui ne peuvent être déduites de la nature et de son ordre déterminé.   Partie II : La culture : un fait humain   Dans quelle mesure pourrait-on penser une domestication de l'homme ? Si la nature n'est pas la création de l'homme, la culture est pourtant bien le fruit de la volonté humaine. Cependant où se finit la nature et où commence la culture ?

 

À première lecture, la question posée semble receler un non-sens, car l’homme en tant qu’être pensant et conscient paraît échapper à toute forme de domestication. Au contraire, c’est lui qui, grâce, à son intelligence possède la capacité de domestiquer le naturel. Alors comment un être dominant peut-il aussi se trouver en même temps dominé ? Pourrait-on dire que l’homme est finalement dépassé par la place que prend la culture dans la société ?

 

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« l'isoler un enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.

Mais une telle approches'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.

Une partie du biologique à la naissanceest déjà fortement socialisé.

En particulier les conditions de vie de la mère pendant la période précédantl'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement de l'enfant.

On ne peutdonc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel. La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.

Observons les insectes.

Queconstatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmiseshéréditairement.

Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.

Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler « le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, morales ou religieuses). Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, desoutils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes, ditLévi-Strauss , sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacitéd'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies ces dernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires etéventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent apparaîtreet se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss , « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore –et dans un tout autre sens, parleur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ». A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture. » Mais les règles institutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut donc affirmer que l'universel, ce quiest commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc ce double critère de la norme (règle) et del'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme :« Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité,que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et duparticulier. » Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste.

Celle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture.

Mais, en mêmetemps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystèreredoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions. » Partie III : Domestic ation ou affinement ? Il apparaît que la culture contrevient à l'expression de la nature et qu'en cesens elle contraint l'homme, l'empêche d'aller dans le sens de son instinct.

Elleest donc évidemment répressive : Freud a largement insisté sur cet aspect,montrant que la force de la société repose sur la répression des pulsions.Cependant, la culture est aussi une composante décisive de la survie dugroupe : au lieu de s'entredéchirer les individus se livrent à la sublimation deleurs désirs, et au lieu de les assouvir de façon immédiate et improductive ilsparviennent à leur donner une valeur.

Les plus hautes productions de l'artpeuvent être interprétées en ce sens.

"C'est en effet la tâche principale de laculture, le véritable fondement de son existence que de nous défendre contrela nature." Freud, L'Avenir d'une illusion , chapitre III. En outre, s'agissant de l'homme, la conscience morale intervient : le respectde la dignité, de la liberté, interdisent la violence et interdisent de traiterl'homme comme un moyen, comme un objet alors qu'il est un sujet auteur deses représentations qui peut accéder à l'autonomie et ainsi devenir l'auteur de ses actes : l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. On oppose communément la liberté à la loi.

Se soumettre à la loi, ce serait ne pas ou ne plus être libre.

Mais n'obéirà aucune loi, serait-ce être libre ? Mais il faut s'entendre sur le terme liberté et sur le terme loi... »

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