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Peut-on philosopher sans tenir compte de l'histoire ?

Publié le 18/09/2004

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histoire

Tenir compte de quelque chose signifie la prendre en considération, la considérer comme importante dans l’organisation d’une activité ou dans la marche d’une réflexion. Lorsque nous tenons compte de quelque chose, cela signifie que nous reconnaissons d’abord son existence, et que nous disons ensuite qu’elle a une importance qu’il faut reconnaitre de sort qu’il est impossible d’en faire l’économie, de la mettre de côté.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir.

A première vue, il peut nous paraître parfaitement possible d’affirmer que l’on peut philosopher sans tenir compte de l’histoire. En effet, l’histoire désigne le domaine de ce qui est fugitif, révolu, alors que le propre de la philosophie est de s’interroger sur des problèmes qui ont moins une existence historique qu’une pertinence intemporelle autant qu’universelle. Cependant, n’aurions-nous pas torts d’affirmer que philosopher peut être une activité parfaitement indépendante de l’histoire, quand cette dernière à tant à nous apprendre sur la nature de l’homme et sur le sens des valeurs, au point qu’elle peut passer à juste titre pour un laboratoire de la philosophie ? Nous finirons par dire que non seulement on ne peut philosopher sans tenir compte de l’histoire, mais que l’histoire est un objet d’étude légitime de la discipline philosophique.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si le propre de la philosophie est de s’intéresser à des questions prétendument intemporelles, ou si philosopher ne signifie pas considérer la dimension historique des hommes, des concepts et des valeurs. 

histoire

« en fait, les principes absolument premiers, ces éléments qu'ils cherchaient étaient nécessairement aussi les éléments de l'Etre en tant qu'être, et non l'être par accident.

C'est pourquoi nous devons, nous aussi, appréhender les causes premières de l'Etre en tant qu'être ».

La métaphysique, Tome I. Aristote nous montre bien dans ce texte que l'être en tant qu'être désigne la réalité fondamentale, ce qui appartient à tous les êtres et fait qu'ils sont.

La philosophie est donc la science suprême car elle étudie les attributs fondamentaux de ce qui est : à ce titre, elle n'a pas à tenir compte de l'histoire, qui, à la manière des mathématiques dont il est question dans l'extrait cité plus haut, « découpe une certaine partie de l'être ». b.

L'histoire, un domaine d'étude insignifiant pour la discipline philosophique Mais il faut voir une seconde raison qui nous permet d'affirmer en toute rigueur que l'on peut parfaitement philosopher sans tenir compte de l'histoire : en raison de l'inanité même de l'histoire, celle-ci étant insignifiante autant que dépourvue de destination.

En effet, Schopenhauer nous donne des arguments pour soutenir cette thèse, lui qui niait non seulement la scientificité de l'histoire en tant que discipline (elle se contente de coordonner des faits quand le propre de la science est de les subordonner à des principes ou de les déduire de ceux-ci), mais le principe même d'une signification du devenir historique.

L' homme n'évolue pas, prétend-il, il obéit en permanence à des motivations qui sont le plus souvent moralement mauvaises, car intéressées : « La vraie philosophie de l'histoire revient à voir que sous tous ces changements infinis, et au milieu de tout ce chaos, on n'a jamais devant soi que le même être, identique et immuable, occupé aujourd'hui des mêmes intrigues qu'hier et que de tout temps : elle doit donc reconnaître le fond identique de tous ces faits anciens ou modernes, survenus en Orient comme en Occident ; elle doit découvrir partout la même humanité, en dépit de la diversité des circonstances, des costumes et des mœurs.

Cet élément identique, et qui persiste à travers tous les changements, est fourni par les qualités premières du cœur et de l'esprit humains - beaucoup de mauvaises et peu de bonnes.

La devise générale de l'histoire devrait être : Eadem, sed aliter [les mêmes choses, mais d'une autre manière].

Celui qui a lu Hérodote(1) a étudié assez l'histoire pour en faire la philosophie ; car il y trouve déjà tout ce qui constitue l'histoire postérieure du monde : agitations, actions, souffrances et destinée de la race humaine, telles qu'elles ressortent des qualités en question et du sort de toute vie sur terre ». Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation , supplément au livre III, chapitre XXXVIII. Pour Schopenhauer, le temps est un cercle éternellement refermé sur lui-même qui tourne sans progresser.

Il n'y a donc pas d'Histoire à proprement parler, mais une succession de petites histoires se répétant à l'infini : l'histoire est un perpétuel recommencement de « petites histoires » toujours identiques les unes aux autres.

Comme l'écrit Vanini : "Achille assiégera Troie à nouveau; les mêmes religions, les mêmes cérémonies renaîtront; l'histoire humaine se répète; il n'est rien qui n'ait déjà été." (Lucilio Vanini, Sur les secrets de la nature) . Nous dirons donc à la lumière de la pensée de Schopenhauer que c'est l'on peut philosopher sans tenir compte de l'histoire, en raison de l'insignifiance caractéristique de l'histoire elle-même, qui la disqualifie pour être digne de la considération d'un philosophe.

L'histoire est en effet insignifiante car elle n'a aucune signification ; mais elle est aussi dépourvue de destination, puisqu'elle ne fait que répéter à l'infini la même succession d'histoires. II.

L'histoire comme laboratoire d'expériences pour la discipline philosophique a.

L'histoire montre la variabilité des valeurs Cependant, nous verrons dès à présent qu'il faut relativiser la thèse que nous venons de tenir.

En effet, il semble que l'activité philosophique doit bel et bien tenir compte de l'histoire, dans la mesure où celle-ci montre la dimension relative des valeurs dont s'occupe la philosophie.

En effet, l'un des objets de la philosophie sont les valeurs morales qui règlent la vie des hommes en société : la philosophie s'interroge sur les valeurs de bien et de mal, notamment.

Ce faisant, un philosophe pourrait être tenté de. »

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