Peut-on prendre conscience de son inconscient ?

Si Lacan écrit que « l'expérience psychanalytique n'est pas autre que d'établire que l'inconscient ne laisse aucune action hors de son champ »( L'instance de la lettre de l'inconscient), c'est bien que l'homme a une connaissance, peut prendre comme objet de réflexion comme conscience. Mais comment ? En fait, il s'agit de trouver les symptômes. Freud explique que de nombreux faits ne peuvent être expliqués par le fonctionnement de la conscience et prennent sens avec l'idée d'inconscient. Il s'agit alors de prendre appui sur les symptômes qui en découlent, les "manifestations observables", inexplicables par les seuls motifs de la conscience. C'est pour cela que Freud parle de lapsus, d'actes manqués...   Prendre conscience des interdits de la conscience Mais cependant cela ne veut pas dire que tout essai pour écouter et réfléchir à son inconscient est vain. En fait, il ne s'agit pas tant de tenter d'expliquer l'inconscient que de découvrir ce qui dans notre conscience bloque. On ne peut en effet tenter de travailler sur les symptômes de l'inconscient qu'à partir de la conscience. C'est pourquoi Paul Ricoeur affirme que « le sens profond de la cure n'est pas une explication de la conscience par l'inconscient mais un triomphe de la conscience sur ses propres interdits par le détour d'une autre conscience déchiffreuse. » De plus, il faut bien voir que nous ne pouvons pas faire disparaître l'inconscient.

Le terme inconscient peut être utilisé de deux manières différentes : négativement, il désigne tout processus ou tout pensée hors de la conscience, positivement, tel que Freud la décrit, il est une instance psychique séparée de la conscience par une censure et un refoulement. Dans les deux cas, l’inconscient est ce qui n’est pas dans la conscience. Être conscient implique la possibilité pour le sujet de prendre ses états de conscience comme objets de conscience, autrement dit de faire retour sur lui-même. On distingue ainsi la conscience immédiate ou directe( qui accompagne les actes du sujet) de la conscience réfléchie, dans laquelle le sujet se ressaisit lui-même comme conscience. Ces deux formes de conscience sont deux moments différents et le passage entre les deux est appelé "prendre conscience". Mais l’inconscient par définition est ce qui échappe à la conscience. Comment peut-il dès lors devenir l’objet de réflexion de la conscience ? De plus prendre conscience de son inconscient, c’est faire disparaître l’inconscient, cela est-il possible ?