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Peut-on tolérer toutes les opinions ?

Publié le 31/01/2005

Extrait du document

« Nous aurons suffisamment rempli notre tâche si nous donnons les éclaircissements que comporte la nature du sujet que nous traitons C'est qu'en effet on ne doit pas chercher la même rigueur dans toutes les discussions indifféremment, pas plus qu'on ne l'exige dans les productions de l'art. Les choses belles et les choses justes qui sont l'objet de la Politique, donnent lieu à de telles divergences et à de telles incertitudes qu'on a pu croire qu'elles existaient seulement par convention et non par nature. Une pareille incertitude se présente aussi dans le cas des biens de la vie, en raison des dommages qui en découlent souvent : on a vu, en effet, des gens périr par leur richesse, et d'autres périr par leur courage. On doit donc se contenter, en traitant de pareils sujets et partant de pareils principes, de montrer la vérité d'une façon grossière et approchée et quand on parle de choses simplement constantes et qu'on part de principes également constants, on ne peut aboutir qu'à des conclusions de même caractère. C'est dans le même esprit, dès lors, que devront être accueillies les diverses vues que nous émettons car il est d'un homme cultivé de ne chercher la rigueur pour chaque genre de choses que dans la mesure où la nature du sujet l'admet : il est évidemment à peu près aussi déraisonnable d'accepter d'un mathématicien des raisonnements probables que d'exiger d'un rhéteur des démonstrations proprement dites. »   En montrant que l'opinion est adaptée aux domaines où il n'y a pas de vérité nécessaire, on complique la question du critère possible pour ne pas tolérer certaines opinions.   Prenons l'exemple de la politique, auquel Aristote pense lorsqu'il distingue les démonstrations scientifiques des opinions qui nous orientent dans le domaine de la « contingence » (là où ne règnent pas les vérités nécessaires, là où tout est changeant, où ce qui est, qui existe, pourrait tout aussi bien ne pas être, ne pas exister). Est-ce que toutes opinions politiques se valent ? Si on prend pour exemple les pays démocratiques, tous font une place potentielle à des opinions politiques qui pourtant moralement suspectes. Le respect de la liberté d'expression engage d'une certaine manière la « tolérance » des idées de chacun, et même la possibilité  qu'elles s'appliquent si elles venaient à être adoptées par la majorité.

La tolérance est une marge de liberté accordée aux individus ou aux institutions, une liberté d’agir (comportement, déclaration, décider de ses propres règles de fonctionnement…) ; le droit assigne des limites à ces libertés toutes négatives puisque précisément limitées par la loi. La tolérance serait donc comme l’envers de la rigueur du droit. Certes non on ne peut tout tolérer, sauf à revenir à un état de nature où règnerait la loi du plus fort mais peut-on tolérer des actes de toute nature dans une certaine mesure, c'est-à-dire avant que tel acte ne soit jugé comme franchissant le seuil de l’illégalité ?

« KANT, Logique , Introduction, IX. « La vérité est une propriété objective de la connaissance ; le jugement par lequel quelque chose est représenté comme vrai – le rapport à un entendement et par conséquent à un sujet particulier – est subjectif , c'est l'assentiment. Pris dans sa généralité, l'assentiment comporte deux espèces : cellede la certitude et celle de l'incertitude .

L'assentiment certain ou la certitude est lié à la conscience de la nécessité ; l'assentiment incertain au contraireou l'incertitude est lié à la conscience de la contingence ou de la possibilité du contraire – Cette dernière sorte d'assentiment à son tour est soitinsuffisante aussi bien subjectivement qu'objectivement , soit objectivement insuffisante , mais subjectivement suffisante .

La première se nomme opinion , il faut appeler la seconde croyance . On voit qu'il y a trois espèces de modes d'assentiment : l'opinion, lacroyance et le savoir.

L'opinion est un jugement problématique , la croyance un jugement assertorique et le savoir un jugement apodictique.

Car ce qui est pour moi simplement objet d'opinion, j'ai conscience dans mon jugement de leconsidérer comme problématique seulement ; ce que je crois, commeassertorique , c'est-à-dire comme nécessaire non objectivement, mais subjectivement (valant seulement pour moi) ; enfin ce que je sais, comme apodictiquement certain , c'est-à-dire comme universellement et objectivement nécessaire (valant pour tous). [...] Ainsi par exemple notre assentiment à l'immortalité serait simplement problématique en tant que nous agissons comme si nous étions immortels ; mais il serait assertorique, dans la mesure où nous croyons que nous sommes immortels ; enfin il serait apodictique dans la mesure où nous saurions tous qu'il y a une autre vie après celle-ci.

» L'opinion, par définition, n'entraîne donc pas l'adhésion.

Elle est « insuffisante aussi bien subjectivementqu'objectivement ».

La conscience même de celui qui prononce une opinion sait qu'elle juge sans s'appuyer sur unsavoir certain. Il y a ainsi des domaines où l'opinion est insuffisante : on ne saurait tolérer toutes les opinions là où on ne tolèrepas l'insuffisance de l'opinion elle-même, quelle qu'elle soit. A partir de là, on peut en conclure qu'en science, on ne peut pas tolérer toutes les opinions.

L'opinion ne peutrivaliser avec la connaissance objective, par définition.

C'est ainsi à juste titre qu'on ne tolère pas toutes lesopinions dans les domaines où la science se prononce. On pourrait ici parler de la situation aux Etats-Unis où, dans certains états, on remet en question la théorie del'évolution de Darwin.

Pourrait-on faire de même avec la physique, et avoir comme opinion l'idée que la Terre netourne pas autour du soleil ? Est-ce la biologie qui n'impose pas ses vérités au même titre que la physique ? Ce n'est évidemment pas la questionà trancher ici.

Mais de toute façon peut importe, car quoi qu'il en soit, le fait est que « la science » (les revuesscientifiques) ne tolère absolument pas l'opinion de l'enseignement conservateur des établissements concernés parle refus du Darwinisme. Mais elle peut le faire parce qu'elle se prononce au nom de l'objectivité d'un savoir, d'une connaissance qui démontrequ'elles tournent autour du soleil. b) le critère moral c'est ensuite évidemment un critère moral qui nous conduirait à ne pas pouvoir tolérer toutes les opinons.

Certainessont spontanément insupportables, et il peut être tentant de les considérer comme « intolérables ». On peut s'appuyer sur l'idée d'un sens moral à la base d'une condamnation spontanée de ce qui nuit potentiellementaux autres hommes – ainsi l'opinion raciste, par exemple. Pour Rousseau, un sentiment naturel de pitié est à l'origine de notre sens moral : je me sens obligé de prendre soind'autrui.. »

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