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Platon: Ménon et la vertu

Publié le 27/02/2008

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platon
Ménon (à Socrate qui lui demande : « Qu'est-ce que la vertu? »). - Mais, Socrate, il n'y a pas de difficulté pour moi à parler. En premier lieu, si c'est la vertu de l'homme que tu souhaites, il est aisé de dire que ceci constitue la vertu d'un homme : être ce qu'il faut être pour gérer les affaires de l'État, et, dans cette gestion, faire le bien de ses amis et le mal de ses ennemis, en se gardant soi-même d'avoir, en rien, pareil mal à subir. Souhaites-tu la vertu d'une femme ? Il n'est pas difficile d'expliquer que cette dernière a le devoir de bien administrer la maison, en veillant à l'entretien de ce que renferme la maison, en étant docile aux instructions de son mari. De plus autre est la vertu de l'enfant selon que c'est un garçon ou une fille, autre celle d'un homme plus âgé, d'un homme libre, d'un esclave. Comme il existe une prodigieuse quantité d'autres vertus, on n'est pas embarrassé, au sujet de la vertu pour dire en quoi elle consiste. (...). Socrate. Ah ! Quelle bonne fortune extraordinaire c'est pour moi, semble-t-il, si étant en quête d'une unique vertu, j'ai trouvé, placé sous ta main, un essaim de vertus. Et pourtant, Ménon, si je t'interrogeais, pour garder l'image de l'essaim, sur ce que peut bien être la nature d'une abeille et que tu m'eusses dit que des abeilles, il y en a de beaucoup de sortes, que me répondrais-tu si je te demandais : « Prétends-tu que ce soit du fait même d'être des abeilles qu'elles sont de beaucoup de sortes et différentes les unes des autres ? Ou bien que, par ce fait même, elles ne diffèrent ement, mais par quelque autre caractère, ainsi par leur beauté ou par leur grosseur, ou par quelque autre caractère du même genre? » Dis-moi, que répondrais-tu interrogé de la sorte? Mén. - Ce que je répondrais, moi? c'est qu'elles ne diffèrent en rien l'une de l'autre, en tant qu'elles sont des abeilles ! Socr. Mais si, après cela, je te disais : « C'est donc, Ménon, de cette seule chose que je te demande de parler : ce en quoi elles ne diffèrent ement, mais sont, toutes, sans exception, la même chose, qu'est-ce que c'est d'après toi? » sans doute serais-tu à même de me faire une réponse. Mén. - Oui, ma foi ! Socr. - C'est précisément ainsi qu'il en est également au sujet des vertus ! Quand bien même elles seraient de beaucoup de sortes, toutes sans exception possèdent du moins un certain caractère identique, qui est unique, par lequel elles sont des vertus et vers lequel aura tourné son regard celui qui, en réponse à la question qu'on lui a posée, est, je pense, convenablement en état de faire voir quelle peut bien être la réalité de la vertu. Platon
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« mêmes qualités : de même que les abeilles ont en commun des caractères constitutifs identiques par leur espècecommune, de même les actes moralement bons doivent avoir une structure essentielle, objectivement identique :ainsi, l'idée que nous avons à l'esprit n'est que la formulation d'une communauté de nature que nous n'avons pasinventée — et qui existerait même si nous l'ignorions. La recherche philosophique peut ainsi être pensée comme une réelle « conversion » : il s'agit de sortir de sesimpressions premières, des fausses évidences offertes par la profusion des exemples pour « tourner son regard »vers la réalité.

Ainsi, retrouve-t-on ici l'itinéraire célèbre que Socrate présente dans l'allégorie de la caverne (Platon,La République, livre VII) : le prisonnier qui, au fond de la caverne, ne voit que des ombres, est comparable à Ménon,au début de cette page : les choses vont de soi, la question philosophique n'a pas lieu de se poser...

en réalité, ledésir de connaître la vérité n'a pas pu naître faute d'avoir pris conscience de l'ignorance.

L'ironie de Socrate joue lerôle de la contrainte que l'on exerce sur le prisonnier pour le libérer « malgré lui » : Ménon, comme le prisonnier, estamené à faire l'effort de dépasser son habitude intellectuelle.

Il va être ainsi conduit à découvrir une vérité au-delàdes impressions sensibles. La philosophie suppose ainsi un changement de point de vue : les exemples concrets ne donnent pas lieu, par eux-mêmes, à de véritables connaissances ; il faut savoir discerner par la parole (dialexis) l'idée qui en fait l'unité.

Laphilosophie est ainsi essentiellement dialectique. PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C.Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève del'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialementpour la musique et les mathématiques.

Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399,date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages enÉgypte et en Italie du Sud.

Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.

Letyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.

Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.

Rentré àAthènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.

Ilse rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.

Il mourut octogénaire, à Athènes,désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie.

Toutes les oeuvres de Platon sont desdialogues.

Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.

— C'est sous l'influencede Socrate que Platon conçut son système philosophique, premier système spiritualiste complet, qui fait duphilosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.

Pour les Pythagoriciens, la raison deschoses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de lanature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.

Platon fut le premier à poser un principe intelligent commeraison des choses.

— La méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.

Platon remonte à l'idée.

Ilprocède par élimination des dissemblances, et ne considère que les ressemblances, dont l'origine est commune.

Lesressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inconditionnée.

La dialectique opère de même pour les autres notions.

Platon dégage, par ce moyen,l'Idée de la beauté.

Le point le plus important de la philosophie platonicienne est précisément la théorie des Idées.Les phénomènes, « ombres passagères », ne renferment pas la vérité.

Il faut dégager l'intuition de la beauté de lajouissance des belles choses.

Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sontfaits.

Les Idées, ainsi dégagées, forment une hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.

Celle-ci estle soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes choses.

L'Idée de Bien est le principe de l'être et del'intelligence ; elle est assimilée par Platon à Dieu même.

— L'homme connaît les Idées en vertu de la théoriepythagoricienne de la « réminiscence».

Savoir quelque chose, c'est se re-souvenir de ce que l'on a contemplé dansune vie antérieure.

L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dontnous nous souvenons, et qui nous trouble.

— Avant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montéesur un char d'où elle contemple le monde des Idées.

Lors de la naissance, elle tombe dans le corps, où elle estemprisonnée.

Elle s'y divise et s'y répartit, dans la tête, dans la poitrine, dans le ventre.

Après la mort, l'âme injusteest châtiée.

L'âme juste, sur les ailes de l'amour, remontera jusqu'au principe de son bien.

La morale platonicienneconsiste à ressembler à Dieu.

Il vaut donc mieux subir l'injustice que la commettre, et, si on l'a commise, il vautmieux expier que ne pas expier.

— Platon a abordé le problème politique.

Il s'élève contre la position inférieure de lafemme grecque.

Dans la république qu'il conçoit, la cité est un ensemble humain, où est instituée la communautédes femmes et des enfants ; chaque génération d'adultes considère comme les siens propres les enfants de lagénération immédiatement postérieure.

Les arts sont soumis au soldat, qui représente le courage.

Les poètes sontexclus de la cité.

Le gouvernement appartient aux meilleurs, qui reçoivent une éducation musicale et sportive, sont. »

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