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Politique, IV, 4, 1290b 25-39. Aristote. Commentaire

Publié le 24/03/2015

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aristote

« Eh bien ! c'est comme si nous avions choisi de considérer les espèces animales, nous distinguerions d'abord ce que tout animal possède nécessairement (par exemple, certains organes sensoriels, par exemple ce qui digère et reçoit de la nourriture, en l'occurrence la bouche et l'estomac, et encore les divers appareils locomoteurs et leurs parties) ; n'existât-il que ces organes, ils présenteraient des différences (je veux dire qu'il y a une pluralité de genres de bouches, d'estomacs et d'organes sensoriels, comme il y a aussi des genres de parties motrices) ; en raison du nombre de combinaisons obtenues par l'assemblage de ces genres différenciés d'organes, nous obtiendrons nécessairement une pluralité de genres1 animaux (des animaux identiques ne peuvent avoir en effet des bouches ou des oreilles de différentes sortes) ; la considération de toutes les façons dont s'unissent les genres différenciés d'organes fera apparaître les espèces animales, leur nombre correspondant au nombre de combinaisons obtenues par l'assemblage des parties nécessaires. Il en va de même dans le cas des régimes dont nous avons traité «.

Politique, IV, 4, 1290b 25-39.

aristote

« Textes commentés 55 Cette page est intéressante à plus d'un titre.

Elle montre que la pensée politique d'Aristote s'articule au reste de sa philosophie.

Sa logique et son ontologie, partiellement inspirées de Platon, mettent en place les concepts d'« individus », réunis par certaines similitudes dans des « espèces », qui présentent entre elles des « différences » au sein d'un même «genre» (cf.

Topiques, 1, 7 ; au-delà, il y a les «catégories» (substance, qualité, quantité ...

), puis ce qu'on appellera plus tard des «transcendantaux» (l'être, l'un), avec entre eux des « analogies » ).

Le texte compare en outre politique et zoologie.

L'œuvre d'Aristote, grand nom de l'histoire de la zoologie, contient notamment des éléments de classification (cf.

Parties des animaux, 1, 2-4), plus ou moins rigoureux.

Cette page tranche doublement vis-à-vis du corpus zoologique.

D'une part, elle présente une combinatoire a priori.

En partant des sortes d'organes «nécessaires» (pour percevoir, digérer.

..

) et de leurs différences (telles sortes de bouche, d'estomac ...

), il s'agit de construire toutes les combinaisons possibles, donc toutes les espèces animales ; il ne s'agit donc pas d'ordonner un donné fourni par l'expérience, alors qu'Aristote passe souvent pour un empiriste.

D'autre part, cette page a l'originalité de considérer l'animal comme formé par composition de parties, alors qu'en général Aristote professe, comme en Politique 1, 2, l'antériorité du tout sur ses parties (cf.

Parties des animaux, 1, l, 640a 10- 641a 14).

S'agissant de politique, on voit Aristote mettre beaucoup d'exigence scientifique dans un domaine où il présente souvent la connaissance comme incertaine.

Surtout, il entreprend de classer dans un esprit distinct de celui de III, où il partait de la tête (le nombre de dirigeants).

Ici, il part du corps social, dans une approche plus socio-économique : les cités comprennent, en nombre variable, laboureurs, artisans, commerçants, ouvriers, soldats ...

Sur le modèle de la combinatoire zoologique, il conviendrait d'en inférer les différentes espèces comprises dans les types déjà distingués.

IV, 4 débute en indiquant des espèces de la démocratie.

Le lecteur s'apercevra très vite que le lien est moins strict entre structure socio-économique et institutions politiques qu'entre les parties des animaux et l'organisme qu'elles forment, même si Aristote écrit du régime, en IV, 11, qu'il est en quelque sorte la« vie» de la cité.. »

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