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Pour connaître, suffit-il de bien observer ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

La connaissance ne repose donc pas sur l'observation des faits mais sur leur insertion dans un processus théorique préalable. "Si toute connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience." Notre connaissance expérimentale est un composé : sa matière provient de ce que nous recevons par nos impressions sensibles, mais sa forme procède de notre propre pouvoir de connaître. La connaissance scientifique ne pourrait progresser d'un seul pas si nos observations se faisaient au hasard, sans aucun plan préétabli : elles ne seraient pas liées à des lois nécessaires. Ni l'observation, ni l'expérimentation ne se font au hasard. Ce sont des questions précises que la raison pose à la nature en la forçant à répondre. Galilée faisait rouler des billes sur un plan incliné suivant un certain degré qu'il avait décidé. Torricelli, dans ses essais sur la pression atmosphérique, comparait des pressions atmosphériques et liquides, en en connaissant au préalable le poids. Dans toutes les recherches scientifiques, la raison se présente à la nature tenant d'une main ses propres principes, qui, s'ils sont vérifiés par l'expérience, peuvent donner aux phénomènes concordants l'autorité de lois, et de l'autre, cette expérimentation qu'elle construit afin de s'en instruire. La raison cherche dans la nature, conformément à ce qu'elle y transporte elle-même, ce qu'elle peut en apprendre, et sans quoi elle ne pourrait rien apprendre d'elle-même.

« est la source de toutes nos connaissances.

Toutes nos idées ne sont jamais, comme dit Hume, que des « copies denos impressions sensibles ».

Non seulement l'expérience est la source de nos idées mais encore elle expliquel'association de ces idées entre elles, cad le fonctionnement de notre esprit.

Qu'il s'agisse d'association parressemblance (deux idées s'appellent l'une l'autre quand leurs objets ont été donnés de nombreuses fois soit l'un àcôté de l'autre, soit l'un après l'autre).

C'est toujours dans des expériences antérieures et répétées que se trouve laraison de ces associations. 2 - Bien peu de connaissances relèvent de l'observation La connaissance scientifique ne se réduit pas à l'observation et la description des phénomènes qu'elle étudie.

On l'adit : en matière de science, les faits ne sont pas tant donnés que construits. Le savant n'est pas un observateur passif.

L'expérience scientifique est le résultat d'une élaboration théorique.

Lascience doit objectiver les faits qu'elle étudie. Ainsi connaître les lois du mouvement ne relève pas de l'observation, même attentive, des corps en mouvement.Cette connaissance suppose bien plutôt une certaine conception de la nature qui rend possible sa mathématisation.C'est Galilée qui dira: " La nature est écrite en langage mathématique. " Galilée est un savant du XVI ième siècle, connu comme le véritable fondateur de la physique moderne, etl'homme auquel l'Inquisition intenta un procès pour avoir soutenu que la Terre tournait sur elle-même etautour du soleil.Dans un ouvrage polémique, « L'essayeur », écrit en 1623, on lit cette phrase : « La philosophie [ici synonyme de science] est écrite dans ce très vaste livre qui constamment se tientouvert devant nos yeux –je veux dire l'univers- mais on ne peut le comprendre si d'abord on n'apprendpas à comprendre la langue et à connaître les caractères dans lesquels il est écrit.

Or il est écrit enlangage mathématique et ses caractères sont les triangles, les cercles, et autres figures géométriques,sans lesquels il est absolument impossible d'en comprendre un mot, sans lesquels on erre vraiment dansun labyrinthe obscur .

» Dans notre citation, la nature est comparée à un livre, que la science a pour but de déchiffrer.

Maisl'alphabet qui permettrait de lire cet ouvrage, d'arracher à l'univers ses secrets, ce sont lesmathématiques.

Faire de la physique, saisir les lois de la nature, c'est d'abord calculer, faire desmathématiques.

Galilée est le premier à pratiquer la physique telle que nous la connaissons: celle où leslois de la nature sont écrites sous forme d'équations mathématiques, et où les paramètres se mesurent.Pour un homme du vingtième siècle cette imbrication de la physique et des mathématiques va de soi,comme il semble évident que nous devons mesurer et calculer les phénomènes observés.

Pourtant, c'estune véritable révolution qui se manifeste dans ces lignes : elles signent la fin d'une tradition d'au moinsvingt et un siècle.

La tradition inaugurée par Aristote, et que Saint Thomas a christianisé au treizièmesiècle.

Pour comprendre la portée de cette révolution qui manifeste et renforce une véritable crise decivilisation, il faut d'abord exposer la vision du monde et des sciences qui prédominait jusqu'à Galilée.Koyré a magnifiquement résumé le changement du monde qui s'opère entre le XVI ième et le XVII ième :on passe du « monde clos à l'univers infini ».Pour les anciens, le monde était fini, comparable à une sphère, dont le centre était la Terre, immobile aucentre du monde, et la circonférence les étoiles fixes.

L'espace est non seulement fini, clos, achevé, maisparfaitement ordonné.De plus, les anciens séparaient ce monde en deux zones : le supralunaire (au-dessus de la Lune), et lesublunaire (au-dessous de la Lune).

Ils croyaient que le monde supralunaire était parfait, immuable, caron observe à l'oeil nu que le cours des astres est régulier, et toujours identique, et l'un ne peut voir aucunaccident, aucun changement à la surface des étoiles.

Par contre, sur Terre, tout change, tout se modifieconstamment : les choses apparaissent, se transforment et meurent.

Tout est dans un perpétuelchangement.

Notre monde était considéré comme celui de la génération et de la corruption, par oppositionà celui des astres.C'est ainsi qu'on en arrivait à penser une hiérarchie et une imitation d'un monde à un autre.

Notre mondeimparfait et changeant tentait d'imiter le caractère incorruptible et parfait du monde des étoiles.

Parexemple, si l'individu doit mourir, en se reproduisant il perpétue l'espèce.

L'individu meurt mais l'espèceest immortelle.

Se reproduire revient à tenter d'imiter, autant qu'il se possible, l'immortalité du mondesupralunaire.On a donc un monde orienté de façon absolue.

Non seulement la Terre est le centre du monde, maischaque chose a sa place naturelle, chaque élément son lieu naturel.

Ainsi la pierre est attirée par la terre,et y retombera toujours si on la lance, ainsi le feu « monte » vers son lieu naturel, l'éther.

Cette vision dumode est celle d'un cosmos, clos, achevé, hiérarchisé.

Chaque chose, dont l'homme, y a sa place et safonction.. »

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