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Suffit-il de s'observer directement soi-même pour se connaître ?

Publié le 27/02/2005

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On conçoit, relativement aux phénomènes moraux, que l'homme puisse s'observer lui-même sous le rapport des passions qui l'animent, par cette raison anatomique, que les organes qui en sont le siège sont distincts de ceux destinés aux fonctions observatrices. Encore même que chacun ait eu occasion de faire sur lui de telles remarques, elles ne sauraient évidemment avoir jamais une grande importance scientifique, et le meilleur moyen de connaître les passions sera-t-il toujours de les observer en dehors ; car tout état de passion très prononcé, c'est-à-dire précisément celui qu'il serait le plus essentiel d'examiner, est nécessairement incompatible avec l'état d'observation. Mais, quant à observer de la même manière les phénomènes intellectuels pendant qu'ils s'exécutent, il y a impossibilité manifeste. L'individu pensant ne saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner. L'organe observé et l'organe observateur étant, dans ce cas, identiques, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? »   Jean-Paul SARTRE J'ai honte de ce que je suis. La honte réalise donc une relation intime de moi avec moi : j'ai découvert par la honte un aspect de mon être. Et pourtant, bien que certaines formes complexes et dérivées de la honte puissent apparaître sur le plan réflexif, la honte n'est pas originellement un phénomène de réflexion. En effet, quels que soient les résultats que l'on puisse obtenir dans la solitude par la pratique religieuse de la honte, la honte dans sa structure première est honte devant quelqu'un. Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le juge ni ne le blâme, je le vis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi.

Le « connais toi toi-même « de Socrate a eu un retentissement philosophique encore percutant à ce jour. L'homme conscience de lui même et substance pensante cartésienne reconnaissant son existence doit s'interroger de manière réfléchie. Je sais que j'existe grâce au cogito, mais cette chose qui pense qu'en est elle exactement? Lorsque je dis « je « qu'est ce que je désigne exactement? Le sujet qui se reconnaît est le seul à pouvoir accéder à sa conscience, dire « je « implique d'engager avec certitude sa personne en tant que sujet conscient de ses actes et capable d'en répondre. L'individu en tant que conscience est donc capable d'exprimer ce qui se passe dans sa vie intérieure, je sais ce que je ressens, je sais ce que je pense, je peux en témoigner.

         Cependant le risque est grand de confondre conscience de soi et connaissance de soi. Il faut donc distinguer ces deux expressions. La conscience de « soi est un lien immédiat de la pensée de l'homme à l'existence de son existence, ce qui ne dépasse pas le cogito, je me reconnais en tant que conscience, substance pensante. La connaissance de soi demande un recul, nous devons donc nous observer pour nous connaître et pour nous observer nous devons nous dédoubler. Or la conscience est une et unique on ne peut se détacher de sa conscience car pour se réfléchir, paradoxalement nous devons utiliser notre conscience. Devant cette impasse, l'homme ne peut prendre de recul pour s'analyser s'interroger et donc se connaître. De là, nous arrivons à la nécessité de la reconnaissance d'autrui comme un semblable. C'est en observant l'autre comme un autre soi même que je peux me connaître, je peux prendre du recul et objectiver ce sujet qui est une autre conscience afin de le connaître. J'ai donc besoin de m'extérioriser pour me connaître. Cependant il ne faut pas s'arrêter à la contemplation d'autrui pour se contrôle. Il faut faire un travail critique de comparaison. De là le connais-toi toi-même devient un travail d'introspection, je dois me juger pour me connaître mais ce n'est qu'en comparaison avec autrui que je puis le faire car comment savoir ce que je suis si je ne puis d'abord le distinguer chez l'autre. De plus je suis le seul juge capable de dire ce que je suis car ma conscience est inaccessible à un autre que moi même. La recherche est donc double, c'est  dans un travail de reconnaissance de l'autre comme un autre soi même que je pourrais accéder à une connaissance réfléchie. L'observation de soi est donc indirecte, je connais d'abord l'autre avant de me connaître moi même.

 

« J'ai honte de ce que je suis.

La honte réalise donc une relation intime de moi avec moi : j'ai découvert par la honteun aspect de mon être.

Et pourtant, bien que certaines formes complexes et dérivées de la honte puissentapparaître sur le plan réflexif, la honte n'est pas originellement un phénomène de réflexion.

En effet, quels que soientles résultats que l'on puisse obtenir dans la solitude par la pratique religieuse de la honte, la honte dans sa structurepremière est honte devant quelqu'un.

Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne lejuge ni ne le blâme, je le vis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi.

Mais voici tout à coup que je lève latête : quelqu'un était là et m'a vu.

Je réalise tout à coup la vulgarité de mon geste et j'ai honte.

Il est certain quema honte n'est pas réflexive, car la présence d'autrui à ma conscience, fût-ce à la manière d'un catalyseur, estincompatible avec l'attitude réflexive : dans le champ de ma réflexion, je ne puis jamais rencontrer que laconscience qui est mienne.

Or autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même : j'ai honte de moi telque j'apparais à autrui.

Et, par l'apparition même d'autrui, je suis mis en mesure de porter un jugement sur moi-mêmecomme sur un objet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

Mais pourtant cet objet apparu à autrui, cen'est pas une vaine image dans l'esprit d'un autre.

Cette image en effet serait entièrement imputable à autrui et nesaurait me « toucher ».

Je pourrais ressentir de l'agacement, de la colère en face d'elle, comme devant un mauvaisportrait de moi, qui me prête une laideur ou une bassesse d'expression que je n'ai pas ; mais je ne saurais êtreatteint jusqu'aux moelles : la honte est, par nature, reconnaissance.

Je reconnais que je suis comme autrui me voit. Platon Critias :J'aurais presque envie de dire que se connaître soi-même, c'est cela la sagesse, et je suis d'accord avecl'inscription de Delphes.

Voilà en quels termes, différents de ceux des hommes, le dieu s'adresse à ceux qui entrentdans son temple, si je comprends bien l'intention de l'auteur de l'inscription.

A chaque visiteur, il ne dit rien d'autre,en vérité, que : « Sois sage! » Certes, il s'exprime en termes quelque peu énigmatiques, en sa qualité de devin.Donc, selon l'inscription et selon moi, « connais-toi toi-même » et « sois sage », c'est la même chose! Socrate :Dis-moi donc ce que tu penses de la sagesse.

Critias :Je pense que, seule entre toutes les sciences, la sagesse estla science d'elle-même et des autres sciences.

Socrate : Donc elle serait aussi la science de l'ignorance, si elle l'estde la science? Critias : Assurément.

Socrate : En ce cas, le sage seul se connaîtra lui-même et sera capable dediscerner ce qu'il sait et ce qu'il ne sait pas.

Et de même pour les autres, il aura le pouvoir d'examiner ce que chacunsait et a conscience à juste titre de savoir, amis aussi ce qu'il croit à tort savoir.

De cela, aucun autre homme n'estcapable.

Finalement, être sage, de même que la connaissance de soi-même, consiste à savoir ce qu'on sait et cequ'on ne sait pas.

Est-ce bien là ta pensée? >>>> S ECONDE CORRECTION Souvent l'acquisition d'une connaissance commence par une observation, ou en nécessite au cours de sa formation.La connaissance des astronomes conjugue l'observation des corps célestes aux calculs complexes de leurstrajectoires, la connaissance géométrique peut nécessiter l'appui de figures, comme le montre le cas de l'esclavedans le Ménon .

Mais qu'en est-il pour la connaissance de soi ? Quelle est la part de l'auto-observation dans la connaissance que j'ai de moi-même ? Il semble douteux que s'observer suffise à me procurer un savoir de moi-même,nous verrons dans quelle mesure cela y participe et quelles sont les limites de l'auto-observation. I- Le mythe de l'introspection. Si se connaître passe par ou se résume à l'observation de nos étatsde conscience, de notre moi intérieur, encore faut-il pouvoir observer de soi-même notre moi.

Or l'opération est contradictoire, impossible comme Kant lemontre en détail dans les « paralogismes » ( Critique de la raison pure ).

Le sujet ne peut se dédoubler pour s'observer lui-même.

Dans la première moitiédu XXIIIe siècle Comte reprend le mot de scientifiques à propos del'introspection, dans une leçon du Cours de philosophie positive : les psychologues recommandent au sujet de cesser toute activité, de ne pluspenser à rien, et alors d'observer ce qui se passe en soi.

Évidemment lesscientifiques ont beau jeu de répartir qu'en de telles conditions il ne se passeplus rien dans notre tête. L'auto-observation du moi pour réussir peut alors prendre deuxvoies : soit l'analyse psychanalytique, mais il ne s'agit plus à proprement des'observer, si ce n'est par la médiation d'un tiers.

Soit peut-être l'analyse deses propres rêves, encore faut-il croire que ceux-ci révèlent quelque chosede nous même, les transcrire fidèlement et savoir les analyser.

Autrement ditla tâche paraît vaine, comment pourrions nous nous analyser objectivement,acquérir une connaissance non tronquée de nous-même par ce biais ? S'observer paraît déjà délicat à réaliser même si c'est une observation décalée dans le temps.

Dès lors ilfaut se demander si l'auto-observation peut prendre un autre objet que le moi ou les rêves afin que j'apprenne à meconnaître moi-même.. »

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