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Pour être heureux, faut-il être raisonnable ?

Publié le 27/02/2008

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Pour ce faire, nous envisagerons un traitement successif de deux questions : En quoi le bonheur humain dépend-il de sa capacité à agir en accord avec la raison ? La vertu est-elle une condition suffisante du bonheur ? I. Un bonheur rationnel ? Il est légitime de se demander en quoi le bonheur humain est assujetti à la raison. Pour parvenir à une compréhension de cette dépendance, il est souhaitable de distinguer le bonheur du désir pulsionnel d'une part, et du plaisir du débauché d'autre part. Ces derniers sont en effet l'adage de l'impulsion et donc d'inclinations irréfléchies. Épicure fut souvent, parce qu'il faisait du plaisir le « souverain bien » à rechercher partout et à chaque instant, mal interprété. Le plaisir épicurien n'a en effet rien à voir avec ces dernières acceptions. Il s'agit en fait d'un plaisir négativement compris comme absence de déplaisir (« aponia », signifiant absence de souffrance physique et « ataraxia », absence de troubles moraux).

La philosophie dans son histoire n'eut de cesse de mettre en exergue deux thèmes majeurs venant caractériser la nature humaine : la rationalité d'une part et la volonté de bonheur d'autre part. Dès son acte de naissance dans l'Antiquité grecque, cette première fut même le fondement d'une réflexion sur les rapports et les divergences que peuvent entretenir ces deux notions.

Souvenons-nous que la raison (« logos «) était, chez certains penseurs de l'Antiquité (les stoïciens, les épicuriens, les sceptiques...) la condition en vue d'un état autre que le bonheur positivement compris. La finalité d'une conduite réfléchie donc moralement raisonnable, était, chez certains penseurs Grecs de l'Antiquité, soit le plaisir (chez les épicuriens et les hédonistes), soit l'absence de troubles (« ataraxia «). Les Grecs définissaient communément, en outre, un autre type de bonheur (« eutukès «) : celui obtenu, aléatoirement, par chance.

La philosophie contemporaine a, quant à elle, conservé une double définition de la raison humaine : elle est la marque d'une capacité de connaître selon la qualité d'une réflexion et d'un jugement éclairés mais également, en un sens pratique, cette faculté d'agir sagement, moralement. Notre époque propose plus communément une conception matérialiste de la notion de satisfaction : le bonheur serait alors plutôt compris comme bien-être matériel, confort.

La question constamment réitérée, philosophiquement, du fondement de la vie heureuse (des Grecs de l'Antiquité jusqu'à nos jours) est le centre d'une problématique apparemment infinie : la faculté humaine de réflexion et d'action morale est-elle, en effet, la condition préalable d'un bonheur futur ?

Répondre à cette question nécessite donc de réinvestir le champ historique de la pensée philosophique jusqu'à nos jours.

Pour ce faire, nous envisagerons un traitement successif de deux questions :

  • En quoi le bonheur humain dépend-il de sa capacité à agir en accord avec la raison ?

  • La vertu est-elle une condition suffisante du bonheur ?

« convient le mieux en fonction de chaque situation (la « prudence », « phronésis ») tout en gardant en vue le plus haut bien de l'homme.

L'homme est défini par Aristote comme « animal politique » (il possède la raison) et ne seradonc heureux que dans une « communauté politique ».

C'est en ce sens qu'on peut dire que, chez Aristote, lebonheur dépend absolument de la capacité raisonnable de l'homme.

Le bonheur consistera ultimement, chez lepenseur Grec, en la « contemplation théorétique du divin ».

Le bonheur rationnel sera donc contemplatif et non pasmatériel. Demandons-nous cependant si cette vision d'un bonheur éthico-politique est le reflet d'une réalité humaine effective? II.

Le bonheur par la vertu ? Reconnaissons qu'il est bien peu vraisemblable d'envisager un tel bonheur comme effectif pour tous les hommes.

Cesont bien plutôt des signes de malheur et de souffrance qui sont le plus couramment visibles dans nos sociétés.

Est-ce à dire que le bonheur est illusoire ou alors que la vertu est mal-aisée à exercer ? Kant, dans sa réponse à sa troisième question fondamentale (« Que m'est-ilpermis d'espérer ? ») – qui est l'objet de sa Critique de la faculté de juger – traite de ce problème particulier.

Il reconnaît d'une part que jamais, sansdoute, nous ne trouverons chez un individu un exemple parfait de vie droiteet vertueuse, tant l'homme est fait « d'un bois courbe ».

Plus, la raisonhumaine (dont il a tracé les limites dans sa Critique de la raison pure ), a la tendance naturellement maladive de spéculer sur les choses qui ne sont pas àsa mesure.

La raison théorique est donc disqualifiée, par Kant, à nous éclairersur la nature d'un bonheur possible.

La seule voie possible vers le bonheurest, certes, la voie de l'action moralement bonne, nous dit l'Allemand.

La« raison pratique » (Cf.

Critique de la raison pratique ) sera donc la condition nécessaire du bonheur.

Mais alors, comment détermine-t-il la capacité à êtreraisonnable ? Agir moralement, nous dit-il, n'est pas lié à quelqueenseignement de la vertu comme le considérait nombre de penseurs Grecs.C'est la « volonté bonne » qui présidera aux choix moraux ou immoraux quetout individu est amené à faire dans la vie (Cf.

Fondements de la métaphysique des moeurs ).

L'homme ne peut agir bien que parce qu'il possède, de manière a priori , cette « volonté bonne » qui l'incite à agir, par devoir moral, « inconditionnellement ».

L'individu doit, selon Kant, agir en« conformité au devoir », en se plaçant librement sous la loi d'un « impératifcatégorique » : le « Tu dois ! » sans conditions (qui gâcheraient la valeur del'action morale). Mais cette action moralement pure (inconditionnée) et bonne n'a pas le pouvoir de nous rendre automatiquementheureux, pense Kant.

Elle est simplement une condition nécessaire pour nous rendre dignes du bonheur.

En faitcelui-ci n'envisage pas la possibilité d'un bonheur réel, terrestre.

La contingence, le hasard, l'accident, laméchanceté et la finitude humaine sont autant de facteurs que l'homme ne peut maîtriser.

Le bonheur n'est doncjamais assuré puisque les conditions extérieures du bonheur ne dépendent pas de l'homme.

L'homme, dès lors, nepeut que se rendre digne – moralement – du bonheur.

Le bonheur ne sera envisagé alors que comme bonheurmétaphysique, dans le « règne des fins », félicité supra sensible (paradis).

Malgré les limites que Kant alloue à laraison humaine et son projet d'une théorie de la seule connaissance humaine, ce dernier laisse une place àl'espérance et donc à l'espoir métaphysique de bonheur.

Il reconnaît que cet espoir ne peut être éclairé commecertitude objective.

Ce bonheur n'est qu'envisageable, certes, mais la raison humaine ne peut s'en passer au risquede pervertir son action morale ou de confiner au désespoir.

Kant fait donc du bonheur une idée utile mais pas l'objetd'une connaissance possible.

Il montre cependant qu'en observant la nature il est légitime d'en postuler une finalité(téléologie), tant celle-ci semble y conduire. En ce sens Kant incline l'humain à agir raisonnablement dans l'espoir d'un bonheur métaphysique vraisemblable maispas certain.

La « raison pratique » sera donc la condition de ce bonheur hypothétique. Conclusion La philosophie grecque antique ne sépare donc pas la vertu du bonheur, définissant ainsi une vie philosophiqueconduisant méthodiquement et effectivement au bonheur.

Seulement ce bonheur sera, chez la plupart de cespenseurs, défini comme une simple absence de malheur. Kant critiquera cette confusion entre vertu et bonheur mais invitera l'humain à agir en accord avec la loimorale.

Mais le bonheur ne saurait être le but de cette action – devant rester inconditionnée pour êtrevraiment morale – et ne pourra qu'être espéré.

N'oublions pas cependant certains mouvements (cyniques,dandysme, punk...) qui, rejetant le bonheur comme illusoire, affirmerons l'amoralité et l'irrationalité comme. »

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