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Pourquoi ce qui nous déplait dans la vie nous plait-il dans une oeuvre d'art ?

Publié le 17/01/2022

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A propos de cet état d'exaltation, Aristote fait référence explicitement au sens thérapeutique du terme: «certains individus ont une réceptivité particulière pour cette sorte d'émotions [l'enthousiasme], et nous voyons ces gens-là, sous l'effet des chants sacrés, recouvrer leur calme comme sous l'action d'une cure médicale ou d'une purgation. » Est-ce pour lui, une manière de retrouver le lieu commun selon lequel «la musique adoucit les moeurs» ? Il y a sans doute un peu de cela, mais il faut aller plus loin dans l'interprétation. Dans la "Politique", Aristote suggère lui-même que la catharsis concerne également la tragédie, c'est-à-dire la vue, et non pas seulement l'écoute de ce qu'il appelle des chants éthiques, dynamiques ou exaltants. Il n'y a pas à s'en étonner puisque la tragédie, à l'époque, réalise une certaine forme d' «art total» harmonisant le texte, les choeurs et la danse. Mais, en outre, elle consiste à mettre en scène une action, une intrigue où des personnages réels imitent des héros soumis à un destin angoissant ou pathétique. Pensons à Œdipe. Or la musique seule ne figure pas; elle ne représente rien; elle laisse tout loisir à l'auditeur d'imaginer librement selon ses états d'âme, tout comme la lecture d'un récit. En revanche, la tragédie impose un personnage, un masque comportant des traits définis. Elle force en quelque sorte l'identification du spectateur appelé à devenir momentanément un «acteur secret» dans la pièce.

L'énigme provient du fait que c'est un seul et même objet qui provoque dans un cas le plaisir, et dans l'autre le déplaisir. Le problème essentiel est de savoir si l'on peut identifier un objet à sa représentation artistique; dans un tableau représentant la guerre, est-ce le guerre en tant que telle qui nous plaît ? La question se pose d'ailleurs aussi bien pour la représentation des beaux objets: on sait bien que pour réussir une belle photographie, un beau sujet ne suffit pas. Ce qui voudrait dire que l'art n'est pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose.

Si le but de l’art n’était que d’imiter alors la critique formulée par Platon dans la République serait fondée : le peintre et le poète ne sont que des illusionnistes et leur « art « ne sert qu’à tromper en ce qu’ils détournent de la réalité et du savoir. Ainsi on peut être tenter de voir dans l’art une pratique mensongère qui nous éloigne de la réalité. Pour Platon, l’art imprime même le faux et le mensonge dans les âmes.

Mais chacun admettra aujourd’hui qu’imiter n’est pas le but de l’art : ne serait-ce que parce que, lorsqu’il se borne à la reproduction, l’art ne peut rivaliser avec la nature ; il ressemblerait alors à  « un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant «. C’est donc que dans la production artistique se joue autre chose qu’une pâle copie de la réalité. Car « Ces efforts inutiles se réduisent à un jeu présomptueux dont les résultats restent toujours inférieurs à ce que nous offrent la nature «, Hegel. Comment se fait-il alors que nous sommes capables d’apprécier dans une représentation artistique ce qui nous indiffère dans la réalité ?

Plus encore, si donc une production artistique est toujours inférieure à ce que la réalité nous donne, d’où  vient que l’art parvient toujours à nous procurer un plaisir que nous qualifions d’esthétique ?

N’est-ce pas parce que, comme nous le verrons en premier lieu, que l’art  nous éveille à la beauté ? Et qu’ainsi, si la représentation artistique nous éveille à la beauté, c’est que l’art est une spiritualisation du sensible. Plus encore on peut même dire que l’art nous permet de satisfaire des pulsions, qu’il est cathartique et sublimatoire et qu’en cela la contemplation artistique a une fonction purgatoire. C’est donc cela que nous apprécions dans la représentation artistique des objets.

« n'existèrent qu'au jour où l'art les inventa.

Maintenant, il faut l'avouer, nous en avons à l'excès.

Ilssont devenus le pur maniérisme d'une clique, et le réalisme exagéré de leur méthode donne labronchite aux gens stupides.

Là où l'homme cultivé saisit un effet, l'homme d'esprit inculte attrape unrhume. Soyons donc humains et prions l'Art de tourner ailleurs ses admirables yeux.

Il l'a déjà fait, du reste.

Cette blanche et frissonnante lumière que l'on voit maintenant en France, avec ses étrangesgranulations mauves et ses mouvantes ombres violettes, est sa dernière fantaisie et la Nature, ensomme, la produit d'admirable façon.

Là où elle nous donnait des Corot ou des Daubigny, elle nousdonne maintenant des Monet exquis et des Pissarro enchanteurs.

En vérité, il y a des moments, raresil est vrai, mais qu'on peut cependant observer de temps à autre, où la Nature devient absolumentmoderne.

Il ne faut pas évidemment s'y fier toujours.

Le fait est qu'elle se trouve dans unemalheureuse position.

L'Art crée un effet incomparable et unique et puis il passe à autre chose.

LaNature, elle, oubliant que l'imitation peut devenir la forme la plus sincère de l'inculte, se met à répétercet effet jusqu'à ce que nous en devenions absolument las.

Il n'est personne, aujourd'hui, de vraimentcultivé, pour parler de la beauté d'un coucher de soleil.

Les couchers de soleil sont tout à fait passésde mode.

Ils appartiennent au temps où Turner était le dernier mot de l'art.

Les admirer est un signemarquant de provincialisme." O.

Wilde Intentions, le Déclin du mensonge . Commentaire : La nature est notre création.

Wilde soutient d'abord que nous ne sommes pas les créations de la Nature, mais qu'elle est notre propre création.

Ce qui signifie non pas que nous ayons réellement créer la nature - ce seraitabsurde - mais que la nature n'est pour nous rien d'autre que la représentation qu'on s'en fait : n'existe pour nous que ce dont on a une représentation.

En ce sens, on peut dire que les choses n'existent que par nous qui nous lesreprésentons. Regarder et voir .

Entre regarder et voir, il y a cette différence connue que regarder, c'est seulement percevoir sans attention ni intérêt particulier, voir, c'est apercevoir une chose en tant que telle, avec attention.

Ce n'est pasparce qu'une chose est présente à nos sens qu'on la voit, mais parce qu'elle attire notre attention : on peutparfaitement regarder le monde et ne rien y voir.

On peut donc bien dire avec Wilde que les choses ne se mettent à exister pour nous que lorsqu'elles sont vues et non pas seulement regardées.

Or, Wilde soutient que ce qui fait qu'on voit les choses et donc qu'elles se mettent à exister pour nous, c'est leur beauté.

Ne sont vues que les belleschoses.

Ce qui permet du coup de comprendre l'importance des arts : ce sont les œuvres d'art en tant qu'elles fontvoir de belles choses ou les choses de telle sorte qu'elles soient belles qui font que les choses sont vues et semettent à exister pour nous. Les brouillards.

On s'est mis à voir les brouillards non parce qu'ils sont apparus, mais parce que les peintres et les poètes les ont inventés dit Wilde .

Ce qui signifie que les œuvres d'art ne font pas apercevoir une réalité qui préexistait sans qu'on le sache, elles donnent à la réalité des aspects qu'elle n'a pas, mais qui la rendent belle detelle sorte que cela attire notre attention.

Ce qui existe pour nous n'existe bien que pour nous : en elles-mêmes leschoses ne sont pas telles qu'on les voit : il n'y a que pour nous qu'elles sont comme on les voit. Ce n'est pas l'art qui imite la nature, mais la nature qui imite l'art .

La nature finit par ressembler aux œuvres d'art, comme si elle les imitait, s'ingéniait à reproduire leurs effets.

Ce paradoxe signifie que nous finissons par voir laréalité comme les œuvres d'art la représentent, encore que cette représentation soit tout à fait fantaisiste.

Lesœuvres d'art déterminent notre manière de percevoir la réalité au point de la voir comme elles la figurent.

C'estpourquoi, après avoir vu des couchers de soleil comme Turner les peint, on découvre la nature comme lesImpressionnistes la peignent. Cependant , Il y a sinon une ambiguïté dans cette thèse de Wilde , du moins une difficulté : si les œuvres d'art parviennent à nous imposer leur représentation de la réalité, est-ce parce qu'elles sont belles seulement ouest-ce parce qu'elles donnent à voir quelque chose qui existe bel et bien ? Imposent-elles une représentationfantaisiste de la réalité ou font-elles découvrir une nouvelle réalité ? Suffit-il que les œuvres soient belles pour queleurs fantaisies esthétiques s'imposent à nous de telle sorte que l'on finisse par ne voir le réel qu'en fonction d'elleset donc par y voir ce qu'elles y mettent ? Cette thèse de Wilde qui se moque de ceux qui voient encore la réalité comme la représentaient des œuvres qui ont perdu de leur intérêt, qui se moquent des provinciaux, n'est-elle pas celle d'un snobisme d'esthète qui nesupporte l'existence et le monde qu'en tant qu'ils rappellent des œuvres d'art ? Parce qu'il en existe une autre : si l'on finit par voir le réel comme une œuvre d'art, par y trouver ce que les œuvres nous présentent, c'est peut-être tout simplement parce que ce qu'elles montrent s'y trouve en effet, maissans que nous l'ayons vu auparavant. C'est donc que l'art n'est pas la représentation d'une belle chose, mais la belle représentation d'une chose, telle estla thèse de Kant.

C'est donc que tout jugement esthétique dépasse la fonction de l'objet.

La fin utilitaire de cetobjet pour ne considérer que la représentation l'idée esthétique qu'il exprime.

C'est pour cela que le beau se. »

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