Devoir de Philosophie

pourquoi condamner les actes des autres ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Être citoyen nous engage ainsi à être partie prenante dans la vie de la cité, à participer au destin collectif pour ne pas devenir un plaintif qui participe par son inaction au mouvement qui le contrarie. D'où la naissance en philosophie politique d'un devoir de résistance où l'on juge l'action politique sous son aspect législatif, exécutif et, comme le nomme Locke dans son Traité du gouvernement civil, le fédératif qui s'occupe des affaires extérieures. Pour ce dernier, il s'agit de condamner toute personne de la base de l'édifice social jusqu'au poste de haute responsabilité dans une perspective légaliste: on condamne celui qui passe outre le droit positif face auquel tous les citoyens d'une république sont égaux. Il s'agit ainsi de cultiver une vigilance pour se tenir loin du despotisme toujours en germe dans toute forme de gouvernement. Mais l'on peut aussi garder en tête ce qui semble légitime afin d'exercer un jugement critique sur le droit positif d'un pays. Ainsi gardons-nous en tête ce qui nous semble valoir pour tout homme, afin de condamner le sort fait à la liberté d'expression dans certains pays (journalistes enfermés), les sévices pratiqués sur les femmes (excision) ou les hommes (lapidation, tortures...). De toute évidence, nous jugeons les autres parce que nous sommes indirectement responsables de leurs méfaits. Ainsi, face aux populations tenues dans un état de paupérisation, on ne peut se déresponsabiliser: nous faisons partie de la société qui les a exclu, nous devons donc participer à la réparation. Conclusion Nous jugeons les autres parce que nous sommes inquiets, inquiets de ce que nous sommes vraiment au fond, inquiets d'une certaine tournure que le monde risque sinon de prendre.

« Nietzsche ou la morale des esclaves II. Si la société d'hyperconsommation encourage un individualisme de masse , qui nous entraîne à dissimuler derrière une pseudo-tolérance, un égocentrisme,une tendance à ne se préoccuper que de ces propres problèmes, la tendanceinverse qui consiste à condamner les autres peut aussi être une bonnemanière de ne pas affronter ses travers.

En jugeant l'autre, je me dispense de me juger, je ne m'occupe plus de moi et m'évite ainsi d'être remis en question. Mais nous pouvons même aller plus loin, en prétendant avec Nietzsche danssa Généalogie de la morale , que nos jugements de valeurs sont: et conditionner par notre personne et ce qu'elle subit, et une façon de détournerle regard de notre réelle condition.

Entendons par là que le sujet qui juge estpartie prenante dans ce jugement, que ce jugement vient de lui, de ce qu'ilest et de ce qu'il subit déjà lui-même.

En jugeant, il mime l'objectivité maispersonne l'est puisque dans le jugement de toute personne ressortent lesvécus de cette personne.

Ecoutons Nietzsche: « Maintenant, ils me donnent à entendre que non seulement ils sont meilleurs que les puissants, les maîtresdu monde dont ils doivent lécher les crachats (non pas par crainte, oh! Pointdu tout par crainte! Mais parce que Dieu ordonne d'honorer toutes lesautorités ) – , que non seulement ils sont meilleurs, mais encore qu'ils s'en tirent mieux ou du moins qu'ils s'en tireront mieux un jour.

(...) Cette officineoù l'on fabrique les idéaux, il me semble qu'elle pue le mensonge à pleinnez ». Ce que Nietzsche décrit ici, c'est l'inversion des valeurs.

Si par exemple je suis un esclave, ma soumission m'empêche de faire beaucoup de choses.

Je vais alors créer une morale d'esclave, ou j'inverse « pouvoir » et « vouloir ».

Ainsi, « je ne peux pas me rebeller » devient « Je ne veut pas me rebeller ».

Juger l'autre, c'est tenter de se mettre dans une position de supériorité par rapport à lui, pour dissimuler ce que nous, nous sommes vraiment.Bientôt, nous faisons de notre lâcheté une preuve de prudence, et du courage de l'autre, nous jugeons qu'il nousdonne la preuve de sa folie.

Dans tous les cas, il s'agit de condamner l'action des autres pour mieux se mentir à soi-même. « L'amour de la justice n'est en la plupart des hommes que la crainte de souffrir de l'injustice » (La Rochefoucauld) III. Accepter qu'un jugement n'est jamais neutre n'implique pas forcément la nécessité de le refuser.

Quelqu'un peu bienviser juste sur mon compte même si son jugement l'arrange lui en premier lieu.

Réinsérer son jugement dans soncontexte ne le rend pas faux: cela appelle seulement à l'honnête sur ce qui nous motive à juger les autres.

Laphrase citée en titre de La Rochefoucauld nous encourage à cette honnête envers nous-mêmes: ne pas anoblir nosmotifs, c'est aussi nous accepter sous toutes nos facettes (raisonnable, pulsionnelle, émotive...).

Nous pouvonsainsi accepter que sous une volonté de justice se dissimule la crainte d'être saisie violemment par l'injustice. La plupart des phrases des Maximes et réflexions diverses sont ainsi sous la forme: la vertu n'est que ...; la justice n'est que... etc.

Il nous incite à cette réduction de notre jugement, loin de tout idéal d'objectivité et de distance. Juger sans se prétendre plus vertueux, ne pas oublier qui nous sommes.

Cependant, poser son désaccord lorsqu'unesituation n'est pas satisfaisante reste essentielle, en partie d'ailleurs pour ne pas en être une victime passive.

Êtrecitoyen nous engage ainsi à être partie prenante dans la vie de la cité, à participer au destin collectif pour ne pasdevenir un plaintif qui participe par son inaction au mouvement qui le contrarie.

D'où la naissance en philosophiepolitique d'un devoir de résistance où l'on juge l'action politique sous son aspect législatif , exécutif et, comme le nomme Locke dans son Traité du gouvernement civil , le fédératif qui s'occupe des affaires extérieures.

Pour ce dernier, il s'agit de condamner toute personne de la base de l'édifice social jusqu'au poste de haute responsabilitédans une perspective légaliste : on condamne celui qui passe outre le droit positif face auquel tous les citoyens d'une république sont égaux.

Il s'agit ainsi de cultiver une vigilance pour se tenir loin du despotisme toujours engerme dans toute forme de gouvernement. Mais l'on peut aussi garder en tête ce qui semble légitime afin d'exercer un jugement critique sur le droit positif d'unpays.

Ainsi gardons-nous en tête ce qui nous semble valoir pour tout homme, afin de condamner le sort fait à laliberté d'expression dans certains pays (journalistes enfermés), les sévices pratiqués sur les femmes (excision) oules hommes (lapidation, tortures...).

De toute évidence, nous jugeons les autres parce que nous sommesindirectement responsables de leurs méfaits.

Ainsi, face aux populations tenues dans un état de paupérisation, onne peut se déresponsabiliser: nous faisons partie de la société qui les a exclu, nous devons donc participer à laréparation. Conclusion. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles