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Pourquoi écrire l'histoire : conserver ou expliquer le passé ?

Publié le 26/01/2004

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histoire

·         Angles d'analyse  

Il s'agit de s'interroger, de manière directe, sur la fonction de l'histoire, sur sa vocation et sa prétention à dire quelque chose du et sur le passé.  A fortiori, c'est bien la nature même de cette discipline qui est ainsi mise, plus profondément, à la question. On se demande ainsi quelle est l'essence même de cette discipline.  Il s'agira, de plus, de trancher entre une alternative de conservation ou d'explication, comme si l'histoire ne pouvait pas synthétiser les deux fonctions. Cette alternative devra bien entendue faire l'objet d'une remise en question.  Une telle conception de la discipline comme, ou bien conservation, ou bien explication, implique des fonctions et des attributions différentes. Peut-on se contenter d'une histoire qui ne fasse qu'énoncer des faits passés ?  C'est au fond la valeur même de l'histoire qui est ici interroge, et à travers elle, la question du sens de l'histoire : découvre-t-on le sens de l'histoire ou le fabriquons-nous de toute pièce à travers une explication interprétative des faits étudiés par l'historiographie ?     Problématique   Il s'agit donc tout à la fois de s'interroger sur l'origine (la source) et le but (la fonction) de l'histoire (selon les deux dimensions du « pourquoi «). Peut-on légitiment trancher entre une fonction simplement conservatrice ou une fonction uniquement explicative ?

 

 

 

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« mains de quelques collectionneurs. · Il en est de même pour l'histoire : si l'historien opère d'abord un travail d'historiographie, qui correspond à la dimension conservatrice, il ne saurait s'en contenter.

On ne peut définiressentiellement l'histoire que comme une synthèse de conservation et d'explicitation de cemême matériau ainsi restauré et protégé. · L'histoire ne peut donc se comprendre que comme synthèse entre conservation et explication : en ce sens l'alternative est réductrice et ne saurait dire l'essence de ladiscipline.

Encore nous faut-il définir en quoi cette explication du passé correspond à unedimension nécessaire de l'histoire comme discipline, au même titre que son rôleconservateur. II- Histoire et mémoire : le résultat synthétique · La dimension explicative de l'histoire est en effet aussi fondatrice de l'histoire comme discipline que sa dimension conservatrice.

On attend effectivement que l'historien soitcapable, à partir de son travail historiographique, de nous expliquer ce qui a conduit à telfat, à telle guerre : c'est l'explication qui son sens à la discipline.

Car que vaudrait unesimple conservation du passé si l'on en avait auparavant pas expliciter la valeur ? · C'est donc l'explication qui donne son sens et sa valeur à l'histoire : elle est ce qui rend digne le passé d'être conserver, qui le rend digne d'être l'objet d'un « devoir de mémoire ».En effet, on comprend dès lors qu'expliquer le passé c'est mettre à jour les réalitéscontextuelles passées, c'est décomposer les rouages, voire les engrenages, qui ont conduittel génocide, par exemple, à se produire.

Or, cette explication vaut aussi pour le présent,comme une sorte de leçon à tirer.

La dimension conservatrice du passé ne prend doncforme et contenu qu'à travers sa dimension explicative. · L'historien ne se contente pas d'énoncer de simples faits, mis bout à bout, il recompose leur liaison intrinsèque, il fait apparaître les mécanismes des événements et les expliqueavec le recul objectif nécessaire. · L'explicitation de l'histoire, tout comme la conservation, semble donc engager, à titre de synthèse, la mémoire dans sa dimension forte : l'histoire et la mémoire semblent en effetaller de pair, soit l'histoire est une mémoire solidifiée, soit la mémoire est l'instrument del'histoire.

L'historien interprète donc, tout comme l'homme tire parfois les leçons de sesexpériences : pourquoi les conserve-t-il ? Précisément par qu'il a su les expliquerobjectivement, prendre le recul nécessaire pour leurs donner du sens et donc leur conférerune valeur de « leçon », et par là un « devoir de mémoire ». · L'histoire, parce qu'il est cette synthèse de conservation et d'explication, est l'ennemie de l'oubli.

La discipline justifie ainsi ses hypothèses par leur confrontation avec le plus defaits avérés possibles.

L'histoire ne peut pas choisir de conserver seulement ce quil'arrange : précisément parce que sa discipline requiert explication, et en cela ne prendsens que dans la globalité du passé. III- La raison d'être de l'alternative : le besoin de donner du sens · Néanmoins, cette alternative est tout à fait révélatrice du besoin de donner du sens au passé, ce que la synthèse rend d'ailleurs possible.

L'histoire, au sens étymologique, est une« enquête » (cf.

Thucydide).

Comme les événements que l'historien analyse ont disparu, ilse fait alors détective (conservation de preuve et reconstitution explicative des faits) : ilreconstitue les faits à partir de leurs traces et tente de comprendre comment et pourquoiils se sont déroulés. · L'enquêteur peut choisir de « se mettre à la place » des personnages du drame.

Pour comprendre un événement, l'historien doit s'y fondre et adopter le point de vue de sesacteurs.

Retrouver leurs mobiles et découvrir le sens de leurs actes exige d'entrer ensympathie avec eux. · Et si l'historien sympathise avec toute une période, il adoptera le regard que cette période porte sur elle-même.

En restant extérieur à une époque, on « plaque » souvent unsens sur les événements, on s'expose à l'anachronisme : on considèrera par exemple lesjacqueries médiévales comme une préfiguration de la lutte des classes.

Le sens n'est pas icidécouvert, mais imposé ; inversement, sympathiser, c'est mettre en lumière un sensimmanent au passé. · Pourtant, une époque s'illusionne bien souvent sur elle-même.

L'historien contemporain de l'événement qu'il étudie est parfois trop myope : des péripéties le frappent, alors que lescauses essentielles lui échappent.

Vu de trop près, le spectacle de l'histoire est un amasbariolé d'incidents fortuits, comme le note Tocqueville dans Souvenirs. · Il faut donc se place à distance, réunir patiemment les faits pour ensuite découvrir leur enchaînement.

L'historien détermine les raisons d'un événement, il isole, au sein de lasuccession, des relations de consécution.

Le sens de l'histoire émerge d'une longueenquête qui met en évidence le réseau des causes et des conséquences.. »

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