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Pourquoi est-il difficile de véritablement donner ?

Publié le 27/02/2008

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● C?est ce qu?explique Marcel Mauss dans Sociologie et anthropologie « Essai sur le don. Forme et raison de l?échange dans les sociétés archaïques ». Dans les sociétés qu?il étudie, la valeur du don dépasse largement celle de l?objet lui-même. S?il est dans ce cas difficile de donner, c?est parce que le don doit avoir une valeur assez grande pour prouver la force du clan, et pour que cette valeur soit grande, il faut que les objets dont va se départir le clan soient importants pour eux. Ainsi, il y a don de femmes, de biens, de meubles et d?immeubles. ● Ce don n?est certes pas gratuit, puisqu?il est en général suivi d?un contre-don, et qu?il a pour but de se faire reconnaître par le clan adverse, mais il est tout de même difficile, puisque ce ne sont pas des objets ici qui sont échangés, mais des valeurs qu?il faut partager. Le don est plus mental que matériel, puisque l?objet est habité par le donateur. Sous cette optique le don moral et le don social convergent : tous deux se situent au niveau où la société n?est pas une collection d?atomes individuels, mais une communauté. Le don inaugure en effet une chaîne de bienveillance et de gratitude, où la circulation des choses n?est que le prétexte ou le symbole de la relation des hommes.   III/ Le don comme dé partition de soi :                     Il est possible de se placer à un niveau plus individuel pour le don, et de lui donner non pas une dimension sociale, mais une dimension morale, où il serait un acte individuel et libre.

« possède donc un sens social, derrière sa fonction économique, qui en explique le caractère paradoxal (le don se doitd'être généreux pour être profitable).

Même complexité avec le potlatch : devoir de donner, recevoir, rendre.

Cettemise à l'épreuve du prestige personnel aux yeux des membres de la société est simultanément un rite social et uncalcul intéressé.

C'est pourquoi Lévi-Strauss dit qu'il est un « fait social total ».Partant de là, n'est-il pas réducteur de considérer que l'échange n'est fait qu'en fonction d'un intérêt ? Le cadeau,par exemple, est l'indice d'une gratuité dont le fondement anthropologique pourrait bien être l'amour.

Si nouséchangeons parce que nous aimons, nous pouvons toujours dire que nous attendons que notre don soit payéd'amour, et donc que notre échange n'est jamais totalement désintéressé.

Mais s'agit-il alors d'un intérêtéconomique ? Il semblerait que nous soyons devant la possibilité d'un intérêt pour l'humanité.

L'échange n'est pasréductible à la valeur marchande.

S'il est inadmissible, par exemple, de prendre des personnes pour objet del'échange, il se peut bien cependant qu'une authentique relation morale repose sur un échange.

Par exemple, dansl'amour ou l'amitié.Ainsi, l'échange concerne des valeurs diverses : affective et morale, en particulier.

Ne dit-on pas que les hommesont « commerce » entre eux, ou le croyant avec son dieu ? Dès lors, la valeur de l'échange tient-elle à un échangede valeurs ? III/ Le don comme dé partition de soi : Il est possible de se placer à un niveau plus individuel pour le don, et de lui donner non pas une dimensionsociale, mais une dimension morale, où il serait un acte individuel et libre.

Il est possible de donner un objet ouquelque chose qui ne soit pas réellement matériel, mais dans les deux cas, le don implique, comme nous venons dele voir, un engagement de la part de celui qui donne, un investissement.

● C'est ce que montre Sénèque dans Des bienfaits .

Donner est un acte spontané qui inaugure une relation : il n'est ni une restitution, ni une rétribution.

Il est désintéressé, et s'il est difficile de donner, c'est parceque ce que l'on donne n'est pas une chose que l'on possède de manière extérieure, mais une chose qui fait partie denous.

Le don est un acte individuel dont la valeur réside dans l'adaptation à la personne du bénéficiaire.

Il s'agit nonpas de se défaire de quelque chose, mais de se défaire d'une partie de soi-même.

Cet acte est difficile, et impliqueun investissement des deux côtés ; c'est la raison pour laquelle Sénèque écrit « nous ne savons ni donner nirecevoir » (préambule) ● Dans les parties suivantes, Sénèque explique ensuite que l'intention du donateur est fondamentale, qu'ildoit avoir une inclination joyeuse et spontanée à donner, et il finit par montrer comment il faut donner.

( Des Bienfaits , livre I.) Quoi qu'il en soit, celui qui donne s'investit.

Prenons l'exemple « donner de son temps » : le temps est immatériel, mais il est l'une des choses les plus chères que nous ayons à donner.

En effet, notre temps nous estcomptés (nous ne sommes pas éternel), et donner un peu de ce temps, c'est donner une part de notre vie, de notrepersonne.

Conclusion : Si donner véritablement est difficile, c'est parce que ce que l'on donne possède plus ou moins de valeur.Autrement dit, le véritable don n'est pas don de ce qui pour nous n'a aucune valeur, mais dont de ce qui nousimporte.

Si donner véritablement est difficile, ce n'est pas le geste qui l'est, mais ce que l'on donne.. »

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