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Pourquoi etre moral ?

Publié le 30/12/2005

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  III - Nietzsche : la morale, une manière de vivre érigée en valeur              Alors que nous venons d'examiner deux raisons opposées d'être moral, Nietzsche réfléchit sur ce problème à partir d'une autre perspective. En effet, nous avons vu jusque ici la morale comme un ensemble de valeurs, auxquelles il faudrait souscrire (notre tâche étant d'en dégager la raison). Les valeurs morales sont donc comme des réalités autonomes, des valeurs en soi, qui permettent de juger nos actions. Or, selon Nietzsche, une telle vue est fausse : les valeurs n'existent pas en soi, mais elles sont des évaluations. Qu'est-ce à dire ?             Par exemple l'idéal traditionnel chrétien d'humilité, de pauvreté et de chasteté est censé être une valeur en soi. Moral est celui qui est humble, immoral l'orgueilleux. Or, pour Nietzsche, ce genre de valeurs n'est en fait qu'une évaluation de la vie (une parmi d'autres), qui a fini par s'imposer parmi les hommes : ainsi, l'humble est celui qui, trop faible pour s'exprimer ou s'imposer, en vient à ériger sa timidité en valeur, faisant croire que seule l'humilité vaut. A l'origine, les valeurs morales ne seraient donc que des évaluations de la vie, mais qui aurait fini par s'imposer.             La thèse de Nietzsche revient donc à dire que la morale n'est pas un idéal que nous devons rejoindre, puisque les valeurs qui valent pour les uns (humilité, chasteté, etc.

De prime abord, la moralité semble s’imposer à nous de manière extérieure : elle pose des valeurs, notamment le bien et le mal, auxquelles il faudrait se plier inconditionnellement. Or, d’où peut provenir une telle exigence et est-elle légitime ? En somme, pourquoi être moral ?

La question qui nous est posée est intéressante à maints égard : il ne s’agit pas se demander comment être moral, c’est-à-dire en quoi consiste la moralité et de quelle manière s’y conformer. Plutôt, notre question prend l’allure d’une « rébellion « : certes la morale existe, mais pourquoi s’y conformer ? Notre sujet prend donc acte de la morale elle-même (qu’il faudra définir précisément) et se demande de quel droit celle-ci s’impose à nous : en somme, doit-on être moral ? Y a-t-il une raison d’être moral plutôt que immoral ?

Afin de répondre, il va nous falloir éviter le double écueil 1° de la critique pure et simple de la morale, au sens où il ne servirait à rien d’être moral et 2° de l’éloge béat de la morale, au sens où elle seule poserait des valeurs sûres. Notre analyse doit se porter sur la nature de la morale (avant tout jugement de valeur), afin de déterminer si nous avons de bonnes raisons ou non d’être moraux.

« III – Nietzsche : la morale, une manière de vivre érigée en valeur Alors que nous venons d'examiner deux raisons opposées d'êtremoral, Nietzsche réfléchit sur ce problème à partir d'une autre perspective.

Eneffet, nous avons vu jusque ici la morale comme un ensemble de valeurs,auxquelles il faudrait souscrire (notre tâche étant d'en dégager la raison).

Lesvaleurs morales sont donc comme des réalités autonomes, des valeurs en soi,qui permettent de juger nos actions.

Or, selon Nietzsche, une telle vue estfausse : les valeurs n'existent pas en soi, mais elles sont des évaluations.Qu'est-ce à dire ? Par exemple l'idéal traditionnel chrétien d'humilité, de pauvreté et dechasteté est censé être une valeur en soi.

Moral est celui qui est humble,immoral l'orgueilleux.

Or, pour Nietzsche, ce genre de valeurs n'est en faitqu'une évaluation de la vie (une parmi d'autres), qui a fini par s'imposer parmiles hommes : ainsi, l'humble est celui qui, trop faible pour s'exprimer ous'imposer, en vient à ériger sa timidité en valeur, faisant croire que seulel'humilité vaut.

A l'origine, les valeurs morales ne seraient donc que desévaluations de la vie, mais qui aurait fini par s'imposer.

La thèse de Nietzsche revient donc à dire que la morale n'est pas unidéal que nous devons rejoindre, puisque les valeurs qui valent pour les uns(humilité, chasteté, etc.) ne valent pas forcément pour les autres.

Si « êtremoral » veut dire « reconnaître des valeurs », alors à la question « pourquoi être moral ? », Nietzsche répondrait : « parce que nous devons créer nos propres valeurs ».

Nietzsche a été taxéd'immoralisme parce qu'il refusait les valeurs chrétiennes dominantes.

Or, il ne rejette pas les valeurs en bloc : ilappelle plutôt à en créer de nouvelles, à notre mesure, au lieu de révérer des évaluations (négatives) de la viecomme la chasteté et qui se font passer pour des valeurs en soi.

La règle de conduite commune aux individus est la réciprocité, à la condition qu'ils appartiennent au même corpssocial, avec les mêmes valeurs et les mêmes critères.

Chacun considère ainsi la volonté d'autrui comme égale à lasienne, s'abstient par conséquent de commettre des actes de violence, d'offenser ou de voler, afin qu'il ne lui soitpas fait de même.

Nous vivons d'ordinaire sous l'impératif de la moralité évangélique : "Ne fais pas à autrui ce que tune voudrais pas qu'il te fasse." Cependant, il faut considérer que ce principe établi au fondement de la vie socialeest une négation de la vie, un principe de décadence et de dissolution : "Vivre, c'est essentiellement dépouiller,blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l'assimiler, ou tout aumoins, l'exploiter." L'essence de la vie est la volonté de puissance, absolue et démesurée : elle vise la conquête, ledéploiement de la force jusqu'à ses limites extrêmes, et ne souffre ni pondération, ni mesure, ni limitations d'aucunesorte.

Si dans une société vivante les individus s'abstiennent de faire le mal entre eux, c'est cette société elle-même qui exploitera ou tyrannisera une autre société plus faible.

Si la moralité des moeurs est un principe decivilisation qui dompte la volonté vitale en ses tendances barbares ou violentes, la vie reprend nécessairement ledessus, motivée par une volonté de puissance par laquelle les forts dominent les faibles, et par laquelle le destin detoute force est d'aller jusqu'au bout d'elle-même. L'impératif de la vie contre l'obligation morale Nietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique.

Le devoirva à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté de l'intention.

Pourconserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux.

Ne peut-on observer, sous lecommandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, une soumission servile etcraintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forces puissantes, qui commandentl'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et la réalisation de nos buts.

L'obéissance audevoir est une mortification.

Il n'apporte d'autre satisfaction que celle de l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre.L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sans trouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertuest nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment de respect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contreles impératifs exsangues de la raison, Nietzsche proclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'êtrehumain vise l'affirmation de sa subjectivité et non la soumission à une loi universelle.

Le devoir moral et l'obéissancesont les signes infaillibles d'un déclin et d'une décadence.

La nature commande à chacun de cultiver sa propre forceet ses vertus en vue de la conservation de soi-même, tandis que le devoir commande des actions impersonnelles etabstraites.

Toute action saine et vitale ne peut avoir que le plaisir pour preuve.

Le bonheur est la seule caution quel'action est bonne.

Se dresser contre la nature et le plaisir, c'est se détruire : "Qu'est-ce qui vous brise plus viteque de travailler, penser, sentir sans nécessité intérieure, sans option profondément personnelle, sans "plaisir", enautomates du devoir ? C'est tout juste là la recette de la décadence, et même de l'idiotie." Conclusion : Ainsi, alors que l'on peut faire ou non le choix d'être moral, Kant nous donne comme raison de l'être la dignité. »

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