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Pourquoi s'intéresser au passé ?

Publié le 17/01/2022

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Définition des termes du sujet:

PASSÉ: Dimension du temps écoulé dans son irréductible irréversibilité. D'ordre biologique, pulsionnel, social, historique ou psychologique, le passé pèse sur l'homme dans le sens du déterminisme, mais, il structure aussi activement la personnalité sans laquelle la liberté serait impossible ou illusoire. La liberté qui peut d'ailleurs s'exercer à l'égard du passé lui-même, dans la mesure où le sens accordé au passé reste du choix de l'individu (cf. Sartre). Par sa nature même, la connaissance du passé humain reste, selon les cas, occultée, aléatoire, partielle, subjective, soumise au moment social; elle laisse ainsi souvent une marge d'indétermination propice aux illusions et à l'action de l'imaginaire. S'intéresser: prendre intérêt à, se préoccuper de. Une analyse préparatoire fera ressortir les points suivants: - le double sens de s'intéresser à: l'intérêt qu'on porte à une chose peut être motivé par un désir de connaissance (curiosité intellectuelle) ou par un besoin pratique (recherche d'utilité ou de profit).

- les différentes sortes de passé: le passé du monde physique (Terre, univers), le passé de l'humanité (société, civilisation), le passé de l'individu (biographie personnelle).

De la compréhension du problème, nous retiendrons:

- le passé est-il intéressant ? Une chose est intéressante soit par elle-même, soit pour celui qui y trouve un rapport et des raisons subjectives de s'y intéresser. Pourquoi s'intéresser au passé ?

Pourquoi l'homme jette-t-il ce regard rétrospectif sur le passé? Quelles raisons, quelles justifications peuvent motiver une telle attitude qui au premier abord pourrait être qualifiée de passéiste, de rétrograde? L'intérêt porté à une chose peut provenir soit d'elle-même (de sa valeur intrinsèque); soit de nous-mêmes, qui y trouverions subjectivement quelques attraits dont la résonance suscite une inclination, pouvant aller de la simple attirance désintéressée (de l'historien faisant oeuvre de recherche objective) à la fascination la plus passionnée, la plus exacerbée (d'un homme se remémorant un événement qui lui a été préjudiciable). Il s'agit donc de savoir, si le passé est en lui-même un objet digne d'égards? Ou, si, à l'inverse, faut-il chercher en nous les raisons de cette curiosité, voire de cette dévotion (culte des morts)? Est-ce donc sous l'effet de causes objectives, de raisons théoriques; ou de valeurs subjectives, pratiques que l'homme témoigne une telle attention aux faits qui lui sont (biographie individuelle) ou non advenus (histoire transindividuelle de l'humanité)?

« Proposition de plan : La recherche de l'authenticité. 1. - Rousseau écrit dans la préface du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : « Semblable à la statue de Glaucus que le temps, la mer et les orages avaient tellement défigurée qu'elle ressemblait moins à un dieu qu'à une bête féroce, l'âme humaine altéréeau sein de la société par mille causes sans cesse renaissantes, par l'acquisition d'une multitude deconnaissances et d'erreurs, par les changements arrivés à la constitution des corps, et par le choccontinuel des passions, a, pour ainsi dire, changé d'apparence au point d'être presqueméconnaissable; et l'on n'y retrouve plus, au lieu d'un être agissant toujours par des principescertains et invariables, au lieu de cette céleste et majestueuse simplicité dont son auteur l'avaitempreinte, que le difforme contraste de la passion qui croit raisonner et de l'entendement endélire.

» - Le passé peut renvoyer à ce que l'homme était, par exemple avant que le temps et le processus culturel ne le change.

Il semble alors que s'intéresser au passé puisse constituer unequête de l'origine de l'être humain, un moyen de saisir ce que l'homme serait en vérité. - Cette enquête sur le passé pourrait alors s'apparenter à une recherche d'un « paradis perdu » : retrouver dans la lecture du passé cette époque où l'homme vivait en harmonie avec lanature, où il restait à la place que la nature lui avait assignée et vivait en symbiose avec elle.

Ladécouverte de ce passé perdu serait peut-être alors l'occasion de renouer avec lui, de retrouverles moyens d'une vie idyllique. - Mais s'intéresser au passé et redécouvrir l'authenticité de l'homme, c'est aussi en comprendre l'identité.

Au niveau individuel, l'intérêt pour le passé peut être le moyen de « retrouver sesracines », de se forger son identité véritable. La fuite du présent 2. - Ce faisant, s'intéresser au passé, ce peut être également un moyen de s'échapper du présent.

Ne semble-t-il pas y avoir chez celui qui court après ses racines une peur du présent ? - Le passé est alors un refuge contre l'adversité immédiate, contre le devenir perpétuel du présent.

Le présent ressemble à un chaos incontrôlable où la souffrance peut surgir à toutmoment.

Le passé peut rassurer parce qu'il est définitivement figé par le temps qui s'est écoulé.

Lalecture du passé est une lecture tranquille : ce qui y est écrit ne changera plus. - Celui qui se réfugie dans le passé ressemble donc au prêtre ascétique comme le décrit Nietzsche.

Ce prêtre s'invente un « arrière-monde », il croit trouver dans l'hypothèse de l' « être »éternel - cette hypothèse folle d'une identité insensible au devenir -, les moyens de supporter leflux incessant et chaotique du temps.

Tel est pour Nietzsche le fait d'un « instinct prophylactique, d'une vie en voie de dégénérescence qui cherche par tous les moyens, à subsister, qui lutte pour son existence » ( Généalogie de la morale , troisième dissertation, §13) - L'intérêt porté sur le passé dispense en outre de poser un regard critique sur le présent.

Il dispense de toute interrogation.

Le passé n'admet pas de remise en cause : il est tel qu'il est etrien ne pourra plus le faire changer.

Les traditions, par exemple, qui sont des vestiges du passé,constituent un excellent moyen de répéter le passé sans interroger le présent. - Le passé donne également l'impression d'expliquer le présent : il rassure ainsi sur le fait que le monde est ordonné, il donne l'impression d'une cohérence, même si en réalité il n'y en a pas. - Par ailleurs notre mémoire est sélective ( « C'est moi qui ai fait cela », dit ma « mémoire ».

« Il est impossible que je l'aie fait », dit mon orgueil et il reste impitoyable.

Finalement - c'est lamémoire qui cède.

» écrit Nietzsche dans Par-delà bien et mal, paragraphe 68).

Aussi le passé peut-il être un moyen de prendre ses désirs pour des réalités, puisqu'on peut toujours le réécrireen y mettant ce qu'on voudrait y lire. - En définitive, il semble donc qu'on ne s'intéresse au passé que pour sauver le présent, en évitant, s'il le faut, de regarder ce présent en face.

S'intéresser au passé est un moyen des'illusionner soi-même. Le passé comme informateur sur le présent. 3. - Ne serait-il donc pas plus rationnel de s'intéresser au présent plutôt que de se réfugier dans le passé ? Ne vaut-il pas mieux se saisir d'un présent en devenir qui a le mérite d'être réel, plutôtque de se raconter des fables au sujet d'un passé figé et illusoire ?. »

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