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Pourquoi tenons-nous tant à tout savoir ?

Publié le 11/11/2009

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Problème : Le problème posé par l’énoncé consiste à établir la généalogie de la volonté et du désir de l’omniscience. Par généalogie (au sens nietzschéen), il doit s’agir ici rendre compte des divers déterminismes engendrant l’insatiabilité humaine pour la connaissance. Nous avons déjà indiqué qu’en un sens quasi psychologique, l’insatiabilité de la connaissance se fonde sur la conscience de la finitude propre à la connaissance humaine, sur le constat de sa limitation inhérente, sur la détection du manque et le désir/ la volonté de le combler. Reste alors à étudier les modalités de manifestation des deux tentatives distinctes visant à saturer le manque (lesdits “ deux processus distincts de la mise en œuvre de la volonté de savoir ” – supra.), à savoir le totalisation-unité, et la totalisation-sommation. Ce deux dynamiques, en tant qu’elles manifestent le comment de la pratique du savoir, doivent en expliquer le pourquoi. Elles forment les deux parties de notre développement.

« II.

L'omniscience comme totalité-sommation Une approche alternative peut pallier à l'insuffisance de l'existence humaine à épuiser empiriquement la totalité dumonde : c'est le mode encyclopédique.

Le mode encyclopédique se caractérise, par différence avec l'approchesystémique, par son attention à l'empiricité factuelle du monde et du réel.

Il n'y a pas ici d'office de procédé deréduction du réel à la rationalité.

Le réel, s'il peut y avoir prétention à l'aborder en exhaustivité, préserve sa variété.Et la collection encyclopédique s'opère comme recollection des faits et savoirs dont la diversité est préservée(pensez à la multiplicité des origines sociales, artistiques et scientifiques des contributeurs à l' Encyclopédie des Lumières françaises).

Cette multiplicité par collection et sommation en l'unité d'un texte, l'Encyclopédie, se signaledonc, par opposition au système à vocation totalisatrice unitaire, par la collectivité d'individus, ou du moins desavoirs, qui la constituent.

Le principe n'y est plus opérateur de fondement.

Et l'omniscience agit comme intégrationtoujours renouvelée à visée d'exhaustivité.

Toutefois, la somme ne saurait se passer absolument de règlesd'organisation, et de principe de hiérarchisation (même si les Encyclopédies fonctionnent par renvois en hypertexte,ainsi que les grands Dictionnaires qui en furent les prédécesseurs dans l'histoire des outils technologiquesintellectuels (le Dictionnaire de Pierre Bayle, par exemple)).

Organisation et hiérarchie jouent même un rôle de premier plan dans la genèse du projet encyclopédiste.

La vocation des ces ouvrages est didactique (pédagogique (‘-pédie')) et doit être exhaustive (‘en-cyclo-‘).

Aussi doit-elle être d'un ordre clair – héritage du cartésianismeambiant au 18 e.

Ceci est explicitement formulé dans le Discours préliminaire de d'Alembert.

Le savoir est organisé hiérarchiquement sur le modèle d'une pyramide inversée.

Certes, il n'y a pas ici système (c'est-à-dire principetransversal à la totalité des champs du savoir – l'Esprit, chez Hegel).

Il n'en reste pas moins que la volontéd'omniscience par exhaustivité et sommation ne peut se passer d'ordre.

Mais ce qu'on peut en retenir, parcontradiction avec le système voulant tout savoir parce que désirant tout connaître, c'est qu'ici la volonté de toutsavoir repose sur le modèle de la collection empirique : on veut tout savoir, pour tout expérimenter.

En outre, lacollection des savoirs à foncièrement vocation à la transmission, non uniquement pédagogique et d'utilité immédiate(outils pour le savant), mais pour la transmission sous forme de patrimoine historique des sciences.

* Conclusions - La volonté de tout savoir se manifeste selon deux dynamiques distinctes et pour ainsi dire opposées : la connaissance par réduction de la totalité à un principe ; la connaissance par sommation de la totalité organiséeselon une hiérarchie.

Ceci oppose la possible satisfaction (ce qui ne signifie pas qu'elle soit réalisée à terme) du désir de satiété à l'insatiabilité d'un désir toujours renouvelé parce que reposant sur l'expérience illimitée dumonde.

En conséquence, le désir d'omniscience est motivé ou déterminé (généalogie) par deux objectifscontradictoires : être divin par la connaissance du principe de toute chose ; être homme dans la collectivité d'unpatrimoine humain partagé. - Dans les deux cas, il y a projection de la finitude humaine (attribut privatif) en une extériorité ayant pour vocation de convertir le manque en positivité, de le combler, que cela soit par réunion (collectivité) oudivinisation (unicité).

Ce thème n'est en fait pas autre chose que ce que les classiques ont appelé la libido sciendi .

La question consistant à se demander s'il faut ou non s'en amender et y voir un vice d'un esprit humain coupable relève de la morale. - Le désir d'universalité du savoir humain, c'est-à-dire de sa vérité, est le propre du mouvement de la science sans lequel tout simplement elle ne serait pas.

Il ne peut y avoir de science que du nécessaire.

Le contingent nepeut en faire l'objet, car il est relatif.

Aussi, pour que la science soit, il faut toujours encore “ tant tenir à toutsavoir ”, sinon on se réfugie dans le mythologique à structure close.. »

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