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Pouvons-nous penser la matière ?

Publié le 17/01/2004

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PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. MATIÈRE: * Ce en quoi les choses sont faites, par opposition à la forme. * En logique (matière d'un raisonnement) : ce qu'énoncent les termes d'un raisonnement, indépendamment des relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres (contraire : forme). * Chez Aristote, ce qui est susceptible de recevoir une forme. * En sciences, les éléments constitutifs de la réalité physique (atomes, molécules, etc.)

Problématique : La matière d'une chose désigne le « ce en quoi » cette chose est faite ; l'ensemble de ses constituants, son « matériaux ». Ainsi définie, la matière est ce qui demeure par-delà les variations sensibles d'un être ; exemple : la tasse (objet) et la porcelaine (matière). La matière est aussi un principe d'explication de la réalité : elle s'oppose à tout ce qui est d'ordre spirituel, intellectuel ou émotionnel ; elle est par opposition aux phénomènes mentaux, ce qui se donne dans l'extériorité du monde senti sur le mode indubitable du fait. D'où le problème : en tant qu'en-deçà des phénomènes, la matière n'est pas sentie mais postulée ou spéculée, et elle peut être pensée ; mais en tant que manière d'être sensible de l'objet, la matière s'éprouve (selon le paradigme commun du toucher) : elle est irréductible à la pensée que j'en ai. C'est cette double dimension de la notion de matière qu'il convient de prendre en charge et d'éclairer : pouvons-nous penser la matière (sans contradiction) ?

« 2- LA MATIÈRE EST PURE INDÉTERMINATION Si la matière est le « ce en quoi » une chose est faite, elle n'est jamais telle quelle constatée empiriquement .

Autrement dit, elle est bien, comme on l'a vu, spéculée : elle est ce que nous posons par la pensée comme devant subsister par-delà laprésentation phénoménale et individuée de l'objet.

Autrement dit, elle est un concept. Pourtant , à ce concept ne correspond rien de réel, c'est-à-dire rien d'effectif : nous avons, dit Aristote, toujours affaire à du composé : matière+forme.

En effet, si la matière est ce qui reste une fois ôtées toutes les déterminations d'une chose (sa taille, son lieu, son poids, en un mot, ses qualités), alors, elle est pure indétermination .

D'où la difficulté de penser la matière à part et la nécessité pour Aristote d'expliquer la nature d'une chose par toutes les causes (matérielle + efficiente, finale, et formelle) La matière = indéterminé pur.

Or de cette matière, nulle expérience n'est possible et c'est pourquoi il est si difficile de la penser.

Penser, c'est toujours d'abord concevoir quelque chose de déterminé, fini, une nature.

Or une nature ou êtredéterminé, n'est pas que matière.

La matérialité = privation (de la forme) = pensée de ce que la chose n'est pas = à peine une pensée . [Sur ce point, on pourrait aussi explorer la caractérisation plotinienne : la matière n'appartient pas à l'ontologie ; elle est n'estpas un être] Transition : Pourtant, cette conception de la matière n'est que négative et c'est en cela qu'elle pose problème à la pensée.

Or positivement : la matière est puissance ; mais la puissance, le possible, peut-il être objet de pensée ? 3- NOUS POUVONS PENSER LA MATIÈRE COMME ÊTRE EN PUISSANCE RENDANT COMPTE DE RÉALITÉS TOUJOURS DÉJÀ COMPOSÉES La matière positivement désigne ce qui est susceptible de recevoir une forme (le bois par rapport à une table, le marbre et la statue) ; or à ce titre elle n'est certes pas un être (=une nature) mais elle n'est pas un non-être : elle s'inscrit dans le devenir et le changement ; elle est principe d'explication de la génération comme passage de la puissance à l'acte.

La matièreest aussi une condition pour qu'il y ait de l'être (elle est le « ce sans quoi ») [voir aussi le Timée de Platon : la matière commeréceptacle des formes idéelles] Ainsi la matière peut-elle être vue comme un « transconcept » (G.

G Granger, La théorie aristotélicienne de la science ) : elle permet de rendre compte de diverses réalités à partir d'un point de vue donné.

Exemple : on peut choisir d'étudier lacomposition de ce meuble selon une échelle grossière (les pièces qui le compose) et ensuite selon une échelle plusparticulière (le bois en quoi sont faites ces pièces) ou plus fine (la composition physico-chimique du bois) ou encore pluspetite (la composition subatomique) etc.

Certes on ne trouvera jamais la matière telle quelle .

Pour autant elle n'en est pas moins pensable en fonction de l'échelle à laquelle on se situe .. »

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