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PRESENTATION DE L'ETHIQUE A NICOMAQUE DE ARISTOTE

Publié le 27/02/2008

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aristote
En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d'être devenus eux-mêmes relâchés, ou d'être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas par leur mauvaise conduite, dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues : en effet, c'est par l'exercice des actions particulières qu'ils acquièrent un caractère du même genre qu'elles. On peut s'en rendre compte en observant ceux qui s'entraînent en vue d'une compétition ou d'une activité quelconque : tout leur temps se passe en exercices. Aussi, se refuser à reconnaître que c'est à l'exercice de telles actions particulières que sont dues les dispositions de notre caractère est-il le fait d'un esprit singulièrement étroit. En outre, il est absurde de supposer que l'homme qui commet des actes d'injustice ou d'intempérance ne veuille pas être injuste ou intempérant ; et si, sans avoir l'ignorance pour excuse, on accomplit des actions qui auront pour conséquence de nous rendre injuste, c'est volontairement qu'on sera injuste. Il ne s'ensuit pas cependant qu'un simple souhait suffira pour cesser d'être injuste et pour être juste, pas plus que ce n'est ainsi que le malade peut recouvrer la santé, quoiqu'il puisse arriver qu'il soit malade volontairement en menant une vie intempérante et en désobéissant à ses médecins : c'est au début qu'il lui était alors possible de ne pas être malade, mais une fois qu'il s'est laissé aller, cela ne lui est plus possible, de même que si vous avez lâché une pierre vous n'êtes plus capable de la rattraper. Pourtant il dépendait de vous de la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l'homme injuste ou intempérant : au début il leur était possible de ne pas devenir tels, et c'est ce qui fait qu'ils le sont volontairement ; et maintenant qu'ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l'être. Aristote, Éthique à Nicomaque.

Ce texte d’Aristote pose un problème crucial en philosophie : celui de la responsabilité de nos actions, et notamment de leur justice et de leur injustice.

Si un homme accomplit une action injuste ou une série d’actions injustes, cela fait-il de lui quelqu’un de juste ou d’injuste ? On distingue couramment le plan de l’action et le plan de l’intention. Or, ce que révèle ce texte est que l’action, et plus précisément une série d’actions, est à même de former le caractère juste ou injuste de celui qui l’entreprend.

Mais, si nos actions déterminent notre caractère juste ou injuste, comment pourrions-nous choisir nos actions ? Cela revient en effet à supposer l’effet avant la cause. Si, pour être juste, il faut avoir un caractère juste, et si le caractère de justice repose sur une praxis, puis-je être responsable de mon injustice alors que mon mode de vie et mes actions ne me permettaient pas de choisir le bien ? C’est ce cercle qu’Aristote tente de résoudre.

Pour cela, Aristote, après avoir énoncé sa thèse procède en trois temps.

 

aristote

« une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d'être devenuseux-mêmes relâchés, ou d'être devenus injustes ou intempérants ».

Tout d'abord, il fautcomprendre ce qu'Aristote entend par « existence relâchée ».

Cela, il le précise dans lasuite du texte, en distinguant deux cas. b) Le premier cas pensé par Aristote est celui où l'homme se conduit mal.

Il semblerait qu'entre se conduire mal et être injuste, il y ait une différence puisque lapremière est la cause de l'autre.

Se conduire mal revient à accomplir des actionsinjustes.

Mais, accomplir un acte injuste et être injuste ne sont pas équivalents.

Unemauvaise conduite n'est cependant pas réductible à seul acte, c'est tout un ensemblede pratiques qui est visé ici, et c'est cet ensemble qui peut faire devenir l'hommeinjuste.

Il est intéressant de rappeler que, pour Aristote, l'homme désire toujours lebien, il ne veut pas initialement le mal.

L'injustice ne peut donc procéder que d'unrelâchement, c'est-à-dire d'une inattention générale. c) Le deuxième cas est celui d'une vie débridée dans laquelle l'homme accomplit des excès.

Ici, on peut rappeler que la passion est toujours un excès pour Aristote, lavertu consiste en un juste milieu entre deux excès.

Par exemple, le courage est unjuste milieu entre la lâcheté et la témérité. IIème partie : Les actions influencent le caractère: « en effet, c'est par l'exercice des actions particulières…les dispositions de notre caractère est-il le fait d'un esprit singulièrement étroit. » : a) Aristote poursuit en affirmant une influence de la pratique sur le caractère de l'individu.

Il établit une correspondance entre le type d'actions couramment accomplieset le type de caractère.

Pratiquer des actions justes donne un caractère juste et,réciproquement, accomplir des actions injustes donne un caractère injuste. b) Aristote remet donc en question l'innéité du caractère de l'individu.

C'est par des « actions particulières » que l'on se forge un caractère.

Pour appuyer cetterelation, il évoque l'expérience courante et l'évidence que celle-ci nous livre.

Aussiaffirme-t-il : « se refuser à reconnaître que c'est à l'exercice de telles actionsparticulières que sont dues les dispositions de notre caractère est-il le fait d'un espritsingulièrement étroit ». c) Néanmoins, si Aristote montre que le caractère est issu de la pratique, sa thèse demeure incomplète.

Il lui faut montrer à présent sa responsabilité. IIIème partie : L'homme est responsable de ses actions « En outre, il est absurde de supposer que l'homme qui commet … vous n'êtes plus capable de la rattraper. » a) Aristote pour montrer l'autre volet de sa thèse, l'homme est responsable de son injustice, doit montrer la responsabilité de l'homme sur son propre mode de vie.Autrement dit, le mode de vie ne pourra pas être une excuse du mauvais caractèred'un individu.

Seule l'ignorance peut être une circonstance atténuante : « sans avoirl'ignorance pour excuse ».

Il faut, en effet, différencier ce qui dépend de nous et ce quine dépend pas de nous.

Il y a des choses que l'on ne peut prévoir et qui transformentune action en mauvaise action, et ce malgré nous.

Le mode de vie fait partie desactions qui dépendent de nous. b) Pour autant, Aristote ne dissocie pas la volonté du caractère acquis par habitude.

Pour être juste, en effet, il ne suffit pas de le souhaiter : « Il ne s'ensuit pascependant qu'un simple souhait suffira ».

Autrement dit, une fois les mauvaiseshabitudes acquises, il risque d'être trop tard pour être juste.

A ce titre, Aristotecompare la personne injuste à la personne malade : il aurait dû se soigner avant pourne pas l'être, à présent il peut peut-être ne plus guérir.

On trouve une dimensionthérapeutique de l'éthique qu'il envisage en amont du mal.

Avec la justice, on ne peutsans doute pas guérir mais seulement prévenir. c) La possibilité de guérir est, par ailleurs, tout à fait rejetée par Aristote.

Il fallait que l'injuste prenne une bonne décision initiale, après il est trop tard.

Il choisitune nouvelle comparaison celle du lâcher de pierre.

Cela signifie que l'on ne peut reveniren arrière une fois que l'on a acquis de mauvaises habitudes.

Si l'injustice n'est pasinnée pour Aristote, elle n'est pour autant pas quelque chose que l'on peut corriger unefois qu'elle s'est installée dans l'être de l'individu.. »

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