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Que nous apprend l'histoire sur la nature de l'homme ?

Publié le 20/07/2005

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histoire

Apprendre est l’acquisition de connaissances, d’un savoir, que l’on peut distinguer en deux catégories. Il y a d’une part le savoir théorique, celui qui consiste en un discours sur les êtres et les choses. Mais il existe également un savoir pratique, qui consiste en la connaissance des pratiques appropriées aux diverses situations de la vie, qui débouche sur l’action.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir. Penser l’histoire signifie donc produire un jugement sur l’évolution de l’homme à travers le temps.

La nature de quelque chose est ce qui la définit, ce qui exprime son essence, ce qu’elle est en elle-même et ce qu’elle est par rapport aux autres, c'est-à-dire son ipséité et son altérité.

A première vue, principalement si nous retournons aux fondements de la discipline historique telle que pratiquée durant l’antiquité, nous dirons que ce que nous apprend l’histoire sur la nature de l’homme, ce sont les « hauts faits « dont il est capable. En effet, l’histoire n’a d’autre but que de nous présenter les actions valeureuses, généreuses dont l’homme est capable, parce qu’elles font honneur à la nature humaine et incitent les hommes à les reproduire. Cependant, cette nature humaine est également capable des pires méfaits, et ce sont également des crimes de l’homme que l’histoire nous parle : celle-ci nous apprendrait donc également les tristes aspects de la nature humaine. Mais n’y a-t-il pas lieu de mettre à distance cette conception de la « nature humaine « qui implique non seulement que l’homme ne varie pas au cours du temps, mais aussi qu’il n’est capable que d’un nombre limité d’actions, celles qui sont comprises par les bornes de cette « nature « censée le définir ? Nous nous désolidariserons de cette conception fixiste de la nature humaine pour montrer que ce que nous apprend l’histoire sur l’homme, c’est avant tout l’extrême étendue de sa nature.

La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer dans quelle mesure l’histoire nous apprend quelque chose de défini sur une nature immuable de l’homme, ou nous révèle l’extrême variété des comportements dont l’homme est capable en raison de la fluctuation caractéristique de sa nature. 

histoire

« hommes eussent changé d'ordre, de mouvement et de puissance, et fussent différents de ce qu'ils étaientautrefois » Discours sur la première décade de Tite-Live (1513-1520) Machiavel. L'histoire est donc exemplaire en ceci qu'elle nous offre des modèles à suivre.

Comparable à la jurisprudence pour ledroit ou aux observations cliniques pour la médecine, l'histoire offre à la politique la matière d'une expérience.

Cettethèse repose sur la croyance en l'immuabilité de la nature humaine : dans la mesure où l'homme ne change jamais aucours du temps, il est indispensable de s'intéresser aux actes qu'il a perpétrés dans le passé puisqu'ils nouspermettent d'entendre ses comportements actuels.

Il faut donc s'intéresser à l'histoire, car elle nous offre unréservoir d'exemples à partir desquels nous pouvons non seulement apprendre ce dont la nature humaine estcapable, mais aussi tirer un enseignement pratique : que devons-nous faire en des circonstances présentescomparables à des situations déjà advenues ? II.

L'histoire n'a que du mal à nous apprendre de la nature de l'homme a.

La perspective Rousseauiste : la discipline historique ne donne à voir que les égarements des hommes Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle thèse, évidement partielle.

En effet, l'histoire n'a pas que du bienà nous apprendre de la nature de l'homme, elle nous montre également de quels méfaits épouvantables il estcapable.

En un sens, nous pouvons même bannir la discipline historique puisqu'elle n'a, comme l'écrit Rousseau dansson Emile , « que du mal à dire de l'homme ».

La perspective de Rousseau n'est pas sans avoir quelques similitudes avec celle de Marx dans Le 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte (pour Marx, il n'est pas utile d'écrire l'histoire, puisque l'écriture de l'histoire est un obstacle à l'avènement de l'absolument nouveau).

L'histoire est en effetconsidérée négativement dans l' Emile , car elle ne dit que du mal de l'homme.

Elle est le récit des guerres, des catastrophes, des grands crimes ; un peuple heureux, lui, n'a pas d'histoire.

Le précepteur d'Emile ne lui parle doncpas de l'histoire, car elle aurait un exemple corrupteur sur lui : « Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par lesbons : comme elle n'est intéressante que par les révolutions, les catastrophes, tant qu'un peuple croît et prospèredans le calme d'un paisible gouvernement, elle n'en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand, ne pouvantplus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisions, ou les laisse prendre part aux siennes ; elle nel'illustre que quand il est déjà sur son déclin, toutes nos histoires commencent là où elles devraient finir ».

Emile, ou de l'éducation, Livre IV. L'histoire apparait dépourvue d'utilité, car elle empêche la formation, par l'éducation, d'une humanité vertueuse.Nous dirons donc que pour Rousseau, l'Histoire comme discipline, récit obéissant des événements passés obéissant àdes normes de scientificité, n'est histoire que de l'erreur, des égarements sans fin des hommes, l'histoire de leur folieet de leurs crimes. b.

L'histoire peut-être conçue comme le champ de bataille où se livrent combat les passions des sujets Mais c'est pour une autre raison que nous pouvons affirmer que l'histoire n'a que du mal à nous apprendre de lanature humaine : car dans l'histoire, c'est moins la liberté des hommes que leur soumission aux passions et à la loides désirs qui semble se donner libre cours.

En effet, il semble que l'histoire ne reflète pas la liberté humaine, maisqu'elle est au contraire le théâtre d'un devenir chaotique, où des évènements contingents se produisent, de sortequ'il est impossible d'y distinguer la moindre progression raisonnable.

L'œuvre littéraire du marquis de Sade donnetoute sa portée à cette thèse : dans l' Histoire de Juliette, Sade dresse des listes impressionnantes récapitulant toutes les débauches, tous les vices et toutes les atrocités commises par les hommes.

Or, ce qu'il faut bienremarquer, c'est que la violence a cours partout, dans tous les pays, dans toutes les époques, de sorte qu'elleparait omniprésente dans le temps aussi bien que dans l'espace.

Nous dirons donc que l'Histoire est sans rapportavec la liberté humaine, puisqu'elle ne peut que nous paraître le théâtre de la folie et de la cruauté des hommes, enproie à des passions qui annihilent leur liberté.

L'histoire récente en particulier, avec l'abomination absolue de laShoah, nous apprend toutes les horreurs dont la nature humaine est capable. III.

L'histoire nous apprend de quelles incarnations susceptibles est possible la nature fluctuante de. »

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