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Que perd l'homme en perdant son travail ?

Publié le 27/02/2005

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travail
On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir - que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême. » Friedrich Nietzsche, Aurore ·         Nietzche nous aide à mieux comprendre ce problème : le travail est un emprisonnement volontaire pour se garantir une sécurité (c'est la meilleur des polices). Le travail est un maître. ·         En tant que tel, sa perte revient à perdre son maître, ce qui nous gouverne. Dans ce sens, la perte du travail est assimilable à une sorte de libération. ·         Pourtant, nous n'avons pas se sentiment lorsque nous perdons un emploi. A l'inverse, nous nous sentons parfaitement dépendants de la société.   2.

Les sociétés modernes sont désormais majoritairement capitalistes. Dans un tel système, le travail est soumis aux exigences boursières du marché. Dans un tel contexte, le chômage existe et ce, quoi que puisse faire les économistes. La perte d’un travail est devenue une possibilité pour tous. Mais qu’est ce que cela entraine. Que perd-on lorsque l’on perd son travail ? Est-ce que l’on perd finalement ce qui nous contraignait ? Ou, à l’inverse ce qui faisait de nous des hommes libres ? Qu’est ce qui est finalement perdu, que seul le travail peut nous apporter ?

travail

« « Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours surla "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dansles louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêtgénéral : la crainte de tout ce qui est individuel.

On se rendmaintenant très bien compte, à l'aspect du travail — c'est-à-direde ce dur labeur du matin au soir — que c'est là la meilleure police,qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement àentraver le développement de la raison, des désirs, du goût del'indépendance.

Car le travail use la force nerveuse dans desproportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à laméditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il placetoujours devant les yeux un but minime et accorde dessatisfactions faciles et régulières.

Ainsi une société, où l'ontravaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité :et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinitésuprême.

» Friedrich Nietzsche, Aurore Le travail dont il est question ici, est celui qui n'a pour but que legain d'argent et les plaisirs qu'on peut acheter (« Un butmesquin...

»).La valorisation du travail gagne-pain a la même origine que lesautres discours moraux : la dépréciation et la peur de l'individu.

Etde fait, ce travail empêche ce qui est d'ordre strictement personnel.

Il signifie « oubli de soi », soumission à un rythme imposé, intégration à une collectivité.

Il n'y a plus detemps pour la solitude, pour la méditation personnelle, plus d'énergie pour les passions individuelles.L'individu, en tant que tel, est dangereux pour la société car il n'a pas pour but l'intérêt général, l'utilité commune,mais seulement lui-même.

Il est du plus grand intérêt pour la société que les hommes oublient qu'ils sont desindividus, pour se percevoir comme des membres de la société, et le travail est un excellent moyen pour lesdépouiller de leur être individuel.

Il faut remarquer la spécificité du point de vue de Nietzsche : il ne s'agit pas pourlui de défendre les travailleurs en tant que tels, mais de voir, derrière le travailleur, l'individu.

« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la mêmearrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout cequi est individuel.

Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur dumatin au soir – qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraverpuissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance.

Car il consume uneextraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion , à la méditation, à la rêverie, aux soucis, àl'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles etrégulières.

Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adoreaujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême.

Et puis ! épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenudangereux ! Le monde fourmille d' « individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers – l'individuum.

» Nietzsche, « Aurore », Livre III. Nietzsche s'interroge ici sur l'origine des déclarations sur la valeur morale du travail, y compris quand il s'agit d'unlabeur épuisant.

Elles visent, selon lui, à en cacher la véritable fonction répressive.Le travail dont il est question ici, est celui qui n'a pour but que le gain d'argent et les plaisirs qu'on peut acheter («un but mesquin… »).La valorisation du travail gagne-pain a la même origine que les autres discours moraux : la dépréciation et la peur del'individu.

Et de fait, ce travail empêche ce qui est d'ordre strictement personnel.

Il signifie « oubli de soi »,soumission à un rythme imposé, intégration à une collectivité.

Il n'y a plus de temps pour la solitude, pour laméditation personnelle, plus d'énergie pour les passions individuelles.L'individu, en tant que tel, est dangereux pour la société car il n'a pas pour but l'intérêt général, l'utilité commune,mais seulement lui-même.

Il est du plus grand intérêt pour la société que les hommes oublient qu'ils sont desindividus, pour se percevoir comme des membres de la société, et le travail est un excellent moyen pour lesdépouiller de leur être individuel.

Il faut remarquer la spécificité du point de vue de Nietzsche : il ne s'agit pas pourlui de défendre les travailleurs en tant que tels, mais de voir, derrière le travailleur, l'individu. Introduction L'apologie du travail a été stigmatisée par Nietzsche à plusieurs reprises dans son Oeuvre.

Déjà dans le Gai Savoir , l'auteur nous fait part de la conception moderne du travail, suivant laquelle les hommes travaillent en vue d'abolir l'ennui et surtout en vue d'un but lucratif.

Le travail, dès lors, loin de s'atteler au plaisir que recherchel'individu, ne reste qu'un moyen pour lui d'accroître ses gains.

Par ailleurs, cet extrait issu d' Aurore (L.

III) présente l'idée centrale selon laquelle le travail est un instrument supplémentaire de l'Etat pour lui permettre d'assujettirl'individu, en le confondant dans l'illusion de l'utilité sociale.

Aussi, Nietzsche souligne cette thèse que le travailleurest contrôlé, qu'il participe par son labeur quotidien à la sécurité volontairement établie par l'Etat.

L'enjeu de cetexte est de montrer en quoi une fois de plus le principe d'individualité est mis à l'écart au profit d'une idéologienaissante, celle du capitalisme : « Se trouver un travail pour avoir un salaire : - voilà ce qui rend aujourd'huipresque tous les hommes égaux dans les pays civilisés ; pour eux tous le travail est un moyen et non la fin ; c'est. »

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