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Que perdrait la pensée en perdant l'écriture ?

Publié le 15/07/2015

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Perdre l'écriture, ce n'est pas seulement, pour la pensée,

perdre un outil ou un avantage. En perdant l'écriture, la

pensée perd son universalité, sa publicité, son atemporalité et

sa rationalité qui sont pour elle non pas seulement des acquis

avantageux, niais ses propres exigences. En perdant l'écriture, la pensée se perd elle-même. Seule l'écriture systématique, l'écriture encyclopédique, qui entasse des savoirs et non (les pensées, qui additionne alphabétiquement des savoirs divers serait peut-être une écriture dont il faudrait se

méfier en ce qu'elle témoignerait d'une non-pensée.

L'écriture st la mort de la pensée car elle la tue en la séparant de sa source, l'orateur, le père de la pen­sée. Le texte est « orphelin «, anonyme et livré à lui-même sans son père pour se défendre et livré à tous, savants ou ignorants, connaisseurs ou profanes, bienveillants ou mal­veillants, le texte livre ainsi la pensée au hasard des interpré­tations parfois heureuses, souvent corruptrices. Tombé dans le domaine public, la pensée se troue alors exposée à toutes interprétations qui peuvent être autant de dénaturations. L'écriture d'une pensée soulève le problème de l'interpré­tation que pose tout texte, interprétation qui peut être lute trahison de la pensée (le l'auteur, en lui prêtant et en lui fai­sant assumer un sens étranger à ses intentions. C'est ainsi, par exemple, que la pensée de Nietzsche a pu être interprétée dans un sens nazi par la dénaturation du sens des concepts de

surhomme et de volonté de puissance.

« lllflllflll >>, alors récriture permet à la pensée de se constituer en hétitage pour l'humanité et de lui lég11er ainsi lill patri­ moine culturel.

L'écriture donne à lire pom l'éternité ce qui, sans elle, mourrait avec l'auteur des pensées.

En déchifli-ant les hiéroglyphes, Champollion permit de connaître la ciYili­ sation et la pensée ég·yptiennes, jusque-là peu connues.

L'écriture se présente donc comme la mémoire de la pensée, fonction que la parole fugace ne peut accomplir.

Les légendes, les récits, l'histoire, les théories qui ne sont pas consignés par écrit sont hien souvent victimes d'un ouhli que la tradition orale tm!jours aléatoire ne suflit pas à réparer.

Ainsi quand on parle de l'existence de peuples sans écriture, il s'agit de pwples dont l'histoire est Yéhiculée par la parole des anciens qui trans- mettent ù lem postérité non pas Hain1ent 1111e llistoirc.

mais plutôt des histoires.

'b lé)!;cndes 'l"i "1111 récitées, chantées san.s être écrites et où la pensée est présentée pour elle-même, .....

linée à toute interprétation.

Elle permet à la pensée de ....

s'afli-anchir d'une situation particulière, d'un contexte histo- ··· rique et géographique.

Un texte que l'on dit >, par exemple, Le Prince de Machia,d, qui est lié très .....

précisément à la situation politique de l'Italie, dépasse son .....

propre contexte en présentant attx lecteurs, de tous temps et .....

de tous pays, une nmndle conception de la politique.

Si une .....

pensée naît toujours dans un contexte particulier et déterminé .....

par rapport auquel elle fait sens, l'écriture lui donne le pouvoir .....

de s'aflranchir de ce contexte et, dans ce dépassement, la pen­ .....

sée accède à l'llnil•enalitr.

Elle acquiert ainsi une sig11ification .....

1miverselle à travers laquelle des êtres particuliers qui \Ïvent en ....

des temps et des liettx dif!erents pourront se reconnaître.. »

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