Que puis-je savoir ?
Publié le 05/01/2020
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Que puis-je savoir ?
Depuis quelques dizaines d'années, l'emploi du mot « science » ne cesse de s'élargir. La distinction traditionnelle entre une connaissance pure, désintéressée (sciences), et les applications qui en découlent (techniques) tend à s'estomper : on parle de sciences médicales, de sciences politiques, etc. Le terme de « technosciences » a été proposé pour désigner des activités qui mêlent inextricablement sciences et techniques. Déjà la notion classique de science, celle qui a triomphé à partir de Newton aux xvme et xixe siècles et qui avait pour modèle la physique mathématique et les sciences expérimentales, était profondément différente de ce qu'un Platon appelait science. Il faut s'y reporter, non par souci historique, mais pour comprendre dans toute son ampleur la question de la connaissance, qu'elle soit considérée ou non comme « scientifique ».
Le sensible et l'intelligible
Toute la philosophie jusqu'à la philosophie critique de Kant a admis la correspondance de \\'Être et du connaître, des genres de connaissance et des niveaux de réalité. Toute pensée authentique, toute vraie pensée est une pensée vraie. Les grandes oppositions de l'Être et de l'apparence, de l'Être et du devenir, de la science et de ['opinion, sont équivalentes. Pour le platonisme, la science véritable est connaissance de ce qui est, des structures de l'Être, c'est-à-dire des Idées. Il faut entendre par Idées non pas des phénomènes psychologiques, mais des réalités atteintes par l'intellect, par les « yeux de l'âme » (le mot grec pourra se traduire aussi par formes), tels que les nombres, les êtres mathématiques, mais aussi le bien en soi, le beau en soi. Un monde des Idées, un monde intelligible, se distingue ainsi du monde sensible donné par les
«
sensations, les images, les perceptions, monde des « phé
nomènes » multiples et changeants dont nous ne pouvons
avoir une science, mais seulement des opinions.
Au-delà
même des mathématiques, mais à leur exemple, va se
constituer une philosophie première, une métaphysique,
par opposition à une « physique » portant sur les phéno
mènes de la nature (physis).
Cependant, très tôt, cette prétention de la raison a été
contestée.
Toute une argumentation sceptique s'attache à
relever les contradictions du raisonnement tout autant que
celle des perceptions, s'en tient à la suspension du juge
ment, met en cause la possibilité même de saisir un réel
en soi, permanent au-delà de ce qui nous apparaît (le phé
nomène).
Le scepticisme accompagne toute la tradition
philosophique, insistant sur les bornes de la connaissance,
renonçant à tout développement métaphysique, considéré
comme inutile et même néfaste.
En s'en tenant aux proba
bilités de la connaissance sensible, il est toujours associé à
un empirisme.
Les conditions de l'objectivité
Avec Galilée, Descartes et surtout Newton, c'est-à-dire
avec la fondation et le développement, depuis le xv11e
siècle, de la physique mathématique moderne, la question
de la connaissance va se poser en des termes nouveaux.
Le scepticisme est incapable de rendre compte des théo
ries de la physique expérimentale ; il n'est plus possible,
comme le pensait Montaigne, de faire de l'infini mathéma
tique une contradiction de la raison humaine.
Un rationa
lisme d'inspiration platonicienne semble triompher, si,
comme le disait Galilée, la nature parle un langage mathé
matique.
Pourtant, cette science moderne n'est pas la
science des êtres immuables, elle est science des phéno
mènes, science du changement, appuyée sur l'expérience.
C'est la philosophie critique de Kant qui va chercher à en
rendre compte en opérant ce qu'il appellera lui-même une
révolution copernicienne, comparable à celle que fit
Copernic en astronomie quand il donna comme centre du
mouvement circulaire des planètes le Soleil (héliocen
trisme) et non plus la Terre (géocentrisme).
Il n'y a d'objet.
»
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