Devoir de Philosophie

Que signifie "Deviens ce que tu es" et cela est-il facile ?

Publié le 27/02/2005

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   La difficulté pour un être qui change de savoir qui il est - Pourtant, si l'homme est un être qui change, comment définir son identité ? En effet, si un jour, je suis tel et que l'autre j'ai évolué, à quel moment peut-on vraiment dire que je suis moi ? - Nietzsche reprend l'affirmation d'Héraclite, un philosophe grec, selon laquelle le changement ne cesse pas et qu'on ne descend jamais deux fois dans le même fleuve( parce que l'eau a coulé et que là où on est descendu, l'eau n'est plus là même). Mais si le fleuve a changé, l'homme aussi est soumis au changement. Mais alors, si l'homme se transforme sans cesse, peut-il devenir ce qu'il est ? L'homme en devenant, ne deviens pas soi-même mais devient un autre. Ainsi, par exemple, je ne peux pas dire que je suis le même aujourd'hui que quand j'avais huit ans. Pour devenir ce que l'on est, il faut pouvoir au préalable trouver quelle est notre vraie identité. Or, si nous changeons sans cesse, cela est impossible. Dès lors, la maxime de Nietzsche n'aurait aucun sens et ne pourrait correspondre à aucune véritable situation.
 
« Deviens qui tu es « : cette maxime célèbre nous vient de Pindare, un poète lyrique et a été reprise plusieurs fois par Nietzsche, notamment dans son ouvrage intitulé Le gai savoir. Cette sentence se veut un appel envers les penseurs et les lecteurs. Si elle paraît au premier abord simple à comprendre, elle renferme pourtant une complexité de sens. Or, pour juger de la valeur de cette maxime, il vaut pouvoir mettre au jour sa signification. Le verbe « valoir « signifie « être estimé comme ayant une utilité « ou « correspondre à une vérité «. Il s’agit donc dans un premier temps de chercher si cette maxime peut s’accorder à quelque chose de réel et dans un second temps, quelle utilité elle peut avoir. L’homme est un être multiple et il peut être compliqué de savoir ce qu’il est réellement. De plus, la phrase de Nietzsche renferme une contradiction logique. Devenir ce que l’on est, cela signifie qu’actuellement nous ne sommes pas ce que nous sommes. Mais Nietzsche ne veut-il pas dire qu’il nous faut trouver ce qui nous correspond réellement ? de plus, devenir ce que l’on est, n’est-ce pas se défaire des déterminismes sociaux pour essayer de devenir libre, d’être entièrement cause de notre être ?
 


« Un appel à devenir un esprit libre, à accepter ce que l'on est Pourtant, ce qu'il faut comprendre, c'est que la philosophie de Nietzsche est un appel adressé à l'homme pours'assumer et que la valeur de sa philosophie réside non dans la correspondance avec la vérité.

Il rejette d'ailleurs leconcept de vérité, en affirmant que cette dernière n'existe pas et que tout est question de point de vue.

Le but desa philosophie est donc d'être utile, de pousser l'homme à l'action et de ce point de vue, sa maxime peut valoirquelque chose.- Dans un premier temps, Nietzsche se dresse contre la morale et la société qui imposent à l'homme des valeurs etl'empêchent d'agir en toute liberté.

Il enjoint donc de se situer par-delà le bien et le mal.

Cela ne veut pas dire queNietzsche prône le mal.

Cependant, chaque individu doit apprendre à penser par soi-même et ne doit pas tomberdans la paresse en acceptant les idées et les valeurs des autres, sans réfléchir à ce qu'elles représentent et si elleslui sont utiles.

Kant mettait en garde dans la même optique de la paresse des hommes à penser et à agir par eux-mêmes.

Dans qu'est-ce que les lumières ?, il s'aperçoit que beaucoup préfèrent laisser à d'autres le soin de choisir ce qui est bon pour eux.

« La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes,restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs despremiers[…] Si j'ai un livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecinqui décide pour moi de mon régime, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même.

»Dès lors, le « deviens qui tu es » signifie « ne t'arrête pas à ce qu'on dit, réfléchis par toi-même ».

Il s'agit dedevenir des esprits libres.- Il est vrai que l'homme est un être qui vit en société et à en ce sens, il est soumis à des déterminations sociales.Les modes de notre époque, les règles de politesse ou plus généralement les règles morales déteignent sur nous.Freud, inventeur de la psychanalyse, parlera ainsi du sur-moi, une instance psychique qui est l'assimilation desinterdits de la société et qui influence ainsi l'individu dans sa vie et dans sa prise de décision.

Pour véritablementpenser et devenir soi, il faut donc apprendre à se défaire des déterminismes sociaux et parentaux.

Cela est assezcomplexe puisque ces mécanismes sont pour la plupart inconscients.

La pratique psychanalytique tel que Freud l'apensée se donne aussi pour but de permettre à l'individu de prendre conscience de ce qui lui a été transmis enhéritage par son éducation.- La liberté de l'esprit ne réside pas dans le libre-arbitre, dans la possibilité de choisir ces actions, mais dans lacréation.

Bergson reprendra par exemple les analyses de Nietzsche et verra dans le fait d'exister la créationperpétuelle de soi-même.

Il dit dans l'évolution créatrice « Pour un être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même.

» Dès lors, la véritable façon de devenir soi, c'estpeut-être essayer sans cesse de se créer, de s'épanouir.

Michel Foucault, un philosophe du XX ème siècle, verradans la création par chacun de nouvelles manières de vivre, la seule possibilité de résister aux pouvoirs et auxinfluences de la société.

Pour que la maxime « deviens qui tu es » ait un sens, il faut supposer à l'homme au préalable une liberté d'œuvrerpar lui-même et de ne pas être entièrement déterminé.

L'homme ne peut être un être totalement changeant.

Sinon,son individualité changerait sans cesse et il n'y aurait aucune unité dans sa personnalité.

Il faut ainsi admettre qu'ily a quelque chose d'unique et d'original en chaque homme qui cherche à s'exprimer.

Cependant, « devenir ce quel'on est », cela demande un effort, celui de se débarrasser des idées reçues, des opinions que l'on accepte desautres sans y réfléchir nous-mêmes.

Il s'agit donc de devenir un esprit libre et la liberté de cet esprit s'exprimeraitpar la création toujours nouvelle de nous-mêmes et de nos manières de vivre.

C'est la seule possibilité d'êtreresponsable et investit dans tous nos actes.

Dès lors, la valeur de la maxime résiderait dans l'appel fait à chaqueindividu de prendre conscience de ces déterminations et d'œuvrer pour être seul la cause de cet acte.. »

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