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Quelle valeur accorder au principe selon lequel "rien n'est sans raison" ?

Publié le 22/02/2012

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Le terme français de raison est lourd d'une ambiguïté. Il descend du latin « ratio », mot forgé par Cicéron pour traduire le « logos » des Grecs, mélange de logique, de discours et d'ordre. Dans un premier sens, la raison est la capacité générale d'articuler une pensée, d'opérer des distinctions et de produire des énoncés corrects. A ce sens de faculté générale, on peut opposer un sens plus restreint. La raison est alors rapportée à une chose, à un concept : la raison d'un phénomène, la raison d'une guerre ou la raison d'un sentiment. Dans cette acception, on entend par raison une explication générale de l'existence d'une chose et non pas la capacité générale d'articuler une pensée. Mais il faut distinguer « raison » de « cause » ou de « motif » d'une chose. Parler de « cause » renvoie à un système déterministe, où les causes et les effets s'enchaînent, ou bien à un système mathématico-physique. Parler de « motif » s'inscrit dans un contexte d'une théorie de l'intention et des actions volontaires. Le concept de « raison » renvoie, pour sa part, à un principe selon lequel « rien n'est sans raison ». Dans sa forme première, il a été développé par le philosophe allemand Leibniz, sous le nom de « principe de raison suffisante ».Le problème est donc de savoir quelle valeur peut-on véritablement accorder au principe selon « rien n'est sans raison ». Si celui-ci signifie simplement que tout a une raison, ou alors si sous ce principe se cache l'un des axiomes à la base de notre pensée, de notre philosophie. Nous verrons dans une première partie la différence entre cause et raison, entre principe de causalité et principe de raison, pour mieux arriver à établir une définition du principe de raison suffisante. Dans une seconde partie nous étudierons les critiques émises contre le principe de raison suffisante, et en effet dans une troisième partie nous verrons que la valeur du principe de raison suffisante ne sert pas seulement dans la domaine philosophique mais qu'il peut également servir dans le domaine mathématique ou artistique pour essayer d'attribuer une valeur au principe de raison.

« représentations propres sont liées suivant une loi et la forme de cette liaison peut-être déterminée a priori. Pour combiner les acquis de notre première et de notre deuxième partie, il faut revenir sur le sens du terme "valeur"dans l'énoncé du sujet car ce mot contient deux significations : d'une part, la valeur comme validité renvoie à laréalité du principe de raison suffisante défini en fin de première partie, d'autre part, la valeur au sens de jugementporté par des hommes et par rapport à une communauté s'inscrit dans la critique phénoménologique de la deuxièmepartie.

Par ce concept de valeur, il faut donc penser le lien entre la portée réelle du principe de raison suffisante etson élaboration par la pensée humaine.

En effet, comme lorsqu'on parle de valeur d'usage ou de valeur d'échange, lavaleur est toujours la transition d'un ordre à un autre.

Par exemple, elle peut marquer la transition d'un ordrematériel à un ordre spirituel, d'un ordre physique à un ordre économique.

Ici, il importe de voir pourquoi il n'est pascontradictoire d'affirmer que le principe de raison suffisante est le fruit d'une raison humaine, mais qu'il a néanmoinsune existence réelle par ses usages cognitifs et pratiques.

Le principe de la raison suffisante est le moteur de laphilosophie.

Dans Qu'est-ce que la philosophie ? Deleuze écrit : « Tout concept renvoie à un problème, à desproblèmes sans lesquels il n'aurait pas de sens, et qui ne peuvent eux-mêmes être dégagés ou compris qu'au fur età mesure de leur solution.

» (p.

22).

Ce qui pousse donc un homme à la philosophie est un problème auquel il estconfronté et qu'il souhaite résoudre.

Ce problème, si concret qu'il soit, en vérité, renvoie déjà à la notion deconcept.

La conceptualisation pose problème.

Le concept pose problème.

Mais le concept est aussi la solution.

Leprincipe de raison suffisante est le début et la fin de la philosophie.

Il est, en quelque sorte, la raison suffisante dela philosophie.

Cela permet d'attribuer une double valeur au principe de raison suffisante.

Une valeur "stimulante" :parce que penser pose problème, l'homme, éperonné, pour le résoudre, pense.

En cela, le principe est une sourcemotivation.

Mais parce qu'en créant des concepts, l'homme résout aussi les problèmes qu'il se pose, une valeurconstructive peut être dégagée.

La valeur du principe selon lequel tout a une raison, si l'on prête attention aucontexte de sa naissance, est intimement lié aux travaux de Leibniz sur les mathématiques et a son intérêt pour lascience moderne, telle qu'elle émerge à la fin du XVIIè siècle.

Dans le champ des mathématiques, Leibniz s'intéresseaux problèmes théoriques qui en fondent le domaine même.

Il publie ainsi en 1703 un article intitulé « Explication del'arithmétique binaire, qui se sert des seuls caractères 0 & 1 » Cette approche est la plus économe pour approcherl'arithmétique : elle fait appel à l'axiomatique la plus restreinte possible.

Leibniz a fait du principe de raison suffisantele coeur de ses travaux scientifiques et de ses réflexions épistémologiques.

La conviction que tout a une raison sertde dénominateur commun aux champs du savoir.

La science, avant même de s'intéresser à l'enchaînement descauses, est vouée à la formalisation des principes qui constituent la trame même du monde, à partir de laquelle laréalité sensible se déploie. Ainsi, le principe de raison est ce qui motive à penser, à résoudre nos problèmes de conception.

C'est pourquoi onpeut affirmer que le principe de raison est l'un des grands, si ce n'est le plus grand, principe qui permet notreraisonnement possible.

Pour affirmer cela il faut cependant avoir fait une distinction claire entre principe de raison etprincipe de causalité, avoir compris les décharges portées contre ce principe et enfin pourquoi il n'est pascontradictoire d'affirmer que le principe de raison suffisante est à la fois le fruit d'une raison humaine, mais qu'il anéanmoins une existence réelle par ses usages cognitifs et pratiques. Sujet désiré en échange : Peut-on venir à bout d'une croyance par le raisonnement ?. »

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