Devoir de Philosophie

Quels devoirs avons-nous à l'égard de la vérité ?

Publié le 16/01/2004

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Ainsi l'obligation, tout en prenant sa source à l'intérieur de notre conscience, n'en est pas moins transcendante à l'égard de notre nature. Le domaine de la morale n'est donc plus celui de la nature (soumission animale aux instincts) mais n'est pas encore celui de la sainteté (où la nature transfigurée par la grâce éprouverait un attrait instinctif et irrésistible pour les valeurs morales). Le mérite moral se mesure précisément à l'effort que nous faisons pour soumettre notre nature aux exigences du devoir.Il faut bien comprendre la signification philosophique de ce rigorisme. Kant ne nous dit pas que l'honnête homme est exclusivement celui qui fait son devoir douloureusement, péniblement et par contrainte. Il plaint même celui qui fait son devoir sans joie et seulement comme une corvée. Il admet, au point de vue pédagogique, que pour conduire un esprit corrompu dans la voie du bien moral on puisse avoir besoin de lui représenter son avantage personnel, de l'effrayer par la crainte d'un dommage ou d'éveiller en lui des sentiments généreux. Mais au point de vue philosophique il maintient que c'est la pure maxime de la raison qui est le fondement de la morale.Tant mieux, après tout, si l'honnête homme fait son devoir avec plaisir, mais il importe de souligner que ce n'est pas la recherche de ce plaisir qui qualifie son acte comme comportement moral. Ce n'est pas le plaisir pris comme but qui fonde l'action morale de l'honnête homme.

Ce n'est pas la vérité qui nuit au bonheur des hommes, mais la fausseté et le mensonge. en tant qu'être humain, donc en tant qu'être moral, je dois respecter la vérité tout autant que je respecte autrui. Mais, nous n'avons de dvoirs que par rapport à nous-mêmes et par rapport à autrui. Il dépend de nous de découvrir la vérité. Mais, la vérité ne dépend pas de notre volonté. Elle s'impose à l'esprit qui la conçoit.

« pratique.

« La vérité générale et abstraite, disait Rousseau, est le plus précieux de tous les biens.

Sans elle l'hommeest aveugle ; elle est l'oeil de la raison.

C'est par elle que l'homme apprend à se conduire, à être ce qu'il doit être, àfaire ce qu'il doit faire, à tendre à sa véritable fin » (Les Rêveries du promeneur solitaire, IVe Promenade).

Ce quifaisait dire à Schopenhauer que dans la recherche de la vérité, la plupart des hommes n'utilisent les facultés que lanature leur a données, que comme une lanterne qu'on tient devant soi pour éclairer ses pas dans l'obscurité ; ilsn'ont d'autre préoccupation que l'étroit chemin qu'ils suivent.

Rares sont ceux pour qui « la faculté de connaître (...)est le soleil qui révèle le monde ».

C'est donc que nous ne nous représentons guère la quête de la vérité comme undevoir, mais plutôt comme une nécessité.

Impératif hypothétique : si tu veux obtenir les fins que tu poursuis, alors,tu dois chercher le vrai (du moins dans le domaine qui t'intéresse).

Et même la science, que lui demandons-nous leplus souvent ? De satisfaire notre désir de confort, ou nos rêves de puissance.

Et la connaissance de la vérité n'estencore qu'un moyen.S'il est, vis-à-vis de la vérité, un devoir, n'est-ce pas plutôt de la dire? La grande question n'est-elle pas ici celle dumensonge ? Comment nier l'idée d'une obligation de véracité (celle-ci se définissant comme l'intention de dire ce quel'on sait tandis que la notion de vérité concerne toujours le contenu de l'énoncé lui-même)? A supposer qu'on puissequelquefois mentir, voire qu'on doive mentir (et d'ailleurs, le puis-je dans d'autres cas que ceux où je le dois ?), enle faisant, on transgresse bien une interdiction morale (de même que lorsqu'on tue, si l'on peut tuer légitimement).Il n'est pas question, ici, d'entrer dans la vieille discussion sur le droit de mentir.

Mais qu'un tel droit puisse êtrelégitimement accordé ou pas, il paraît clair que le devoir de véracité est un devoir envers des personnes (celles àqui je m'adresse), et non envers la vérité comme valeur.

Véracité et vérité sont d'ailleurs non seulementconceptuellement distinctes, mais encore matériellement disjointes.

D'abord parce qu'en mentant, je ne fais aucunmal à la vérité (pas plus qu'en me trompant) : la vérité est hors d'atteinte de mes paroles ; jamais un mensonge(même cru) n'a changé un énoncé faux en un énoncé vrai.

Ensuite car il suffit que je me trompe pour que la véritésorte de ma bouche au moment même où je mens ! Voyez la nouvelle de Sartre : Le Mur.Du reste, quelque position qu'ils prennent dans le débat sur le mensonge, tous les philosophes fondent cetteposition sur une attitude morale envers autrui.

Aucun ne considère la vérité seule.

Kant condamne le mensongeparce qu'il ruine l'idée même de communication entre les personnes.

Rousseau (Les Rêveries du promeneur solitaire, IV Promenade) examine ' la question du point de vue de la justice : que dois-je à mon interlocuteur ? La question du droit de mentir se pose pour moi parrapport à l'autre, non par rapport au vrai.

Si je n'ai pas le droit, au tribunal,de porter un faux témoignage, c'est bien parce que la vérité doit éclater;mais cette vérité n'a pas sa fin en elle-même.

Savoir n'est pas ici le butultime.

Le devoir du tribunal est de rendre justice, et la vérité n'est encorequ'un moyen. LA MORALE DE KANT Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est unhumaniste.

Il ne saurait admettre que la morale se réduise à l'obéissance à unprincipe extérieur à la personne humaine, que ce principe soit un Dieutranscendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit unÉtat autoritaire qui opprimerait ses sujets sous prétexte de les diriger.

Lamorale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par un autre quenous-même.

Elle exclut l'hétéronomie.

C'est la personne humaine elle-mêmequi est la mesure et la source du devoir.

L'homme est le créateur des valeursmorales, il dirige lui-même sa conduite sans quoi l'agent moral n'agirait pasmais serait agi.

Telle est l'exigence kantienne d'autonomie.Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVIIIe siècle.

Ilest aussi le fils d'une mère piétiste (le piétisme est un luthéranisme fervent ettrès austère).

Élevé dans l'idée que la nature humaine est corrompue par le péché, Kant se méfie des passions, de lasensibilité, des tendances spontanées.

La morale du sentiment telle qu'il l'a découverte chez les moralistes anglaisde son époque et chez Rousseau l'inquiète.

La morale de l'intérêt lui eût fait horreur.

D'un mot, s'il se refuse à fonderles valeurs sur un principe extérieur à la personne humaine, il ne veut pas davantage les subordonner à la nature,aux tendances, à la sensibilité.

Le principe du devoir sera pour Kant la pure raison.

Comme chez Rousseau (qu'il a luattentivement), c'est la conscience qui sera pour Kant la source des valeurs.

Mais il ne s'agit plus d'une conscienceinstinctive et sentimentale, la conscience morale selon Kant n'est rien d'autre que la raison elle-même. 1° LE FORMALISME DE KANT Le bien pour Kant n'est jamais un objet.

Ni la santé, ni la richesse, ni l'intelligence ne sont indiscutablement desbiens car tout dépend de l'usage bon ou mauvais que je déciderai d'en faire.

Une seule chose est bonneinconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent), c'est la bonne volonté, autrement dit l'intentionmorale.

Voici deux commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si bien qu'un enfant achètechez eux à tout aussi bon compte que n'importe qui.

Ces deux commerçants agissent identiquement.

La matière deleur acte est la même.

Mais la forme de l'acte peut différer.

L'un d'eux par exemple n'agit conformément au devoirque par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle.

L'autre ne se contente pas d'agir conformément au devoir,il agit par pur respect pour la loi morale.

C'est ce dernier seul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une bonneintention.

Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas ce qui détermine le jugement moral.

Ainsi «ce qui faitque la bonne volonté est telle ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès».

Il n'y a que l'intention qui compte, etalors même que la bonne intention «dans son plus grand effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi. »

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