Devoir de Philosophie

Quels sont, dans la littérature française, les romanciers qui vous ont paru parler de la terre et des paysans avec le plus de sympathie et de vérité ?

Publié le 30/03/2009

Extrait du document

Début. — La terre et le paysan occupent peu de place dans la littérature classique : La Fontaine, La Bruyère, Fénelon, Rousseau. Avec le romantisme, ce thème s'introduit définitivement et largement dans notre littérature d'imagination et surtout dans le roman.

  • 1. Les initiateurs, à l'époque romantique : Lamartine et George Sand. Le réalisme avec Balzac.

 Le naturalisme : Maupassant et Zola,

  • 2. L'école contemporaine. Très variée, elle peint le paysan et la terre avec le souci de l'exactitude, du pittoresque et de la psychologie : René Bazin, Ferdinand Fabre, Paul Arène, Pérochon, A. de Châteaubriant, Henri Pourrat, Jean Giono.
  • 3. George Sand. Étudions particulièrement un des écrivains initiateurs : George Sand et ses romans champêtres. Trois chefs-d'œuvre : la Mare au Diable, la Petite Fadette, les Maîtres sonneurs. Les paysages, les caractères, les mœurs fidèlement observés. Un style d'une simplicité pleine d'art. Une philosophie de la vie paysanne.

 Conclusion. — Les leçons de la terre.

« Giono (Regain, Colline).Giono est le romancier de la haute Provence, celle des Alpes et Alpilles et de sa population rude, étrange, où lestraditions les plus bizarres, l'âpreté des humeurs et des passions crée des drames violents.

Plus humaine estl'inspiration de Henri Pourrat, romancier de l'Auvergne, mais elle n'en est pas moins vraie : il est même probable quePourrat dans sa modération, son équilibre et sa bonhomie, se tient plus près du réel que Giono, dont la force épiqueexprime peut-être davantage son tempérament propre que le vrai caractère de ses paysans de Manosque.Choisissons, parmi cette lignée d'écrivains, l'un de ceux qui furent vraiment des initiateurs dans ce genre; nousvoulons parler de George Sand.George Sand appartient au Berry.

Elle vit le jour dans le petit hameau de Nohant, dans ce pays de plaines peupittoresques, mais où la campagne est toute de douceur virgilienne, et à deux pas des vallées de la Creuse, auxombres violettes et aux bruyères roses.

C'est là qu'elle eut la révélation de ces rapports intimes entre la nature etl'homme dans la vie rustique, de sorte que son œuvre ne peint pas seulement une province qu'elle sut biencaractériser, mais la vie de la terre et la nature paysanne, dans ce qu'elles ont de général et de permanent.La Mare au Diable, la Petite Fadette, les Maîtres sonneurs, parmi tout un groupe d'œuvres, peuvent être considéréscomme des chefs-d'œuvre.

La Mare au Diable est une idylle rustique : l'amour du veuf Germain, riche cultivateur,pour la petite Marie, jeune servante qu'il finit par épouser de préférence à de plus beaux partis, car elle a gagné soncœur par son tendre dévouement envers l'enfant qu'il lui-a confié.

Il fallait une plume féminine pour rendre cessentiments délicats d'un chaste amour, la pudeur paysanne dans les sentiments, trait bien conforme aux mœurs denos vieilles provinces.

Les scènes du roman sont encadrées par d'admirables paysages.

La page de sa préface sur lelabour est célèbre.

L'ampleur et la délicatesse de touche, le charme profond sont d'une artiste qui sait voir, d'unvéritable poète de la terre.

De cette « poésie du labour », George Sand tire des réflexions sur la condition paysannequi à cette époque étaient neuves et dont nous sentons bien aujourd'hui l'éternelle justesse : Je commence à croirece que je soupçonnais déjà, que certains êtres qui n'ont pas appris à lire en savent plus long que la plupart dessavants de ce monde.

Et d'ajouter : Le plus heureux des hommes serait celui qui, possédant la science de sonlabeur, et travaillant de ses mains, aurait le temps de vivre par le cœur et par le cerveau, de comprendre son œuvreet d'aimer celle de Dieu...

Le rêve d'une existence douce, libre, poétique, laborieuse et simple pour l'homme deschamps n'est pas si difficile à concevoir qu'on doive le reléguer parmi les chimères.

Le mot triste et doux de Virgile :« O heureux l'homme des champs, s'il connaissait son bonheur! » est un regret, mais comme tous les regrets, c'estaussi une prédiction.Dans un roman comme la Petite Fadette, nous avons à la fois un roman de mœurs champêtres et une très fineétude psychologique.

L'héroïne, une fillette étrange qu'on a surnommée fadette (petite fée ou sorcière, selon leparler du pays), sera aimée par deux « bessons » (jumeaux).

Sous l'influence de l'amour, elle se transforme delaideron ridicule en belle jeune fille dont le tact, la tendresse et la bonté saura dénouer le drame de la jalousie entreles deux frères et sauver le bonheur de son foyer.

Autour de cette idylle, les mœurs villageoises, les superstitionspopulaires, les divertissements campagnards, les danses, les costumes sont d'une couleur très juste, sans recherchede faux pittoresque.

On trouverait de même, dans les Maîtres sonneurs, une peinture très curieuse de ces groupesde musiciens, joueurs de musette ou de cornemuse, qui « sonnent » dans les assemblées de village.

Leurorganisation en corporations, avec leurs prérogatives âprement défendues, et les jalousies violentes, qui sedéchaînent entre eux, y sont peintes avec vérité, de même que la rivalité entre les provinces voisines, la Marche etle Bourbonnais, gens de la forêt contre gens de la plaine, bûcherons (bucheux, fendeux) contre laboureurs, muletiersnomades ou ménétriers vagabonds, contre cultivateurs sédentaires ou cornemuseux locaux.Le style de George Sand dans ces romans champêtres est d'une simplicité pleine d'art.

On sent qu'elle s'estprofondément identifiée à ses modèles, la terre et le paysan.

J'essaie de me placer, dit-elle, au sein de ce mystèrede la vie rustique et naturelle, moi, civilisée qui ne sais pas jouir par l'instinct seul et qui suis toujours tourmentée dudésir de rendre compte aux autres et à moi-même de ma contemplation ou de ma méditation.

Elle a su pourtanttrouver la juste note entre un réalisme plat et vulgaire et un embellissement conventionnel.

Ses romans sont,comme le voulait Flaubert pour lui-même, du réel écrit.

Son langage pur où se mêlent sans abus quelques termeslocaux qui donnent au récit un goût de terroir est savoureux tout en restant discret.De toute son œuvre se dégage un charme de douceur que certains se sont trop pressés de déclarer fade.

Parce queses Berrichons ont des mœurs moins âpres que les Morvandiaux de Balzac, faut-il conclure qu'ils soient moins vrais ?On peut remarquer que ceux qui ont vécu dans l'intimité des paysans ont retrouvé sous l'écorce de rudesse desqualités très humaines, des vertus profondes (Lamartine, René Bazin, et plus près de nous Henri Pourrat, LaVarende), et que ce sont plutôt les écrivains citadins, ceux de l'époque naturaliste, surtout Maupassant et Zola, quilui ont été sévères et injustes.

Pourquoi dire, écrivait George Sand il y a un siècle, que le travail des bras estexclusif des fonctions de l'âme? Sans doute, cette exclusion est le.

résultat d'un travail excessif et d'une misèreprofonde, mais qu'on ne dise pas que quand l'homme travaillera modérément et utilement, il n'y aura plus que demauvais ouvriers et de mauvais poètes.

Celui qui puise de nobles jouissances dans le sentiment de la poésie est unvrai poète, n'eût-il pas fait un vers dans toute sa vie.En montrant avec vérité et poésie la servitude et la grandeur paysanne, George Sand a fait une œuvre originale,belle et bienfaisante qui pourrait se résumer dans ces mots : La terre ne ment pas.

Elle apporte aux hommes unesagesse, des leçons saines et bienfaisantes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles