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QUELS SONT LES RAPPORTS DE CONVERGENCES ET DE DIVERGENCES ENTRE LA PHILOSOPHIE ET LA SCIENCE ?

Publié le 22/02/2012

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On oppose assez couramment la pensée scientifique et la pensée philosophique; mais il ne faudrait pas prendre cette distinction à la lettre :il n'y a pas deux modes de penser complètement irréductibles dont l'une ne vaudrait que dans le domaine de la philosophie et l'autre dans le domaine de la science; le savant n'a pas un esprit ou une raison différente de l'esprit ou de la raison du philosophe; tous deux se fondent sur les mêmes principes et sont poussés par le même ressort, le besoin du savoir et surtout de comprendre.
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« humain.En définitive — et c'est peut-être là sa caractéristique essentielle — la philosophie, centrée jadis sur l'esprit pur, surDieu, est centrée aujourd'hui sur l'esprit incarné que nous sommes : de théocentrique elle est devenueanthropocentrique.

Elle cherche à comprendre l'homme, à l'aider à réaliser sa nature d'être pensant.

Mais elle restetoujours orientée vers l'esprit, la science s'orientant toujours du côté de la matière.Par suite de cette orientation longtemps maintenue, se créent des habitudes de penser différentes ou même parfoisopposées : l'esprit philosophique, porté aux grandes synthèses, fait figure de mysticisme aux yeux de maintchercheur positif qui- se défend de dépasser le fait contrôlable expérimentalement.

Mais cette opposition n'est pasinévitable : le philosophe et le savant peuvent collaborer pour le plus grand avantage de l'un et de l'autre. II.

— RAPPORTS DE COLLABORATION. Ayant toutes deux pour mission de donner une explication du monde, la philosophie et la science peuvent, enconjuguant leurs efforts, atteindre plus pleinement leur but respectif et parvenir ensemble à une satisfaction pluscomplète de l'esprit. A.

Ce que la philosophie reçoit de la science. — Les philosophes qui, jadis, se confondaient avec les savants, continuent à s'appuyer sur les acquisitions des disciplines qui se sont détachées du tronc de la philosophie. a) Les données de l'expérience vulgaire suffirent, il est vrai, aux premiers philosophes pour élaborer les grandesconceptions métaphysiques qui conservent encore toute leur valeur.

Mais ces données ne constituaient passeulement la science de l'époque; elles représentent le fonds commun de la science de tous les temps.D'ailleurs les progrès de la science entraînent un certain progrès de la philosophie.

L'ontologie ne gagnera peut-êtrepas grand chose aux découvertes faites depuis un siècle dans le domaine de l'infiniment petit : l'exercice des senset la réflexion sur soi-même lui suffisent.

Mais il n'en est pas de même de la métaphysique spéciale.

Dans cedomaine, les progrès de la science permettent de poser avec plus de précision les problèmes classiques et même deles mieux résoudre.

Ainsi les théories physiques relatives à la constitution de la matière permettent de concevoird'une façon plus concrète les théories classiques dénommées mécanisme et dynamisme.

La théorie de la relativiténous amène à rejeter en métaphysique les théories réalistes de l'espace et du temps.

L'évolutionnisme entraîne unesimplification de notre conception de l'action créatrice de Dieu, etc. b) A plus forte raison la logique qui, pendant des siècles, s'est bornée à l'analyse et à la reconstruction de la penséecommune s'est-elle considérablement enrichie lorsque l'essor des sciences, dans les temps modernes, l'a amenée àintégrer dans son programme l'étude des méthodes scientifiques.Les découvertes de la physiologie et de la médecine sont si profitables à la psychologie que, de plus en plus, lesspécialistes de cette discipline se recrutent parmi les médecins.La morale enfin, bénéficie du progrès de la psychologie et en général du progrès des sciences qui ont pour objet laconnaissance de l'homme : connaissant mieux celui qu'elle prétend diriger vers son idéal, elle découvre desméthodes plus faciles et plus efficaces.Aussi le philosophe n'est-il pas le spécialiste systématiquement étranger à tout ce qui n'est pas de son rayon.

Si saformation ne lui permet pas se plonger dans les études techniques de mathématiques ou de physique, du moins nenéglige-t-il pas les ouvrages de haute vulgarisation qui lui permettent de se tenir au courant des idées scientifiques. B.

Ce que la science doit à la philosophie. — Il fut un temps durant lequel les savants ne montrèrent pas à l'égard des philosophes la même compréhension.

Lorsque sévissait le scientisme, rien ne comptait pour un espritéclairé en dehors des acquisitions de la science qui, pensait-on, allait donner l'explication dernière de, tout, et laphilosophie était tenue pour une spéculation sans objet.

Mais de nos jours l'attitude des savants est, en général,bien différente. a) Le philosophe est un collaborateur précieux du savant dont il approfondit les recherches et dont il exploite lesméthodes.La science, en effet, n'explique pas tout.

A mesure qu'elle avance dans le royaume de l'inconnu ou de l'inexpliqué,l'énigme que posent la pensée, la vie, l'existence change bien quelque peu de visage : elle se profile toujours àl'horizon du penseur qui sait lever les yeux au-dessus du domaine étroit de ses recherches spéciales.

Et alors, toutnaturellement, le savant, conscient du mystère auquel il vient buter, interroge le philosophe qui, par profession,réfléchit sur ces problèmes qui débordent le cadre des disciplines particulières.

Sans doute, ces contacts ne luiprocurent pas toujours une réponse péremptoire aux questions qu'il se pose; du moins lui élargissent-ils l'esprit quis'ouvre à des hypothèses qu'il n'aurait pas conçues.Du reste c'est parfois le philosophe lui-même qui, ayant assimilé l'acquis de la science de son temps, propose deshypothèses qui éclaireront les savants eux-mêmes et seront pour eux des instruments de progrès : les grandesthéories physiques de DESCARTES sont d'un philosophe plus que d'un savant, et BERGSON n'a pas peu fait pourstimuler la pensée des biologistes.Ce qui est plus commun, c'est de voir le philosophe se pencher sur les cheminements de la pensée scientifique pourdégager ses grandes lois et préciser ses méthodes.

Les savants, d'ordinaire, répugnent à ce travail de réflexion surleurs démarches spontanées.

Les philosophes s'en chargent et amènent ainsi le chercheur des laboratoires- àprendre conscience des méandres par lesquels passe son esprit avant d'aboutir à l'éclair de la découverte. b) Mais pourquoi, nous dira-t-on, avec certains savants, faire appel au philosophe ? Le savant ne peut-il pas,s'appuyant sur les données qu'il connaît mieux que quiconque et en adoptant le mode de penser du philosophe,. »

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