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Qu'est-ce que la méthode expérimentale ?

Publié le 27/02/2005

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    1-      Un rejet de la déduction formelle   a)      Abandon de la méthode déductive La méthode expérimentale constitue une promotion radicale du monde sensible qui accède ainsi au statut d'objet connaissable alors qu'il nous est donné comme mouvant, relatif à nous et multiforme. En cela, elle est d'abord rejet de la déduction qui fait peu (voire pas) de cas de l'expérience sensible. Descartes, dans sa fameuse analyse du morceau de cire, rejète les données de l'observation sensible au profit de la seule déduction par l'entendement des qualités premières. La méthode, régressant du complexe au simple est métaphysique et purement mentale.   b)      constitution de l'objectivité factuelle derrière le vécu de la sensation Au contraire, la méthode expérimentale, au lieu de partir des principes, procède à l'inverse. Il s'agit d'objectiver le réel, c'est-à-dire d'abstraire un cas particulier du divers (au lieu de postuler une nature simple). Il y a ainsi opération de synthèse : immobilisation, sélection, simplification. La réalité sensible se trouve ainsi unifiée autour du corps percevant selon une dialectique où la technique joue le rôle de médiation : elle permet la reproductibilité de l'expérience en extériorisant la sensation (la rendant présentable à tous) sous l'aspect objectif de la mesure. Ainsi pour Galilée, l'abstraction mathématique n'est pas coupée des faits mais elle s'opère dans le concret, est présente dans la réalité perçue, à condition qu'on objective le perçu en le généralisant, c'est-à-dire en simplifiant les objets d'expérience. Enjeu : unité de la multiplicité sensible n'est pas détachée et d'essence purement mentale, mais elle est hic et nunc dans les phénomènes.

Analyse du sujet :

 

-         Le terme de méthode nous invite à réfléchir sur un processus réglé et ordonné vers un but, sur une dynamique.

-         La méthode est ici expérimentale, c’est-à-dire qu’il faut définir (« Qu’est-ce que «) ce terme par lequel on désigne une certaine manière de découper dans le champs de l’expérience, en tant que contact avec la réalité, un mode spécifique de cet accès au réel : le mode scientifique. C’est cette modalité de la connaissance qu’il faut dégager et développer.

-         Enjeu = identifier quelle méthode d’expérience convient à la science. En quoi cette démarche constituerait-t-elle le fondement de la « scientificité « d’un énoncé ?

-         Il convient d’emblée de remarquer que, en dépit de ce que l’étymologie peut suggérer, le caractère expérimental de cette méthode en question n’est pas strictement redevable à l’expérience au sens large (= contact sensible avec le réel). Au contraire, l’expérimentation est méthodologiquement tributaire d’une certaine théorie ; en conséquence, ce qu’il faut définir, c’est le rapport de cette théorie avec la démarche scientifique et à quel moment de l’expérimentation intervient-elle (antérieure de sorte que les expériences ne sont jamais innocentes et donc subjectives ou bien postérieures de sorte que la science est vouée à progresser par tâtonnement au gré des faits collectés ?)

 

Problème : la méthode expérimentale est-elle une vérification, preuve rétrospective d’une théorie déjà construite ou bien fonctionne-t-elle davantage comme induction, production d’énoncés tirés de l’expérience ? Quelle place assigner à l’expérience dans la production d’énoncé scientifique ? Est-elle première (principe méthodologique directeur, point de départ commandant toute recherche) ou bien postérieure (procès par lequel la science observe le donné qui validera ou non les prédictions de la théorie) ?

 

« b) Il n'y a pas d'observation innocente Bachelard : « l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisentl'esprit à réfléchir avant de regarder […] il faut que le phénomène soit trié,filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments [… ) Or les instrumentsne sont que des théories matérialisées.

Il en ressort des phénomènes quiportent de toutes parts la marque théorique ».La méthode expérimentale, dans son usage d'instruments de mesure ousimulation, réalise la théorie en même temps qu'elle idéalise le phénomène : le fait expérimental n'est donc pas un fait empirique mais un fait théorique de sorte que les atomes et les molécules n'ont aucune réalité observableindépendamment de la théorie atomique si bien que l'observateur nepossédant pas cette théorie n'observe finalement rien.

• Pour donner leur place à la théorie et à l'expérience dans la constitution dela connaissance, il faut relever que la connaissance du monde passe aussi parla connaissance du sujet connaissant lui-même.

C'est ce que dit Kant, quivise notamment à sortir de l'antithèse entre Locke et Descartes.• Dans l'épistémologie moderne de Bachelard, les «données» de l'expériencene sont jamais «données» spontanément, mais sont construites grâce àcertains instruments (par exemple, le calcul de la trajectoire d'une comètedépend de la précision du télescope qu'on utilise).• Les instruments eux-mêmes ne sont pas «donnés»: le scientifique les construit lui-même pour tester une théorie qu'il a élaborée avant même que les «faits» qu'il décrit n'aient été rendussensibles.

D'où l'idée que l'instrument «matérialise» une théorie: pour l'inventer, il fallait que la théorie ait déjà prévula possibilité des données qu'elle voulait tester.

Transition :La méthode expérimentale est précisément méthodique en ce qu'elle ne doit rien au hasard : elle est toujours, selonles mots de Popper, « chargée de théorie ».Mais si toute expérimentation est déjà tributaire d'une théorie, cela signifie-t-il en dernière instance que les objetsde la connaissance se trouvent pré-constitués par la méthode expérimentale (dont ils ne seraient que la projection)de sorte que la correspondance entre données expérimentales et proposition théorique ne débouche pas sur unevérité ( = garantie ontologique que la nature répond bien à la question posée) mais sur un accord conventionnel ? Que vaut le langage scientifique ainsi constitué ? doit-on accorder à Bachelard que l'expérimentation est toujoursfactice au sens où elle produirait elle-même son phénomène ? 3- LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE COMME MISE À L 'ÉPREUVE OU CONTRÔLE DES THÉORIES Le contrôle par les faits n'est pas un critère de certitude : il s'agit d'une mise à l'épreuve de la théorie qui est telle que le propre d'une théorie scientifique est moins d'être vérifiée par l'expérience, confirmée, que d'êtresusceptible de se soumettre à un contrôle expérimentale.Autrement dit, la méthode expérimentale est gage de scientificité d'une proposition théorique pour autant qu'elle estfacteur de falsifiabilité (Popper). L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succèsscientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'iln'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie del'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, lesavant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires etuniversellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est« métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliersvérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs. » Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout. »

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