Devoir de Philosophie

Qu'est-ce qu'un devoir moral?

Publié le 30/03/2005

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*Or si un système de valeurs est jugé comme suprême par une société, il l'est pas nécessairement pour une autre. Les devoirs sont relatifs à un groupe et peuvent s'opposer à ceux reconnus par d'autres groupes. Ainsi, même si la décision de Socrate signifie que le devoir permet de vivre hors d'une volonté repliée sur elle-même, son modèle de conversion n'est pas universalisable. En effet, il nous paraît inacceptable de condamner à mort un homme pour raisons d'impiété et de corruption de la jeunesse. Si la loi, du temps de Socrate, prescrit ce qui est légal, elle ne vaut que pour cette communauté historique donnée. De notre point de vue, elle n'est pas légitime, c'est-à-dire qu'elle n'oblige pas universellement. *Par delà la simple légalité, à quoi nous oblige le devoir ?  3-Le devoir ne doit pas seulement valoir pour lui-même, mais être universalisable afin d'être proprement moral. *Le devoir social élève la valeur de notre action au-dessus de l'intérêt égoïste. Mais il peut s'opposer à l'obligation morale dans le sens où il n'exprime pas légitimement une exigence d'universalité.
 
Analyse :
• Un principe essentiel de l’exercice philosophique tient dans la construction d’une problématique. Il vaut pour tout type de sujet qu’il s’agisse d’interroger une notion ou d’envisager un rapport entre notions. (ex : les passions empêchent-elles de faire notre devoir ?). Quelle est sa finalité et que présuppose-elle ? Une problématique sert à lier les différents moments de la pensée et les diverses parties d’une dissertation de sorte que s’exprime un authentique acte de réflexion ( faire sien ce qui est pensé dans le monde). Elle est la garantie que vous ne vous réfugiez pas derrière des lieux communs.
Or pour construire une problématique, il est nécessaire d’organiser ces connaissances au moyen de distinctions conceptuelles. C’est le sens des repères mentionnés dans le programme.
• Se demander ce qu’est le devoir moral, c’est s’interroger sur son essence ou sa nature. Il peut être intéressant d’envisager les trois distinctions conceptuelles suivantes :
• sujet moral : contrainte / obligation
• autorité : légalité / légitimité
• personne : communauté / idée d’humanité
Problématique :
Le devoir moral s’impose à chacun comme une contrainte ou une obligation ? Si le but du devoir tend à séparer l’individu de son intérêt égoïste, ne peut-il le faire d’abord que par l’obligation sociale ? Enfin, le devoir social ne doit-il pas être dépassé pour agir réellement par obligation morale ?
 


« impuissance de commettre l'injustice.

Gygès était berger.

Lors d'un tremblement de terre accompagné d'un orage, laterre se fendit pour laisser apparaître une crevasse.

Il y descendit et trouva un cheval d'airain, creux à l'intérieur,qui recélait le cadavre d'un géant.

Au doigt de ce cadavre était une bague en or que Gygès déroba pour la passer àson doigt.

Puis il remonta et assista au soir à une assemblée de bergers qui faisait au roi un rapport sur l'état destroupeaux, et machinalement tourna la bague autour de son doigt.

Lorsque le chaton de celle-ci était à l'intérieur desa main, il devenait invisible.

S'il le retournait à l'extérieur, il redevenait visible.

Conscient de son pouvoir, ils'introduisit dans le palais du roi, séduisit la reine, tua le roi, et s'empara du royaume.

Tout homme doté d'un telpouvoir miraculeux, qu'il soit d'un naturel juste ou injuste, n'aura pas le tempérament assez fort pour résister à latentation d'en user, pour voler le bien d'autrui, tuer, séduire, "faire comme un dieu parmi les hommes".

Ce récitmontre que nul n'est juste par choix mais par contrainte, que l'on ne tient pas la justice pour un bien individuel, etque chaque fois qu'il est possible de commettre l'injustice, on le fait.

• Si nous avons envisagé la condition du devoir et ce qui s'y oppose, demandons-nous quelles sont sa nature et sonorigine ? 2-Le devoir moral nous libère de notre intérêt égoïste et s'enracine dans l'obligation sociale.

• La fable de Platon enseigne que le principe essentiel de l'action tient dans l'intérêt naturel et égoïste.

Le devoir,comme limitation de l'égoïsme, n'intervient que dans un calcul des douleurs et des plaisirs.

S'il est reconnu par lavolonté, c'est parce que le châtiment associé procure plus de peines que de satisfaction.

Mais, si, dans l'invisibilité,je m'interdis d'agir pour satisfaire mon égoïsme, bien que je ne craigne aucun châtiment, c'est que j'obéis à un autreprincipe d'action.• Ce principe d'action est réellement le devoir.

Il me commande d'agir pour lui-même et non parce qu'il est un moyenpour satisfaire mon égoïsme et quel qu'en soit les conséquences.

Dès lors, le devoir nous arrache à notre liberténaturelle qui ne fait que suivre l'impulsion égoïste pour nous ouvrir à la liberté morale.• Socrate peut être considéré comme un modèle de conversion à la liberté morale.Dans le Criton , Platon rapporte les raisons pour lesquelles Socrate a refusé de s'évader afin d'échapper à la mort. D'après Socrate, il serait bien plus condamnable de s'opposer au verdict de son jugement que de chercher àconserver sa vie.

Car au-delà du verdict, Socrate obéit aux lois de la cité qui l'ont nourri, éduqué et sans lesquels iln'aurait pu être un citoyen.• L'expérience de Socrate conduit à s'interroger sur l'origine du devoir moral.Il est avant tout le fruit d'un processus de socialisation.

La société impose de nombreuses règles de conduites, desnormes et des valeurs que nous intériorisons lors de notre éducation.

Elle constitue donc une morale collectivenécessaire au maintien de la cohésion du groupe et reconnue par ses membres comme la valeur suprême.

C'est ainsique ce système de valeurs est justifié comme étant d'origine divine.• Or si un système de valeurs est jugé comme suprême par une société, il l'est pas nécessairement pour une autre.Les devoirs sont relatifs à un groupe et peuvent s'opposer à ceux reconnus par d'autres groupes.

Ainsi, même si ladécision de Socrate signifie que le devoir permet de vivre hors d'une volonté repliée sur elle-même, son modèle deconversion n'est pas universalisable.

En effet, il nous paraît inacceptable de condamner à mort un homme pourraisons d'impiété et de corruption de la jeunesse.

Si la loi, du temps de Socrate, prescrit ce qui est légal, elle nevaut que pour cette communauté historique donnée.

De notre point de vue, elle n'est pas légitime, c'est-à-direqu'elle n'oblige pas universellement.• Par delà la simple légalité, à quoi nous oblige le devoir ? 3-Le devoir ne doit pas seulement valoir pour lui-même, mais être universalisable afin d'être proprementmoral.

• Le devoir social élève la valeur de notre action au-dessus de l'intérêt égoïste.

Mais il peut s'opposer à l'obligationmorale dans le sens où il n'exprime pas légitimement une exigence d'universalité.

Envisageons le contenu d'unrapport à autrui impliquant une dimension d'universalité.• Cette dimension est présente dans l'idée chrétienne de l'amour du prochain.La parabole du bon Samaritain peut illustrer le développement.Un homme gisant dans un fossé après une agression voit un prêtre et un lévite croisés son chemin sans lui porterassistance.

Le texte ne dit pas pour quelle raison ils ne s'arrêtent pas, mais une interprétation suppose que le prêtreet le lévite n'ont pas voulu toucher cet homme parce que, s'il était mort, la loi l'interdisait.

Or le Samaritain n'hésitepas à se porter au secours de cet homme en dépit des interdits prescrits par la loi.

La souffrance de mon prochainexige une assistance sans condition, qu'il soit de telle ou telle communauté, de telle ou telle couleur, qu'il soit bonou méchant.• Mais tant que l'amour du prochain ne sera pas présent en chacun de nous, c'est-à-dire tant que les hommesseront ce qu'ils sont, comment penser l'exigence d'universalité du devoir moral ?. »

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