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Qu'est ce qu'un homme heureux?

Publié le 07/01/2005

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Étymologiquement, le bonheur, c'est le bon heur, où le terme heur signifie fortune, chance. La fortune, c'est donc la configuration provisoire des événements, des choses et des personnes. Le bonheur, c'est donc le moment où cette configuration est bonne, il se distingue du malheur. Le bonheur, c'est par exemple de rencontrer l’âme sœur au coin d’une rue, tandis que le malheur, c'est une averse inopinée. Bonheur et malheur ne sont donc des notions pertinentes que dans un monde soumis au changement, où des événements heureux ou malheureux peuvent advenir. Le temps semble donc être la condition de possibilité du bonheur comme du malheur. Mais le changement met également en péril la stabilité de tout état. En effet, ce que l’on appelle couramment être heureux n’a pas cette connotation de fragilité : le vrai bonheur semble ne pas être relatif aux circonstances extérieures, mais quelque chose de bien plus stable. Mais alors, un homme est-il heureux en raison des conditions extérieures qui déterminent sa vie, ou est-il heureux indépendamment et parfois même en dépit d’elles ?

 

I.                    Un homme heureux est un homme qui mène une vie de plaisir

II.                Le bonheur est un état stable qui ne peut simplement reposer sur la satisfaction des plaisirs.

III.             Pourquoi il est si difficile de savoir ce qu'est le bonheur.

« pas le printemps.

C.

Épictète, dans son Manuel explique que pour être heureux il faut opérer une distinction cruciale entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.

Le corps, la richesse, la réputation, le pouvoir nedépendent pas de nous, tandis que notre jugement, nos impulsions, notre désir, nos aversions sont en notrepouvoir.

Celui qui ne tient pas compte de cette distinction est malheureux, troublé, parce qu'il fait reposerson bonheur sur des événements extérieurs, si l'on vise ce qui ne dépend pas de nous, nous seronsmalheureux.

Il faut donc entièrement s'appliquer à faire reposer notre bonheur sur ce que l'on peut maîtriser.Voici l'exemple que l'on peut lire au paragraphe 43 du Manuel : « toute chose a deux anses, l'une par où il est possible de la porter, l'autre par où c'est impossible.

Si ton frère se conduit injustement, ne prends pas lachose sous cet angle : qu'il se conduit injustement (car c'est l'anse par où il est impossible de la porter),mais plutôt sous cet autre : qu'il est ton frère, qu'il a été élevé avec toi, et tu prendras la chose par où il estpossible de la porter ».

L'homme heureux est donc celui qui parvient toujours à appréhender les choses demanière à pouvoir les porter (on pourrait aller jusqu'à dire « les supporter »).

C'est là ce qu'on appellel'ataraxie, l'absence de troubles, seul bonheur compatible avec la condition humaine. III. Pourquoi il est si difficile de savoir ce qu'est le bonheur. A.

La définition à laquelle nous sommes arrivés peut paraitre décevante, puisque le bonheur, si on l'identifie àl'ataraxie n'est plus qu'un terme négatif : absence de trouble et d'inquiétude.

La réflexion que nous avonsmenée nous a pourtant conduits à situer le bonheur authentique en dehors de la sphère changeante dessatisfactions extérieures.

Pourtant, il semblerait que cette définition soit très éloignée de ce que nousenvisageons spontanément comme étant une vie heureuse.

Si un homme heureux n'est rien d'autre qu'unhomme qui ne connait pas le trouble et l'inquiétude, sa vie est-elle vraiment différente de la vie d'une pierre ?comment expliquer cette contradiction entre le bonheur tel que nous le pensons philosophiquement et lebonheur tel qu'il nous apparait spontanément, tel que le véhicule les images publicitaires, mais aussi lalittérature et le cinéma ? B.

C'est certainement chez Kant que l'on peut trouver une des plus éclairantes explications sur la conceptiondu bonheur.

« Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a touthomme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce quevéritablement il désire et il veut.

La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept dubonheur sont dans leur ensemble empiriques, c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés à l'expérience; etque cependant pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent etdans toute ma condition future, est nécessaire ».

En effet, le bonheur est un concept qui tout en évoquantdes situations empiriques déterminées (telles que être riche, être beau, être aimé et ainsi de suite) estconçu comme un tout absolu, c'est-à-dire un idéal qui dépasse toute expérience empirique.

Le bonheur estdonc un concept de l'imagination, qui reste indéterminé.

C'est là tout le paradoxe : nous pensons à la foisque le bonheur est quelque chose qui dépasse les données empiriques, et à la fois, nous nous lereprésentons au travers d'un ensemble de situations déterminées. « Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans monétat présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il estimpossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on lesuppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il paspar là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ?Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour luireprésenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présentse dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien quecharger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peineà satisfaire.

Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps adétourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il estincapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principece qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudraitl'omniscience.

[…] Il suit de là que les impératifs de la prudence, à parlerexactement, ne peuvent commander en rien, cad représenter des actionsd'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenirplutôt pour des conseils que pour des commandements de la raison ; leproblème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle actionpeut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à faitinsoluble ; il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, ausens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendraitvainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquencesen réalité infinie… ». »

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