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Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?

Publié le 03/01/2020

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duits du commerce, ou même des produits artisanaux mais on dit des œuvres d’art. C’est que l’œuvre d’art réside peut-être dans cette impossibilité à séparer la forme de. la matière, Or c’est ce couple forme-matière (ces deux notions de forme et de matière viennent, notons-le au passage, d’Aristote), qui constitue la caratéristique du produit ; le produit serait la matière informée, ou, si l’on préfère, l’application d’une forme à une matière. Le produit occupe ainsi une position intermédiaire entre la simple chose, par exemple ce caillou sur le bord du chemin, et l’œuvre d’art, par exemple un tableau de Van Gogh. Ce qu’il y a de commun, du moins à première vue, entre la chose et l’œuvre d’art, c’est que toutes les deux comportent une plénitude. « L’œuvre d’art, par cette présence se suffisant à elle-même qui est le propre de l’œuvre, ressemble plutôt à la simple chose reposant pleinement en cette espèce de gratuité que la spontanéité de son être lui confère » (Chemins p. 21). Seulement on aperçoit ici que la plénitude de l’œuvre d’art n’est pas celle de la chose. Il nous faut tâcher de préciser maintenant en quoi consiste le caractère d’auto-suffisance de l’œuvte d’art.

La plénitude du caillou signifie bien que le caillou se suffit à lui-même, qu’il n’y a aucun écart. Mais cette autosuffisance est parfaitement naturelle. Dans l’œuvre d’art au contraire, c’est le sensible qui est sens. Que le sensible soit lui-même sens, ce qui veut dire que le tableau est ce qu’il nous montre ou que le poème ne nous dit que soi (1), voilà qui a fait souvent scandale pour la réflexion philosophique qui se déploie dans l’ordre du discours. C’est ici qu’il nous faut comprendre toute la différence qui sépare le langage de l’œuvre d’art. L’on a pu, d’un point de vue linguistique, définir le langage, comme étant un système de signes. Ce qui caractérise le signe linguistique, c’est l’écart entre le signifiant et le signifié. Or dans l’œuvre

(1) C’est parce que le poème se suffit ainsi à soi-même (cette autosuffisance étant le comble de la richesse de sens) que René Char peut écrire : « L’observation et les commentaires d’un poème peuvent être profonds, brillants ou vraisemblables, ils ne peuvent éviter de réduire à une signification èt à un projet un phénomène qui n’a d’autre raison que d’être » (Recherche de la Base et du Sommet, Gallimard.)

■ Ce que nous pouvons peut-être entrevoir maintenant, c’est que l’œuvre d’art nous introduit au centre de la question sur l’essence de l’art. C’est bel et bien en effet à partir de l’art que l’on peut parler de l’œuvre et des artistes. Cette question sur l’essence de l’art nous ne pouvons pas bien sûr tenter d’y répondre ici. C’est qu’elle est au centre de l’interrogation philosophique. Comme telle, elle est ainsi mise en rapport avec la question de la vérité. La question sur l’essence de l’art appartient à l’histoire de la philosophie, ou plutôt elle se confond avec elle, en tant que cette histoire est notre histoire.

« ESTHÉTIQUE ·a1 Nous conseillons en outre : · Kant : Criti'iue de la Faculté de juger (Vrin).

Hegel : Es~hétique (morceaùx choisis : collection les grands textes, P,U.F.).

.

'.

Alain : Propos sur l'Esthétique.

(P."Ç.F.).

, Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? Il semble que no:us ne puissions pas répondre à cette ·question si nous ne savons pas d'abord ce qu'est l'art.

n ..

faudrait donc ainsi nous interroger sur l'essence de l'art.

Mais admettons que nous laissions cette dernière question en suspens, et deman: dons-nous où se trouve l'art.

Il· nous faut alors répondre : dans l'œuvre .• « Ce qu'est l'art, il nous faut le salijir à partir de l'œuvre.

Ce qu'est l'œuvre, nous ne le recueille­ rons que par la compréhension de l'essence de l'art.

N'est-il :eas clair que nous tombons dans un cercle vicieui: ? » (Heidegger.

Chemins, Gallimard, p.

12).

Ne peut-on pas essayer d'éviter ce cercle ? Nullement.

Mais il ne s'agit pas tant de dénonce~ ce cerle comme un scandale· pour.

l;a.

logique, comme un cercle vicieux, que de le comprendre en s'y engageant résolument.

' .

Interrogeons~nous donc sur le caractère propre de l'œuvre d'art.

Ce qui alors nous frappe en premier lieu, c'est que l'œuvre d'art se donne à nous app~emment comme n'importe quelle autre chose.« La toile est accro­ chée au mur comme un fusil de chasse ou un chapeau ••• On expédie les œuvres comme le charbon de la Ruhr ou les troncs d'arbre de la Forêt Noire ...

Les quatuors de Beethoven s'accumulent dans les réserves des mai­ sons d'éditions comme les pommes de terre dans la cave.» (Chemins, p.

13).

Heidegger n~us rappelle ainsi que l'œuvre d'art est d'abord une chose.

Mais sans doute n'est-elle · pas que cela.

Sans vouloir reprendre ici 'l'ensemble du texte de Heidegger sur « l'origine de l'œuvre d'art », nous ·reprendrons, de façon trop succincte, fa distinction qui est faite dans ce texte entre la chose, le produit et l',œuvre.

Alors que c'est la présence spontanée qui semble caractériser la chose, le produit se laisse plutôt caractériser comme matière ouvragée.

En cela il a bien 1 du rapport avec l'œuvre, mais il n'est pourtant pas une œuvre~ Dans le langage courant, on parle, par exemple des pro·. »

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