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Qu'est-ce qu'une vérité qui change avec le temps ?

Publié le 04/06/2009

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Qu'est-ce qu'une vérité qui change avec le temps ?

Analyse du sujet

 

  • La vérité semble se définit de prime abord comme la correspondance entre l’idée que l’on a sur une chose et la réalité de cette chose, c’est-à-dire plus précisément comme la conformité du discours à un objet réel. Dès lors la vérité prend appui sur la réalité même et cette réalité, devant faire l’objet d’un discours adéquat, doit avoir elle-même intrinsèquement un critère de vérité. Or, si la réalité doit avoir un tel critère, il semble que la vérité soit alors changeante, au sens où s’appuyant sur un monde sensible en devenir, elle doit nécessairement être elle aussi en devenir. Dès lors, il semble que la vérité soit changeante, au même titre que le monde sensible, dans la mesure où elle prend appui sur lui. Mais se pose alors le problème de la stabilité de cette vérité et de la connaissance qu’elle entraîne.
  • En effet, si la vérité est changeante, comment avoir une connaissance stable des choses ? faut-il verser dans le scepticisme et dire que nous ne pouvons connaître les choses sensibles, que nous ne pouvons pas avoir de vérité les concernant, notre raison ayant besoin de stabilité ? Faut-il dire alors qu’il n’y aurait de vérité qu’intelligible, c’est-à-dire portant sur un monde « suprasensible « coupé de tout devenir, de tout changement et de toute instabilité, étant quant à lui dans le domaine de l’immuable ?
  • Si la vérité peut changer, alors il faut savoir selon quelle modalité elle change. Mais une vérité changeante est-elle encore une vérité ? La vérité n’est-elle pas au contraire ce fondement sûr et stable de la connaissance sur lequel on peut s’appuyer justement dans la mesure où il est stable et non changeant comme peut l’être l’opinion ou la croyance par exemple ? Si la vérité change, le fait-elle de manière aléatoire, suivant les aléas de la nature ? Mais n’a-t-on pas toujours des vérités en nous-mêmes, immuables, éternelles sur certaines choses ? Il semblerait qu’il faille distinguer plusieurs vérités, mais la vérité n’est-elle pas toujours une ? Distinguer plusieurs types de vérités, n’est-ce pas abolir la vérité ?

 

Problématique

 

La vérité est-elle tributaire de la réalité sensible et toujours en mouvement, ne donnant pas de connaissance stable sur les choses, ou est-elle immuable, assurée dans son fondement, nous donnant une connaissance certaine, ou tout au moins stable, mais devant se modifier pour donner accès à une connaissance toujours an progrès ; la vérité étant alors du domaine de la recherche ? Une vérité qui change est-elle encore une vérité à proprement parler ? N’est-ce pas le caractère péremptoire et définitif de la vérité qu’il faut ici remettre en cause au profit d’une vérité toujours provisoire, à falsifier ?

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« sur la chose en question ? Si aucune vérité sur le sensible n'est possible, cela veut-il dire qu'aucuneconnaissance du sensible n'est possible ? Faut-il alors mettre l'accent sur le caractère intelligible de la vérité,permettant la stabilité et même la possibilité de la connaissance ? II.

Pourtant, pour être telle, la vérité doit être immuable par delà les changements : elle doit être stable afin de garantir la connaissance Il semble que la pensée rationnelle ait besoin de stabilité afin de trouver et dire la vérité.

Elle s'exerce mal surce qui est mouvant et fluent.

Dès lors pour qu'il y ait connaissance et vérité, il faut que les objets ne soientpas pris dans le devenir.

Ces objets sont les Idées chez Platon et c'est à partir d'un monde intelligible que lavérité est possible comme vérité stable immuable et éternelle.

Au livre VI de la République notamment, Platon expose sa théorie des Idées et de la vérité comme vérité immuable et éternelle.

Le statut de l'Idée permetdonc de fonder une vérité, un ordre de l'objectivité, qui fait que la vérité, à l'image des Idées est une, éternelleet immuable.

L'Idée est ce qui est le même pour tout sujet et toute pensée.

Elle n'est donc pas subjectivemais bien au contraire toute objective et est extérieure à l'acte de chacun des sujets qui la saisit.

Les Idéessont les essences, elles sont la vérité même des choses, de la réalité, elles sont « réellement étant », paropposition aux objets matériels qui sont soumis à la temporalité et sur lesquels une connaissance vraie estimpossible donc sur lesquels seule une position sceptique est tenable.

L'Idée éternelle et immuable se définitpar son identité à soi.

Ces Idées sont par exemple les êtres mathématiques.

Dès lors la vérité est une etimmuable seulement si elle porte sur ce qui est la « vraie réalité », c'est-à-dire les essences mêmes deschoses, les réalités intelligibles ou Idées.

Seule une telle définition de la vérité est alors tenable et permet unevraie connaissance, claire et distincte, certaines des choses, sans que soit nécessaire une position sceptiquemarquant l'impossibilité de l'homme à atteindre la vérité du fat de la finitude de sa raison qui ne parvient pas àcerner le changement et le devenir à l'œuvre dans le sensible.Il semble alors que la vérité doive s'émanciper du sensible afin d'être vérité et de permettre une connaissancecertaine des choses.

La vérité ne semble alors pas pouvoir prendre appui sur le sensible tel qu'il se présente ànous, et c'est pourquoi Descartes, dans les Lettres au Père Mersenne , émet la théorie des vérités éternelles, qui consiste à dire que Dieu est la raison de toutes les choses singulières.

Les vérités éternelles ont été poséespar Dieu par un acte totalement libre.

Ces vérités éternelles sont en outre les évidences logiques, lesthéorèmes mathématiques, les lois physiques et les essences des choses.

Aussi toute notre connaissance est-elle fondée sur ces vérités éternelles qui sont les principes de toutes les vérités et connaissances dérivées quel'on peut en tirer ? Dès lors, la vérité est bien cet immuable, cet éternel qui, venant de Dieu ne peut être autrequ'il est.

La vérité est alors stable et ne supporte pas le changement, ayant été crée de toute éternité parDieu.

Il semble bien que l'extraction des vérités du monde sensible soit la condition nécessaire à la conceptionde la vérité comme stable et immuable, seule une telle vérité permettant une connaissance positive et certaineet empêchant sous repli sceptique de la connaissance de l'homme.Cependant, cela semble signifier également que toute vérité sur le sensible lui-même est problématique, voireentraîne nécessairement un scepticisme quant à la possibilité d'une connaissance.

Dès lors, n'est-il paspossible de concilier vérité certaine et connaissance d'un côté et changement dû au sensible de l'autre ? Lavérité n'est-elle pas alors toujours de là une recherche de la vérité, impliquant stabilité et changement, lechangement e=étant non pas le signe d'un échec mais d'un progrès de la vérité ? III. Le propre de la vérité est de changer : le concept de falsifiabilité Il semble que la vérité soit toujours une recherche de la vérité.

En effet, toute vérité semble se définird'emblée comme ce qui est changeant mais non pas au sens de versatile ou aléatoire, mais au sens de ce quiest toujours en progrès pour donner une connaissance toujours plus précise et certaine.

La condition requisepour qu'une chose ou une valeur soit vraie semble alors qu'elle puisse être discutée et ce, en permanence, afinde se rapprocher toujours plus de la connaissance ultime des choses.

Dans son opuscule Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? Kant fait de la liberté d'expression et de son application les conditions de possibilité de la vérité.

En effet, chacun se doit de mettre en commun ses idées, afin que ses opinions ne deviennent pasdes dogmes et puissent recevoir l'aval de la communauté.

Ce sont en effet les autres qui vont me permettrede ne pas errer dans mes jugements.

Seule l'intersubjectivité peut alors permettre à une opinion de quitter sonstatut d'opinion incertaine pour être caractérisée comme vérité.

Dès lors, toute vérité semble être forgée surcette lente progression qui passe par l'intersubjectivité et le tâtonnement.

La vérité est alors ce qui changesans cesse au sens où de nouvelles connaissances apparaissent sans cesse par le biais d'autrui.

La véritésemble donc dépendre de l'intersubjectivité et porte alors sur le sensible, donnant lieu à une véritableconnaissance positive.C'est donc bien sur le sensible, en tant que changeant, que porte la vérité ; et toute vérité est vouée àdisparaître au profit d'une autre, plus proche de la réalité.

C'est l'idée que met en place Bachelard dans laFormation de l'esprit scientifique lorsqu'il explique que toute vérité est une erreur rectifiée.

Les chaînes d'erreur et de vérités s'enchaînent constamment dans la pensée scientifique, et ce, au gré des découvertesqui se font sur le réel.

Or, les nouveaux instruments, la précision toujours plus fine des appareils de mesure etles connaissances déjà acquises ainsi que l'intersubjectivité à l'œuvre au sein de la communauté scientifiquepermettent un progrès constant au sein de la vérité des choses du monde, c'est même ses connaissances quicréent le monde et permettent la vérité.

La vérité est donc ce qui est toujours en progrès et de fait lechangement qui la caractérise n'est pas la marque de son échec mais bien plutôt la marque de son évolution. »

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