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Qui était Blaise PASCAL ?

Publié le 08/06/2009

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PASCAL, Blaise (1623-1662). – Savant et philosophe français. Ardent janséniste (cf. les Provinciales, 1656-1657), Pascal fut aussi un brillant savant (travaux mathématiques, expériences confirmant celle de Torricelli sur le vide, etc.). Dans les Pensées (inachevées ; éd. posthume, 1670), Pascal projetait de prouver la religion ; mais cette preuve ne pouvant être d'ordre scientifique, il s'attarde longuement à considérer la nature humaine pour mieux montrer ensuite combien le christianisme y est conforme.
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« l'épistémologie, Pascal fait figure de réalisateur.

Galilée E055 , lui, qui meurt en 1642, est un technicien de la recherche ; mais s'il a mené à bien des acquisitions géniales, son esprit ne s'est pas élevé jusqu'à une vue d'ensemble des principes et méthodes dont s'inspire la science nouvelle.Descartes H015 , le métaphysicien, méprise cet artisan, ce bricoleur.

Seulement, Descartes H015 lui-même tombe dans l'excès contraire ; sa physique est toute métaphysique, et finalement anticartésienne, par l'infidélité à l'expérience et le recours à une imagination hâtive qui induit la raison ententation.

Pascal expérimente mieux que Bacon, il pense mieux que Galilée E055 , il est plus positif que Descartes H015 .

La préface pour le Traité du Vide, l'essai sur l' Esprit géométrique, fragments inachevés, composent une sorte de discours de la raison expérimentale qui demeure intact malgré les siècles.

Mais cet “ effrayant génie ”, comme disait Chateaubriand L038 , ne s'arrête pas là.

Le théoricien, le savant se complète d'un technicien : la machine arithmétique H037M2 n'est pas un jouet, un thème de science-fiction, ni même une simple maquette.

La cybernétique contemporaine est au bout de l'aventure ; mais en attendant, c'est un moyen de faire fortune, avec brevet à l'appui, fabrication en série, tarif imposé, prospectus, et propagandebien conçue auprès des têtes couronnées.

La reine Christine P069 , qui fascinera Descartes H015 , fournit une publicité admirable pour un appareil qui est d'abord une machine à gagner de l'argent.

De même, la création des carrosses à cinq sols, première ligne de transports en commun, n'estpas projet en l'air, rêve de philanthrope, mais société par actions, dont les actionnaires escomptent la fortune.

Pascal, grand bourgeoisd'Auvergne, tient aussi de l'ingénieur des Arts et Métiers, et de l'entrepreneur capitaliste.

Les deux pieds sur la terre.

Un saint, peut-être, maisréaliste en toutes choses, et singulièrement lorsqu'il s'agit de sa fortune.

Le jeune savant entre de plain-pied dans les batailles d'idées et de principes qui passionnent les chercheurs de son temps.

Il traite d'égal à égalavec Torricelli E125 et Fermat E1142 , avec Descartes H015 et Huyghens E072 , faisant front avec les plus grands contre les résidus tenaces de la mythologie scolastique.

Puis un beau jour, il se trouve mêlé, sans l'avoir voulu, à une autre bataille, non moins grave, sur la ligne de démarcationdu XVIIe siècle, en matière de morale et de spiritualité.

Sa famille appartient au clan janséniste KW113 , et les graves docteurs du parti, conscients de leur infériorité lorsqu'il s'agit de vaincre l'ennemi non seulement devant Dieu et en raison, mais devant les hommes, s'avisent que le jeune Pascalpossède un esprit lucide et agressif.

On lui confie le dossier tout préparé : le livre est prêt, il ne reste plus qu'à l'écrire.

Aucun chef-d'oeuvre, autantque les Provinciales H037M3 , n'est une oeuvre de circonstance.

Le génie de Pascal y dévoile certains de ses aspects les plus inquiétants, des trésors de méchanceté et de mauvaise foi, au besoin, pour le service de la bonne cause.

En face du jésuite, Pascal fait flèche de tout bois pourécraser l'infâme, depuis la sainte colère jusqu'à l'ironie voltairienne, au calembour, à la perfidie même.

Le provincial est le chef de file de tous lesPersans, Hurons, Candide, Micromégas et autres paysans du Danube, dont la redoutable naïveté démasque l'absurdité du monde comme il va.Nouvelliste avant la lettre, virtuose de l'opinion après l'avoir été du savoir, Pascal gagne la partie à jamais devant le public, plus puissant que lesarrêts du Parlement et les condamnations vaticanes.

Et pour ce faire il a créé une langue, sans s'en douter, le français du XVIIIe siècle, alerte etprécis, directement soumis à l'exigence de la pensée, la langue de Montesquieu L147 et de Voltaire L235 , qui bientôt régnera sur l' Europe des Lumières KW129 .

La réussite est presque trop parfaite ; elle inquiète par ses poisons et son fiel, et par le désir trop évident d'amuser la galerie.

Les Provinciales H037M3 sont, à proprement parler, la période la plus mondaine de Pascal, et le trop humain y submerge le sacré...

C'est pourtant le même Pascal qui a fiévreusement mené à bien, ou à mal, cette entreprise.

Viendra enfin le dernier combat, interrompu par la mort, la lutte avec l'ange de l'incroyance moderne.

La nouvelle école des libertins ne cesse des'affirmer depuis la Renaissance L2T03 , forte des faiblesses et contradictions des chrétientés séparées.

Le cartésianisme fournissait à ces insoumis un système de justification par la référence à la seule raison.

Descartes H015 restait chrétien, peut-être, mais Bossuet L024 voyait juste, qui écrivait en 1687 “ Je vois un grand combat se préparer contre l'Église sous le nom de philosophie cartésienne...

” Avant Bossuet L024 , Pascal a pressenti cette redoutable postérité de Descartes H015 : Spinoza H049 , Bayle L1082 , Fontenelle H1086 , d'Holbach H1120 et Lamettrie D1164 , les Encyclopédistes KW069 ...

Pascal a pressenti dans Descartes H015 le patriarche des ennemis de la foi.

Toute son Apologie est une réfutation de Descartes H015 par l'anthropologie et la Révélation.

Certes, il faut donner raison à la raison, et nul ne le sait mieux que l'expérimentateur de la tour Saint-Jacques, le théoricien des coniques et de la cycloïde.

Mais la raison ne se referme pas sur elle-même ; et celui-là perd la raison qui veut ne sefier qu'à elle.

Témoin Descartes H015 , dont la Physique, toute de ratiocination a priori, et qui n'accueille pas l'expérience, est parfaitement déraisonnable.

Sa théologie rationnelle ne vaut pas mieux que sa physique ; ici encore, il faut subir la loi de l'expérience, c'est-à-dire de laRévélation, supra-rationnelle, qui vient s'appliquer, comme un chiffre divin, aux structures infra-rationnelles de la nature humaine.

La raison n'estqu'un lieu de passage, une instance critique où se vérifient les significations.

Nulle contradiction chez Pascal entre le savant et l'homme de foi :chacun vient à son heure, et la coexistence pacifique trouve son statut dans l'épistémologie pascalienne des stades successifs : chair, esprit,charité, instances hiérarchisées dont chacune dément les valeurs de la précédente.

Seulement l' Apologie demeure inachevée.

Le grand oeuvre de Pascal n'existe qu'en pièces détachées, comme un rêve dont on peut ressaisir le sens à travers les fragments épars des Pensées.

Le dernier combat de Pascal, c'est la maladie qui l'a gagné : la mort vient, avant quarante ans, et après des années d'agonie.

Une maladie mystérieuse, et qui n'ose pas dire son nom ; une écharde dans la chair, assiégeant du dedans la viespirituelle et la réduisant à l'inconfort matériel et intellectuel, à l'insécurité la plus constante.

Depuis l'âge de vingt ans, Pascal est un infirme ; sonexistence se trouve mise en question, mise à la question, par un tourment continu où se négocient les métabolismes secrets du corporel et duspirituel.

Les médecins ne parviennent pas à diagnostiquer la maladie de Pascal : migraines ophtalmiques, insomnies, maux d'entrailles, paralysies,les symptômes sont ceux-là mêmes dont souffrira Nietzsche H034 , malade lui aussi dès la vingtième année, retraité à trente-cinq ans et fou à quarante-cinq.

Kierkegaard H027 , lui aussi, succombera à quarante-deux ans, autre pèlerin de l'absolu, autre malade engagé dans une aventure aux limites du possible, “ appelé à l'attention ”, selon le mot de Claudel L044 .

“ La maladie rend plus profond ”, a dit Nietzsche H034 , elle efface les frontières du corps et de l'esprit, elle ouvre des chemins vers des espaces insoupçonnés où règne la paix des profondeurs.

La maladie se trouvesans cesse présente à l'horizon de ces affirmations métaphysiques : chaque pensée est une conquête et vivre même est une victoire sans cesserecommencée.

L'existence de Pascal, comme celle du philosophe suspendu entre les tours de Notre-Dame, est en proie au vertige ; l'auteur desPensées demeure en porte-à-faux sur cet abîme, où la légende veut qu'un jour son carrosse ait failli s'effondrer.

Pareillement, le Zarathoustra de. »

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