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QU'Y A-T-IL DE SACRÉ ?

Publié le 27/02/2008

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Est sacré ce qui a une valeur absolue, ce qui est le cas de l?être humain.               Dire que ce qui est sacré c?est la transcendance comme telle signifie qu?aucune réalité immanente à notre monde ne peut être sacrée, et que toutes ne peuvent donc avoir qu?une valeur relative. Cela signifierait que la valeur d?un être humain ne diffèrerait pas qualitativement de celle d?une chose, puisqu?il est également soumis aux lois de la nature. Mais penser les choses de la sorte revient à nier la liberté de l?homme, et par là même sa responsabilité et sa dimension d?être moral, alors que cette dernière semble être un trait fondamental de l?humain. Pour surmonter cette aporie, Kant considère qu?il faut penser l?homme comme un être doué d?une double nature, nouménale et phénoménale. Comme être phénoménal, l?homme n?échappe pas à la détermination qui régit toute chose. Mais comme être nouménal, l?homme est doué d?une liberté transcendantale, ce qui signifie qu?il est toujours libre de faire son devoir, et donc responsable de ses actes. Dans la Critique de la raison pratique Kant précise que cette responsabilité est aussi ce qui lui donne une valeur (absolue), contrairement aux choses qui n?ont qu?un prix (relatif). On comprend  donc que la personne humaine est sacrée parce qu?elle peut s?élever à l?universalité de la loi morale, ce qui fait d?elle une fin en soi, dont on ne peut jamais user seulement comme d?un moyen. Le sacré est donc ce qui a une valeur absolue, et l?homme en tant qu?il a une valeur absolue, doit être considéré comme sacré en sa personne, au sens où on lui doit toujours le respect.

« Intro "Il est paradoxal et surtout bien difficile de parler du sacré en un temps où, somme toute, dans la vie commune del'humanité, il n'a plus qu'une place de second plan, presque insignifiante." (Bataille).

On peut en effet se poseaujourd'hui la question: qu'y a-t-il de sacré ? Première partie : Qu'est-ce que le sacré ? a) Le sacré s'oppose au profane.

Il est une catégorie fondamentale de la sensibilité religieuse.b) Il représente une grâce mystérieuse, une « énergie dangereuse, incompréhensible, malaisément maniable,éminemment efficace » (R.

Caillois).

Il est le domaine du « numineux » (R.

Otto).c) Il se caractérise donc comme tremendum et fascinans (R.

Otto), il suscite un sentiment de terreur et deconfiance, d'effroi et de vénération qui le place au-delà de toute discussion en le soustrayant à la raison.

Il marquel'expérience du « tout autre ».d) Il se donne sous l'expression ambiguë du pur et de l'impur, de la sainteté et de la souillure.e) Il est entouré d'interdits (tabous) destinés à régler ses rapports avec le profane. Deuxième partie : Quelle est la sphère du sacré ? a) Que cette grâce mystérieuse du sacré soit conçue comme une force diffuse et impersonnelle ou qu'elle soit reliéeà des entités personnelles ou encore à la transcendance d'un dieu unique, elle est susceptible d'investir :— des choses (instruments du culte, pierres),— des plantes et des animaux,— des êtres humains (chaman, prêtres, rois),— des espaces (sanctuaires, hauts lieux),— des temps (fêtes religieuses),— des mots (Tétragramme divin).b) Cette possession peut être stable ou passagère (cf.

les rites de consécration et de désacralisation). Troisième partie : Vers un sacré laïc a) Le développement des religions monothéistes, notamment du christianisme :— a affaibli l'ambivalence du sacré (respect-terreur) en reportant l'horreur sur le Diable, puis en amenuisantl'importance de ce dernier.

Dieu s'approche certes toujours avec « crainte et tremblement » (cf.

Kierkegaard), maisil ne saurait faire horreur ;— a progressivement chassé le sacré de la réalité mondaine en affirmant la transcendance radicale du divin, sadistanceinfinie, et en tendant à placer le fidèle dans une relation directe et solitaire avec cette transcendance.

Le sacrédevient alors intérieur à l'âme du fidèle.b) Ainsi l' « objectivité » du sacré devenu monovalent se métamorphose en « subjectivité ».

Le sacré n'apparaît pluscomme une énergie, mais comme une valeur.

D'où sa possible laïcisation : le sacré sera tout ce qui exige un respectabsolu (famille, patrie, armée, etc.).

Mais un tel succédané mérite-t-il encore le nom de sacré ? conclusion Dans son élégie « Pain et Vin » Hölderlin déplorait la « nuit du monde » (Heidegger), celle de sa profanisation.

Lesacré a en effet fui le monde.

Cette fuite ne marque-t-elle pas notre peur ? Car le sacré est mort de tropd'élévation d'esprit, faite elle-même d'une peur incoercible de ce qui est fascinant et violent.

» (G.

Bataille).

Mais cerefus du sacré peut-il être total ? La mort ne restera-t-elle pas, malgré les travestissements dont on la pare,irréductiblement sacrée ?. »

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