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Rembrandt

Publié le 26/02/2010

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Né à Leyde, Rembrandt suivit l'enseignement de l'école latine et fut admis à l'université en 1620. Il n'y restera pas, préférant poursuivre des études artistiques. Son premier professeur, le peintre Van Swanenburgh lui inculqua les principes fondamentaux de l'art pictural, puis il travailla à Amsterdam sous la direction du maître renommé de la peinture d'histoire, Pieter Lastman, qui aura une influence déterminante dans la formation de son style. De retour à Leyde en 1627, Rembrandt ouvrit son propre atelier et connut rapidement la notoriété et l'aisance financière. Attiré par la richesse économique et culturelle de la ville d'Amsterdam, Rembrandt s'y installa en 1631. Il rencontra le succès avec l'exécution de la toile commémorant La Leçon d'anatomie du Dr Tulp. Cette commande lui permit de gagner la faveur des mondains d'Amsterdam et amorça une période fructueuse de sa carrière de portraitiste. Les autoportraits ostentatoires et les représentations de sa femme Saskia richement parée qu'il réalisa à partir de 1634 témoignent de sa prospérité financière, qui lui permit d'acquérir une vaste collection d'art. Malgré le succès de sa carrière artistique, Rembrandt connaîtra dans sa vie privée des difficultés croissantes. Après la mort de sa femme en 1642, il se lia avec la nourrice de son fils. Évincée par une nouvelle maîtresse, elle lui intenta un pénible procès quelques années plus tard pour rupture de promesse de mariage. Le coût financier de cette affaire, ajouté aux échéances importantes de la vaste demeure qu'il avait acheté du vivant de Saskia ruinèrent Rembrandt. Acculé à la faillite en 1656, il fut contraint de revendre les pièces de sa magnifique collection d'art. Pourtant, c'est dans les dernières années de sa vie que l'artiste atteignit en peinture la maturité rayonnante qui marqua l'apogée de sa carrière artistique. Il mourut en 1669 et fut inhumé aux côtés de son fils unique Titus, décédé l'année précédente.

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« l'âme, et surgit de là décantée et intensifiée.

Il semble que toute apparition que Rembrandt peint, à partir del'époque où il atteint l'ampleur de son génie, ait ainsi passé par le feu de son âme, loin de toute influence étrangère,pour y être reconnue dans son état essentiel. Il faut, pour comprendre Rembrandt, le suivre dans son évolution, regarder cette éclosion, la maturation lente etincessante de son génie.

On y reconnaît, dans une existence qui ne fut pas trop longue, une existence de soixante-trois années (de 1606 à 1669), les phases très nettes de l'adolescence, d'une jeunesse virile, ambitieuse, presqueagressive, d'une maturité plus calme, mais opiniâtre, où pointe déjà le sentiment mystique ; puis c'est l'âge mûr,avec ses tendances profondes, son dépouillement, son équilibre et la sérénité que donne le travail parmi les oragesde la vie, qui ne semblent pas accabler l'artiste ; et tout débouche enfin dans une vieillesse solitaire, où la vie deRembrandt fut pénible, peut-être même douloureuse, mais où son génie atteignit toute son ampleur dans la sagesse,la résignation, l'amour humain et divin. On peut lire l'épopée de cette vie vouée complètement à l'accomplissement de sa tâche, dans la suite grandiose etémouvante des portraits du peintre par lui-même.

Ce n'est pas par vanité qu'il s'est représenté lui-même siassidûment.

Pour lui, toute création était, en dernière analyse, se portraiturer soi-même, ouvertement ou non.

Iln'avait à dire que son âme et, homme du XVIIe siècle, il le faisait sans détour, sans chercher un prétexte dans unsujet religieux ; car, et cela est essentiel, il ne traitait pas les sujets religieux comme auraient pu le lui prescrire undogme, l'Église, une iconographie traditionnelle et autoritaire, mais comme sa vision intérieure strictementpersonnelle le lui montrait. Quand on se représente l'art du XVIe siècle, de si peu antérieur au sien, et même celui de Rubens, qui n'était plusâgé que d'une génération seulement, que Rembrandt a si bien connu et auquel il a emprunté tant de choses, oncomprend comment, pour lui, les Évangiles et les récits de l'Ancien Testament ont été des révélations, comment illes a lus et vécus lui-même, de sorte qu'il se les est appropriés et qu'ils sont devenus des parts de sa vie, desmorceaux de son existence. Et ce ne sont pas seulement les textes sacrés qu'il s'est ainsi appropriés, bien qu'il n'eût subi aussi intensémentl'influence d'aucun autre ouvrage.

C'est aussi d'un oeil attentif et frais qu'il lit les Métamorphoses d'Ovide et qu'ilprend connaissance de l'histoire des Bataves et de leur chef Claudius Civilis, quand il doit faire, pour le nouvel Hôtelde Ville d'Amsterdam, sa grande composition de la Conspiration des Bataves contre les Romains.

Le résultat en estun tableau magistral mais tellement inaccoutumé, d'une vision Si originale, si inspirée et si grandiose, et en mêmetemps si juste dans sa divination historique, que ce chef-d'oeuvre ne put trouver grâce auprès de ceux qui l'avaientcommandé.

Il ne nous en reste, de la sorte, qu'un fragment de la partie centrale, stupéfiante de beauté et dedivination, et qui témoigne aussi de l'entêtement presque féroce, et en même temps peut-être naïf, du maître. Cet entêtement le met au ban de la société dans laquelle il doit vivre.

Quand il arrive à Amsterdam (où il avait étédéjà auparavant l'élève de Lastman), jeune homme de vingt-quatre ans, il connaît un succès étonnant, éclatant,dans la grande ville à la vie intense et aux aspirations grandioses ; et ce succès l'y attendait même, puisqu'il sembleavoir été appelé à Amsterdam de sa ville natale de Leyde pour y peindre sa Leçon d'anatomie. L'originalité, la hardiesse, la fraîcheur et la vivacité d'esprit du jeune homme semblent plaire à cette sociétédébordante d'énergie, bouillonnante de vie et d'audace, et qui ne se pliait pas encore aux exigences d'unecivilisation patricienne où moeurs et modes sont codifiés.

Il y connut une dizaine d'années de travail presqueharassant, mais aussi de succès inouï, de commandes, d'élèves en abondance, de gloire et d'opulence, d'amour, debonheur et ce fut alors, vers 1640, la catastrophe, toutes les calamités en même temps.

Saskia meurt, il peint laRonde de nuit, création de génie, mais dérision ou peu s'en faut de ce qu'avait été la commande : un groupe deportraits bien ressemblants d'après une vingtaine d'hommes.

Dans son entêtement, le maître avait peint ce qui luiavait paru, à lui, beaucoup plus important : sa vision d'un groupe de gardes civiques qui se rassemblent et sortent àl'appel ; une action et une équipe plutôt qu'un groupement de détails coordonnés.

C'est là un entêtement que lasociété ne peut pas supporter. Il a trente-cinq ans alors, et c'est la ruine de sa vie domestique, ainsi que l'effondrement de sa situation sociale etde sa position dominante dans le monde de l'art.

Mais c'est alors que le vrai Rembrandt semble se trouver soi-même; il va se replier sur les forces à peine encore éveillées de sa vie intérieure. Il est incontestable que la Ronde de nuit marque l'étape la plus décisive de son évolution.

Il renonce définitivementà la virtuosité.

Les effets extérieurs s'atténuent.

Dès ce moment, tout son art, ses portraits comme ses images dela vie de Jésus, ses dessins d'après nature comme ses eaux-fortes avec les magnifiques paysages si simples desenvirons d'Amsterdam, dégagent toujours un parfum de vision, semblent toujours passés par l'âme de l'artiste. Il lui reste une trentaine d'années à vivre.

Les archives ne nous racontent pas beaucoup de choses sur cette vie deplus en plus secrète, et ne parlent presque que de pertes : il doit abandonner ce qui lui est cher, sa deuxièmefemme, Hendrickje, âme dévouée, pleine de finesse, intelligente, ses enfants, Titus, le noble prince de ses rêveries,fils dévoué d'un père rêveur perdu dans le monde de ses visions magiques.

Ses élèves le quittent et le trahissentdans leur art.

Tous ses trésors collectionnés avec passion, tout lui est pris.

Mais l'artiste reste debout.

Aucunedéfaillance, aucune interruption dans l'évolution constante de cet esprit qui semble tout envahir, pour qui l'artmême, la technique, deviennent de plus en plus les interprètes magiques de la sagesse philosophique et religieuse.. »

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