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Responsabilité et culpabilité

Publié le 13/01/2004

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On ne saurait être coupable de ce que l'on ignore, c'est le droit du savoir.■ De même, le droit du vouloir implique que l'on ne saurait être coupable de ce que l'on n'a pas voulu ; savoir et vouloir changent le fait, en acte ou action. De l'action que je me propose, seules les conséquences que je connaissais, et que j'ai voulues, relèvent de mon intention.■ Pour que je sois coupable de quelque chose, il faut qu'elle soit mon action, que je l'aie prévue, et que je l'aie voulue. Mais un événement dont je suis la cause comporte une multiplicité de sens possibles, qui peuvent tour à tour constituer mon intention ; je peux, selon ce qui me confère le moins de culpabilité, ne m'imputer que telle ou telle intention, et donner tel ou tel sens à mon action.B - Quelle responsabilité est culpabilité ?■ D'un point de vue extérieur, il est impossible de pénétrer la volonté d'un homme ; on doit se contenter de ce qu'il déclare avoir voulu. Aucune action ne présente d'intention univoque extérieurement constatable, et l'on ne saurait démontrer la mauvaise foi du pire des criminels.■ Si l'on veut donc qu'une culpabilité demeure possible, il ne faut pas s'en tenir à l'intention, car ce serait demander au coupable lui-même de s'accuser. Pourtant, s'en tenir à l'extériorité de l'acte, c'est confondre responsabilité et culpabilité, et faire de tout responsable un coupable ; la mère d'un fou criminel, responsable de son état, ou même de sa seule naissance, serait ainsi coupable de ses crimes.

« OUTILS Action et acte (ou fait) Action : selon Hegel, sont des actions tous les événements et leurs conséquences, tels que je les ai immédiatementprovoqués, volontairement et sciemment.Acte (ou fait) : toujours selon Hegel, sont des faits tous les événements dont je suis la cause, que je les aie connustels ou non, que je les aie voulus tels ou non. Propos et intention Hegel entend par propos l'ensemble de ce que je veux faire, conséquences inconnues comprises ; le proposcorrespond donc à l'acte (ou fait) : c'est la volonté d'un acte, accompagnée de l'ignorance vague desconséquences de cet acte.Hegel entend par intention l'aspect essentiel de mon acte, ce que je veux qu'il advienne, et que je sais qu'iladviendra, indépendamment de toute conséquence non connue.

L'intention est donc la volonté de l'action, et nonde l'acte. Définitions Imputer : attribuer la causalité d'un acte, que celle-ci soit responsabilité ou culpabilité, à un être libre.Personne : être libre, doué de moralité, susceptible d'imputation ; la personne, individuelle ou collective, s'oppose àla chose. « L'homme est libre; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtimentsseraient vains.

» Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, 1266-1274. Si l'homme n'est pas doué du libre arbitre, il ne peut être tenu responsable de ses actes.

Quel sens y aurait-il àpunir ou à récompenser quelqu'un qui ne pouvait agir autrement qu'il ne l'a fait? « Qui lance une pierre ne peut plus la rattraper.

Toutefois, il était en son pouvoir de la jeter ou de la laissertomber, car cela dépendait de lui.

Il en va de même pour les hommes qui pouvaient, dès le début, éviter de devenirinjustes et débauchés; aussi le sont-ils volontairement; mais une fois qu'ils le sont devenus, ils ne peuvent plus nepas l'être.

» Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s.

av.

J.-C. « L'homme est condamné à être libre.

Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependantlibre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946.L'homme est « condamné à être libre », parce qu'il ne peut échapper au devoir de se réaliser lui-même, de se faireêtre ce qu'il est. « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Sartre, «La République du silence», 1944.Cette affirmation paradoxale, comme on s'en doute, a fait couler beau coup d'encre.

Comment peut-on se déclarer «libre » quand on est asservi, torturé, déporté, humilié ? Provocation gratuite ? Non, Sartre veut dire que la libertéest toujours une conquête, et d'abord une conquête sur soi-même.

Il est facile de se dire « responsable » quand onest loin des combats ; c'est au contraire dans les « situations limites » (l'occupation allemande, par exemple), quandtoutes les libertés nous ont été ôtées, que notre liberté de choisir (ici, entre collaboration et résistance) prend toutson sens et toute sa dimension. « Si l'on a conçu les hommes "libres", c'est à seule fin qu'ils puissent être jugés et condamnés, afin qu'ils puissentdevenir coupables.

» Nietzsche, Crépuscule des idoles, 1889.. »

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