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Ricoeur, une herméneutique de l'existence

Publié le 22/02/2012

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Philosophe français, professeur à Strasbourg, à la Sorbonne puis à l'université de Nanterre, Paul Ricoeur (1913-2005) a fortement contribué à introduire la phénoménologie en France dans les années cinquante (À l'école de la phénoménologie) en présentant et traduisant l'oeuvre de Husserl. Il a également fait connaître l'oeuvre de Jaspers et la philosophie existencielle allemande. Il est l'un des principaux représentants contemporains de la philosophie herméneutique. Citons : De l'interprétation. Essai sur Freud (1965) ; Temps et récit (1983-1985) ; Le Conflit des interprétations (1969) ; Du texte à l'action (1986). Soi-même comme un autre (1990). La philosophie de Ricoeur peut se comprendre, dans la continuité de Husserl, Heidegger et de Gadamer (avec lequel pourtant il n'a entretenu que peu de rapports) comme une herméneutique de l'existence. Ricoeur entend décrire comment se constitue le sens de notre existence, et donc de nos expériences fondamentales. Or, récusant la psychanalyse, qui rabat la conscience sur l'inconscient (voir chapitre 12), et le structuralisme, qui réduit le sujet et le langage à une structure close (idem), Ricoeur affirme l'impossibilité d'une saisie directe des phénomènes par la conscience et la nécessité de l'interprétation des signes – les oeuvres, la culture – par lesquels l'existence et le monde deviennent accessibles et compréhensibles. Alors que Gadamer cherchait à fonder la notion d'interprétation compréhensive, Ricoeur tient la pluralité des interprétations comme un fait indépassable avec lequel nous devons composer, et se lance dans l'élucidation interprétative de l'existence : « Médiation par les signes : par là est affirmée la condition originairement langagière de toute expérience humaine. La perception est dite, le désir est dit. » Ricoeur, Du texte à l'action La vérité de notre existence ne se donne que dans la pluralité des interprétations ; une seule interprétation ne suffit pas à épuiser le sens de l'existence humaine. Ainsi enracinée dans la phénoménologie et l'herméneutique, l'oeuvre de Ricoeur a de riches développements moraux et politiques centrés sur la réalité du sujet, son identité, le mal, la justice.
ricoeur

« Paul Ricoeur (1913-2005) « Ne pas voir, regarder à côté, c'est plus facile que de vouloir s'informer à tout prix.

Les fautes par omission, par précaution, sont bien plus nombreuses que les grands crimes.

» Le philosophe du compromis Ainsi aimait se défi nir ce philosophe, pour qui vivre ensemble était affi rmer la grandeur d'une culture de compromis (comme les États-Unis fondés par des émigrants de religions différentes). Son oeuvre est une oeuvre de patience, d'analyse pour le moins méticuleuse de problèmes précis dont le suivant dérive du précédent. Ainsi, poser la question de la volonté conduit à poser celle de la mauvaise volonté, du mal, de l'inconscient et donc de l'interprétation. Ses premiers travaux s'effectuent sous le parrainage du théologien protestant Karl Barth, du philosophe de l'existentialisme chrétien Gabriel Marcel et de la phénoménologie de Husserl.

Le premier fruit donne naissance à une puissante réflexion sur l'agir humain : Philosophie de la volonté . Rapidement son oeuvre s'oriente vers l'herméneutique, que Ricoeur applique à une lecture philosophique de la psychanalyse par exemple. Vous avez dit herméneutique ? À l'origine, le terme désigne l'interprétation des textes bibliques, puis plus généralement l'interprétation de textes difficiles. Le concept majeur est celui d'identité narrative : un individu ou un groupe constitue son identité à partir de ce qu'il exprime par des récits.

L'autobiographie, la narration romanesque, le récit historique et même la poésie se donnent comme une lecture dialectique au cours de laquelle le sens perçu est en même temps prêté par l'auteur et révélateur d'un lecteur.

Lire produit du sens par rapport au texte et par rapport au lecteur qui enrichit ainsi sa propre conception de lui-même.

Ce principe novateur peut être appliqué à la psychologie individuelle autant qu'aux sciences sociales. Un engagement éthique Dans un second temps de réflexion, Ricoeur en vient à fonder l'engagement éthique sur la promesse et la parole tenue, comprises comme écho d'un don qui engage l'obligation.

Ainsi, la vraie vie n'a de sens qu'avec et pour l'autre, dans le cadre d'institutions justes ; la justice doit tendre à l'universalité en même temps qu'à la singularisation.

Dépasser les préjugés ethniques, nationaux, résister à la tentation de penser l'individu comme une norme fait de cette pensée une philosophe de la justice et de la charité.

Le souci d'hospitalité est un point d'intersection entre l'engagement chrétien et la responsabilité philosophique : « Il ne faut jamais séparer l'héritage du projet.

». »

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