Devoir de Philosophie

Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de lïnégalité parmi les hommes

Publié le 11/04/2012

Extrait du document

rousseau

J'entends toujours répéter que les plus forts opprimeront les faibles. Mais qu'on m'explique ce qu'on veut dire par ce mot d'oppression. Les uns domineront avec violence, les autres gémiront asservis à tous les caprices. Voilà précisément ce que j'observe parmi nous; mais je ne vois pas comment cela pourra se dire des hommes sauvages, à qui l'on aurait même bien de la peine à faire entendre ce que c'est que servitude et domination. Un homme pourra bien s'emparer des fruits qu'un autre a cueillis, du gibier qu'il a tué, de l'antre qui lui servait d'asile; mais comment viendra-t-il jamais à bout de s'en faire obéir? et quelles pourront être les chaînes de la dépendance parmi des hommes qui ne possèdent rien? Si l'on me chasse d'un arbre, j'en suis quitte pour aller à un autre; si l'on me tourmente dans un lieu, qui m'empêchera de passer ailleurs? ... Sans prolonger inutilement ces détails, chacun doit voir que, les liens de la servitude n'étant formés que de la dépendance mutuelle des hommes et des besoins réciproques qui les unissent, il est impossible d'asservir un homme sans l'avoir mis auparavant dans le cas de ne pouvoir se passer d'un autre; situation qui, n'existant pas dans l'état de nature, y laisse chacun libre du joug, et rend vaine la loi du plus fort. 

rousseau

« De ce point de vue, la portée théorique d'une telle hypothèse dépend moins de son caractère plausible ou réel que de la fonction critique qu'elle est susceptible de remplir.

C'est dans cette optique que nous pourrions examiner le texte proposé.

Analyse thématique succincte Thèse centrale Aucune servitude ne peut découler de l'état de nature, où la loi du plus fort est sans effet.

Développement thématique • Exposé de la thèse visée (oppression référée à une inégalité).

• Problématisation de cette thèse : vraie pour l'état social présent, elle est fausse pour l'état de nature.

• Explicitation de la critique, avec deux arguments complémentaires (d'une part, une supériorité physique passagère n'implique pas une dépendance; d'autre part, l'absence de propriété rend impossible une dépendance durable entre les hommes).

• Énoncé de la thèse de Rousseau : la servitude est contemporaine de la société et des besoins qui la fondent.

·Conséquences: l'état de nature est un état de liberté, où la loi du plus fort est inopérante.

Caractérisation du texte Un certain nombre d'affirmations implicites ou explicites rend pos­ sible le fonctionnement de l'opposition entre l'état de nature et l'état social présent (cf par exemple les caractéristiques de l'état de nature).

Ce que vise le texte, c'est la thèse qui prétend légitimer les rapports de servitude existant socialement en les faisant dériver d'une inégalité naturelle.

Prolongements Plusieurs auteurs tombent sous le coup de la critique de Rousseau : • Aristote (théorie de l'esclavage par nature: voir Politique, livre I, 4).

On peut se reporter à la critique que fait Rousseau d'une telle théorie dans le livre I du Contrat social (chapitres II et IV) : «S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contre nature.

La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués.

» (chapitre 2) • Toutes les attitudes de sanctification des pouvoirs ou des rapports de dépendance propres à une société.

Cf Paul, Épître aux Romains : «Que chacun se soumette aux autorités en place.

Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu.» Pour la critique d'un tel point de vue, on reprendra là encore les pro­ pos de Rousseau dans le livre premier du Contrat social (chapitre m) : «Toute puissance vient de Dieu, je l'avoue; mais toute maladie en vient aussi, est-ce à dire qu'il soit défendu d'appeler le médecin? ». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles