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Rousseau et le sujet

Publié le 11/01/2004

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rousseau
Le penchant de l'instinct est indéterminé. Un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature. Le choix, les préférences, l'attachement personnel sont l'ouvrage des lumières*, des préjugés, de l'habitude ; il faut du temps et des connaissances pour nous rendre capables d'amour, on n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé. Ces jugements se font sans qu'on s'en aperçoive, mais ils n'en sont pas moins réels. Le véritable amour, quoi qu'on en dise, sera toujours honoré des hommes ; car, bien que ses emportements nous égarent, bien qu'il n'exclue pas du coeur qui le sent des qualités odieuses et même qu'il en produise, il en suppose pourtant toujours d'estimables sans lesquelles on serait hors d'état de le sentir. Ce choix qu'on met en opposition avec la raison nous vient d'elle : on a fait l'amour aveugle parce qu'il a de meilleurs yeux que nous, et qu'il voit des rapports que nous ne pouvons apercevoir. Pour qui n'aurait e idée de mérite ni de beauté, toute femme serait également bonne, et la première venue serait toujours la plus aimable. Loin que l'amour vienne de la nature, il est la règle et le frein de ses penchants.

L'objet de ce texte est de mettre en évidence le rôle que joue la raison non pas dans la formation des instincts, mais dans leur détermination.  Le choix de l'être aimé est souvent présenté comme irréductible à la raison, Rousseau va contre cette certitude pour dire que la raison y joue un rôle décisif. L'enjeu y est de soutenir la thèse que l'amour, loin de venir de nos penchants, est, en vérité, ce qui contribue à les affiner, à les canaliser, au point de leur donner un objet. L'amour échappe ainsi à la critique ordinaire que l'on dresse des passions comme nous écartant de la raison. Rousseau va contre le sens commun associant l'amour à une passion soustraite à l'emprise de la raison, et discréditant l'amour à ce titre. L'amour est un élément de la raison, l'indice de la raison en nous, le prolongement rationnel de la nature qui est à l'oeuvre en chacun de nous.

 

rousseau

« "penchant de l'instinct", et l'oeuvre de la raison qui sélectionne un objet parmi une infinité.

Il faut insister sur la différence très claireque pose Rousseau entre l'indétermination et l'idée de choix.

L'amour est un jugement, et se distingue de l'instinct sans lui êtrecontradictoire.

L'amour n'est pas l'élection spontanée d'un individu, il est, mais à notre insu, l'effet de préjugés, de la raison ou del'habitude.

Il importe d'ailleurs d'insister sur ce qui distingue ces différentes sources.

L'instinct est indéterminé.

L'amour estprédéterminé.

De "Ces jugements ..." jusqu'à "...hors d'état de le sentir." : l'objet de ce second mouvement est, après avoir posé une différenceentre l'instinct - indéterminé - et l'amour -prédéterminé -, Rousseau, qui veut combattre le sens commun identifiant l'amour à une seulepassion déraisonnable, montre que c'est à notre insu que l'amour exerce le jugement.

L'essentiel de ce mouvement est de comprendrece que signifie Rousseau quand il dit qu'on serait hors d'état de sentir sans la considération de qualités estimables.

(Le texte est iciambigu : les qualités estimables sont-elles celles de l'être aimé, ou celles de l'amant ? Il semble que les deux lectures soientpossibles) Si l'amour témoigne de qualités estimables chez celui qui aime, alors l'amour est l'indice de notre raison, s'il procède de laconsidération des qualités estimables de l'être aimé, alors on peut presque rendre raison de l'amour, expliquer l'amour selon desraisons objectives.

De "ce choix..." jusqu'à la fin : Si l'instinct est indéterminé, le choix amoureux d'un être aimé procède, en conséquence, de la raison.Faire de l'instinct un élément d'indétermination, c'est faire du choix un élément de la raison.

Rousseau s'en prend à l'illusion de celuiqui tient l'amour pour aveugle, parce qu'une telle illusion procède, en vérité, d'un traitement exclusif de l'amour selon la logique desinstincts.

Si l'amour nous semble aveugle, ce n'est pas parce qu'il s'attache à un être aveuglément, c'est parce qu'il le fait, à notreinsu, pour des raisons qui témoignent de la présence de la raison à l'oeuvre en chacun de nous.

L'amour nous semble aveugle parceque nous ne voyons pas qu'il voit ce que nous ne voyons pas.

L'amour est sélection, choix, élection.

Il tranche dans l'indistinctioninstinctive.

L'élection d'un être aimé tient à des considérations qui échappent à l'indétermination des instincts.

L'amour nous affranchitde la nature en nous.

Plus exactement, il participe du mouvement par lequel la nature est en nous canalisée.

Il n'y a pas d'amour sanshistoire, sans civilisations.

Si le mouvement d'un sexe vers l'autre est spontané - effet de la nature en nous -, le choix d'un autre estl'effet de l'histoire en nous. Le corrigé souhaité en échange de votre envoi: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup/themes.php?PARAMS = 3614 I - LA THESE DU TEXTE La question de Rousseau pourrait être : qu'est ce qui relève de la nature chez l'homme ? Question qui lui permettrade montrer que celle-ci n'a qu'un rôle très limité et que c'est bien plutôt le développement de la culture qui crée lesqualités propres à l'homme. II - L'ETUDE ORDONNEE Dans une première partie, l'auteur distingue l'instinct et le jugement : le premier est relativement simple : c'est unpenchant qui nous pousse à un certain comportement.

Par exemple, il n'y a pas de choix de l'objet, la pulsion pousseun sexe vers l'autre et ce, par une sorte d'automatisme naturel.

Les possibilités de l'homme sont alors bornées à sesinstincts. Le jugement, au contraire, ne peut se développer que dans le cadre de la culture. Les passions ne sont pas le prolongement de l'instinct chez l'homme, mais le travail de la raison.

Ce qui estsignificatif, c'est que les passions sont la conséquence de notre capacité de jugement. Ce qui nous donne l'illusion de leur caractère immédiat, c'est que nous n'avons pas conscience de leur formation.

Ilsnous sont transmis par la culture, comme s'ils en étaient le patrimoine. Et c'est pour cette raison que Rousseau entreprend dans un second temps une apologie de l'amour.

Si les hommesse contentaient de reproduire l'instinct, ils ne pourraient pas accéder à la civilisation et resteraient ignorants les unsdes autres.

Rousseau reconnaît que les passions nous égarent et qu'elles sont susceptibles d'excès, mais là encore,elles sont le signe de notre humanité.

Elles sont le moyen par lequel l'homme connaît son cœur, c'est à dire, accèdeà des sentiments véritablement humains. Enfin, dans une dernière partie, Rousseau nous montre qu'il est absurde d'opposer les passions à la raison, puisquecelles-ci sont complémentaires.

Il y a une sorte d'émulation entre les deux.

C'est ce qui nous rend possible le choixde l'objet et qui nous fait distinguer les qualités morales des personnes. Si l'on supprimait les passions, les hommes n'auraient aucune chance d'acquérir des qualités morales, qui n'existentpas dans la nature. III - L'INTERET PHILOSOPHIQUE L'auteur se défend sur deux problèmes : l'opposition entre la raison et les passions, qui sont ici, au contraire,complémentaires, et le caractère destructeur et "sauvage" des passions. Rousseau nous montre qu'il faut distinguer l'instinct des passions.

Peut-on considérer, comme lui, que les passionssont à l'origine de notre sentiment moral ?. »

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