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Sciences & Techniques: Bilan de 15 ans de sida

Publié le 22/02/2012

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Depuis les premiers cas découverts aux Etats-Unis, en 1981, l'épidémie de sida est devenue un fléau qui traumatise l'humanité. Cette maladie sexuellement transmissible a bouleversé les rapports humains et frappe cruellement les continents les plus pauvres. Elle mobilise, à travers le monde, une armée de chercheurs et de médecins. Hélas, les résultats sont encore bien modestes. Que sait-on de la maladie elle-même, du virus, de l'épidémie et de son évolution ? Quelle est l'efficacité des traitements ? Où en est la recherche ? Un vaccin finira-t-il par voir le jour ? Le Pr Jean-Marie Andrieu, responsable de l'unité d'oncohématologie de l'hôpital Laennec, à Paris, fait le point sur l'état des connaissances. Un mal qui répand la terreur Vraisemblablement née en Afrique, l'épidémie se propage dès 1981 aux Etats-Unis et en Europe. Le scandale du sang contaminé éclate en 1985. Le virus profite des bouleversements socioculturels du monde moderne. En juin 1981, dans l'ouest des Etats-Unis, trois homosexuels meurent d'une infection pulmonaire provoquée par un parasite, pneumocystis carinii. Au cours des mois suivants, des tumeurs de la peau, appelées sarcomes de Kaposi, et des tumeurs des ganglions lymphatiques, appelées lymphomes, sont également observées aux Etats-Unis chez des homosexuels. Jusqu'alors, ce type d'infections et ces tumeurs ne se rencontraient que très exceptionnellement chez des receveurs de greffe soumis, pour éviter le rejet, à des traitements visant à inhiber profondément les fonctions de leur système immunitaire, particulièrement celles d'une catégorie de cellules jouant le rôle de "chefs d'orchestre" des défenses de l'organisme, les lymphocytes CD4 (ou T4).

« Dès la fin de 1984, on constate que les personnes souffrant du sida ont dans leur sang des anticorpscontre le VIH.

Mais on observe aussi que de nombreuses personnes, homosexuelles, toxicomanes outransfusées, possèdent les mêmes anticorps contre le VIH sans avoir le sida.

Cette observation conduit,en 1985, à la mise au point d'un test réalisable en quelques heures sur un échantillon de sang.

Lespersonnes qui ont ces anticorps contre le VIH sont dites séropositives.

A l'époque, beaucoup espèrent – àtort – que la plupart de ces séropositifs sont capables, grâce à leurs anticorps, d'éliminer le VIH, ce quiimpliquerait qu'ils ont perdu la capacité de transmettre le VIH.

Malheureusement, il est bientôt établi que le sang et les produits issus du sang (tels que les facteurs de coagulation qu'on donne aux hémophiles) de ces séropositifs sontinfectieux et capables de transmettre le virus malgré la présence des anticorps anti-VIH.

Cette mauvaise évaluation d'une grande partiedu monde médical conduit aux drames du sang contaminé.

De 1979 jusqu'en août 1985, environ 7 000 personnes, dont plus de 1 000hémophiles qui ont reçu du sang (ou des dérivés du sang) de séropositifs, seront infectés par le VIH. A partir de 1986, le pourcentage croissant de séropositifs évoluant vers le sida conduit à penser que la destruction progressive descellules CD4 (à des vitesses variables selon les individus) est à l'œuvre chez tous les séropositifs. • Un virus nouveau pour un monde en mutation Les prélèvements effectués dans diverses régions du monde suggèrent que l'épidémie s'est initialementdéveloppée, à la fin des années 70, à partir d'un foyer africain.

La ressemblance du virus du sida del'homme avec celui du sida du singe laisse supposer que le virus humain est un variant d'un virus simienayant acquis la capacité d'infecter des cellules humaines à l'occasion des nombreux contacts entre lessinges et l'homme en Afrique (viande de boucherie, notamment). La croissance rapide de l'épidémie résulte de l'établissement de chaînes de transmission sexuelle et sanguine rendues possibles par lesmodifications rapides des techniques et des comportements humains : bouleversement des structures sociales traditionnelles, multipartenariat hétérosexuel et prostitution citadine, en Afrique ; homosexualité masculine à partenairesmultiples et toxicomanie par voie intraveineuse, aux Etats-Unis et en Europe.

A ces deux facteurs de transmission, il faut encoreajouter le développement des transports aériens intercontinentaux, qui multiplient le brassage des populations. Les méthodes de diagnostic progressent constamment On comprend de mieux en mieux le processus de l'infection.

Grâce à une batterie de tests toujours plus précis, on peutadapter le traitement à chaque malade. • Le verdict du sérodiagnostic Dans tous les laboratoires d'analyse médicale, à partir de quelques gouttes de sérum sanguin, on peut mettre en évidence la présenceou l'absence d'anticorps contre le VIH.

Les sérodiagnostics actuels détectent les anticorps peu de temps après leur apparition (detrois à huit semaines après la contamination).

Un sérodiagnostic négatif signifie soit que la personne n'est pas infectée par le VIH, soitqu'elle se trouve encore dans la "fenêtre de séroconversion", c'est-à-dire à un moment où la concentration de virus est déjà élevéemais où les anticorps anti-VIH ne sont pas encore mesurables. Un sérodiagnostic positif doit toujours être confirmé par une méthode plus fine (le Western Blot), qui permet d'identifier chacun desanticorps fabriqués par l'organisme contre chacune des principales protéines du virus. • La quantification du virus Plusieurs méthodes de quantification du VIH ont été mises au point à partir de la fin des années 80.

On sait mesurer la concentrationdans le sang des lymphocytes CD4 infectés, de même que la concentration de virus infectieux circulant dans le plasma.

Cesméthodes ont été développées pour mieux comprendre la pathogénie de l'infection.

Elles ne sont pas utilisables dans un laboratoire debiologie médicale de ville.

On attend dans les mois prochains des méthodes plus accessibles qui permettent d'évaluer la concentrationde virus total (infectieux, mal formé ou neutralisé) dans le plasma.

Cette mesure, associée à celle de la concentration des CD4 dusang et à d'autres paramètres, aide à prédire assez convenablement l'évolution de l'infection chez le patient. Elle permet surtout de bien évaluer l'efficacité des traitements antirétroviraux.

La mesure de la concentration virale (on dit charge virale)est également utile pour dépister les nouveau-nés infectés.

En effet, tout bébé né d'une mère porteuse du virus possède des anticorpscontre le VIH qui lui ont été transmis par le sang maternel, ce qui ne signifie pas que le nouveau-né soit infecté lui-même.

Enrevanche, la découverte répétée du virus à plusieurs semaines d'intervalle permet d'affirmer que l'enfant lui-même produit le VIH et qu'ilest donc infecté. Une autre application de la quantification virale verra probablement le jour lorsque la technologie aura suffisamment progressé pourqu'on puisse effectuer rapidement cette mesure.

En complément du sérodiagnostic, ce virodiagnostic permettra d'écarter du don dusang les quelques personnes qui sont dans la fenêtre de séroconversion.

Ces individus au sérodiagnostic négatif, contaminés une oudeux semaines plus tôt, sont porteurs d'un grand nombre de virus infectieux. Dans les pays occidentaux, on évalue à 2 par million les dons viropositifs mais séronégatifs (donc indécelables par les méthodesactuelles).

Sachant que 3 millions de personnes donnent leur sang en France, 6 dons du sang par an contaminent des personnestransfusées.

Une fois le virodiagnostic mis en place, la transfusion deviendra totalement sûre.. »

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