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Seuls les simples d'esprits peuvent-être heureux ?

Publié le 27/02/2008

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C?est donc un bonheur bien inconstant que celui de l?idiot ; il ne mérite pas, par conséquent, le titre de bonheur.   - Le bonheur, en effet, se caractérise par sa stabilité face au caractère fuyant et éphémère du temps en tant que devenir incessant. L?ataraxie des stoïciens, qui est, elle aussi, absence de troubles, inclut ainsi la connaissance : la physique est une partie nécessaire de la philosophie, non pas parce qu?elle serait en elle-même sa propre récompense, mais parce qu?en comprenant le fonctionnement du monde dans lequel nous vivons, nous pouvons distinguer entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous, et ainsi atteindre le bonheur. Celui-ci dépend donc d?une maîtrise et d?une ascèse philosophique. Deuxième partie   - Si le bonheur idiot est imparfait, contredisant ainsi la thèse selon laquelle seuls les simples d?esprits pourraient être heureux, qu?en est-il du commun des mortels ? Peuvent-ils espérer atteindre le bonheur véritable ?   - Selon  Pascal, le peuple a raison de fuir l?ennui et la contemplation de la misère de l?homme par le « divertissement » (du latin divertere, se détourner de?). Ainsi, Pascal se moque des demi-habiles qui raillent la naïveté du peuple, qui prétend atteindre le bonheur par le divertissement (Pensées, §168 éd. Sellier « Sans divertissement il n?y a point de joie ; avec le divertissement il n?y a point de tristesse » ; éd. Brunschvicg §139 ; éd.

« - Selon Pascal, le peuple a raison de fuir l'ennui et la contemplation de lamisère de l'homme par le « divertissement » (du latin divertere , se détourner de…).

Ainsi, Pascal se moque des demi-habiles qui raillent la naïveté dupeuple, qui prétend atteindre le bonheur par le divertissement ( Pensées , §168 éd.

Sellier « Sans divertissement il n'y a point de joie ; avec le divertissementil n'y a point de tristesse » ; éd.

Brunschvicg §139 ; éd.

Lafuma §136).

L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence detout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de savanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pourautant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux,sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désirn'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous nerecherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais ledivertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui,il s'avère sur le fond tout aussi nuisible.

Faire obstacle à la considération de samisère, c'est se priver des moyens de la dépasser. - Pour autant, ce bonheur demeure, lui aussi, imparfait.

Il est exposé, comme les stoïciens l'ont bien montré, à êtrebalayé par les revers de fortune (à chercher leur bonheur dans les biens extérieurs et dans le divertissement, leshommes se privent de toute maîtrise sur ce bonheur, lequel dépend alors complètement des circonstancesextérieures, qu'on en soit conscient ou non).

Pascal rejette néanmoins la solution des stoïciens, qu'il considèrecomme orgueilleuse, car le seul entendement, selon lui, ne peut mener au bonheur.

La raison, en effet, découvre lecaractère misérable et paradoxal de l'homme (liasse « Contrariétés » des Pensées , notamment §164 éd.

Sellier – 434 Brunschvicg et 131 Lafuma).

Dès lors, pour Pascal, le seul véritable bonheur réside dans un saut dans la croyance :dans la première partie de cette « Apologie pour la religion chrétienne » projetée par ces fragments qu'on arassemblé sous le titre de Pensées , Pascal exposait de manière rationnelle le caractère vaniteux, absurde et misérable de l'existence humaine ; dans la seconde partie, il montre que seul l'amour de Dieu peut véritablementrendre l'homme heureux.

La raison découvre ainsi elle-même ses limites.

- Ainsi, on peut bien distinguer une structure complexe : au premier plan, rationnel, celui de l'ordre du monde, lepeuple (qui se divertit), les demi-habiles (qui se moquent du peuple), enfin les habiles (qui raisonnent comme lepeuple, mais par la « pensée de derrière » (liasse « Raison des effets », §125 éd.

Sellier) ; au second plan, celui dela religion ou de l'ordre de Dieu, les dévots (qui raisonnent comme les demi-habiles, mais pour des motivationsreligieuses), enfin les chrétiens parfaits (habiles de l'ordre supérieur, qui agissent comme le peuple et les habiles,mais par amour de Dieu – pour une analyse claire et concise de Pascal, cf.

Tony Gheeraert, A la recherche du Dieu caché.

Introduction aux Pensées de Pascal , en part.

2 e chapitre, pp.51 sq. http://www.amisdeportroyal.org/portroyal/articles.php?lng=fr&pg=247 ).

(On remarque par ailleurs que, partant du point de vue inverse de l'absurde, l'existentialisme d'A.

Camus mène à une conclusion similaire, quoique sécularisée :le bonheur est possible, mais résulte d'une simple « foi » en l'existence : « Il faut imaginer Sisyphe heureux », excipitdu Mythe de Sisyphe ). Conclusion Le supposé bonheur des simples d'esprit est donc largement illusoire et infondé, reposant sur une sorte d'enviepropre à ceux qui observent, de l'extérieur, l'apparente impassibilité de l'idiot.

C'est ignorer d'une part le plaisir qu'ilprend, lui aussi, à la connaissance et à la perfectibilité de son esprit ; c'est d'autre part faire l'impasse sur savulnérabilité essentielle face au mépris et aux brimades que peuvent lui infliger les autres.

Comme le montre Pascal,le bonheur du commun des mortels, qui réside dans le divertissement, est lui aussi un bonheur idiot : il n'a pas plusconscience de sa fragilité intrinsèque, qui le disqualifie en tant que bonheur véritable.

L'attirance qu'éprouve leshabiles à l'égard du bonheur apparent de l'idiot s'explique en fait par l'incapacité de la raison, par elle seule, àaccéder au bonheur.

Si la sagesse mène au bonheur, elle n'entre pas en contradiction avec la connaissance, mais luiest largement incommensurable : le bonheur requiert un acte de foi, que ce soit amour de Dieu (Pascal) ou amour dela vie (Camus, voire même Deleuze et sa conceptualisation de l'immanence du désir).. »

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