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Siun Tseu

Publié le 22/02/2012

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Le Confucianisme doit à Siun tseu les solides fondements philosophiques qui lui permettront bientôt de s'imposer comme doctrine officielle de l'État. L'importance de ce penseur, qui subit l'influence des diverses tendances de son époque, est donc au moins égale, sinon supérieure, à celle de Mencius (Mong tseu, 371-289 av. JC) dont l'oeuvre fut élevée au rang de classique. Après lui, le Confucianisme ne devait plus connaître de grand théoricien jusqu'au moment où le Néo-Confucianisme, illustré par Tchou Hi (1130-1200) renouvela la métaphysique classique (le Siun-tseu, ouvrage en 32 chapitres nous est parvenu en assez bon état). La vie de Siun tseu (Siun K'ouang ou Siun K'ing) est mal connue. Il naquit au début du IIIe siècle av. JC et dut mourir peu de temps après que Ts'in Chehouang-ti eut réalisé l'unité chinoise. Il vit donc la fin de l'époque des Royaumes Combattants. Or, le royaume de Ts'in, dont il put constater les victoires successives, avait reçu une forte organisation économique et militaire due au génie des Légistes. Ceux-ci constituaient un des principaux courants de pensée de cette période. Leurs idées représentaient un effort vers plus de réalisme ; ils voulaient que le gouvernement, au lieu de s'appuyer sur l'autorité toute morale des sages, se fît désormais obéir grâce à des lois pénales à caractère impératif et universel.

« principe des satisfactions.

L'honnête homme, ayant ainsi obtenu la satisfaction de ses désirs, est d'autant plusattaché aux distinctions (qui en sont la condition).

" Les distinctions dont il s'agit sont celles qu'implique unerépartition conventionnelle des activités et des ressources.

Les rites obligent chacun à conformer sa conduite à sonemploi et à son rang ; ils font en outre régner l'esprit d'équité qui permet une juste répartition des biens.

Lasociabilité dépend donc de l'équité et celle-ci est rendue possible par les rites.

Il s'ensuit que c'est grâce à cesderniers que les hommes peuvent être rendus meilleurs, qu'ils peuvent se constituer cette seconde nature, cettepersonnalité que Siun tseu oppose au naturel et qu'il appelle " artificielle ".

Et non seulement les hommes sontrendus meilleurs, mais encore ils sont embellis par les rites, d'autant plus que ces derniers sont inséparables de lamusique qui fait régner l'harmonie dans les mœurs.

Siun tseu, qui ne croyait pas dans la réalité des divinités,approuvait cependant les cérémonies faites en leur honneur ainsi que les offrandes aux esprits des défunts ; il yvoyait un moyen d'expression esthétique et une nécessité psychologique.

Les rites du deuil, par exemple,permettent aux émotions douloureuses de s'exprimer et, par là, de se soulager.

La musique, d'autre part, estl'expression de la joie : les hommes ne peuvent se dispenser d'exprimer la joie par des chants et des danses. La seconde catégorie de règles objectives instituées par les Sages est constituée par les Noms.

Ceux-ci ont lamême importance que les Rites.

Il est en effet indispensable, pour supprimer la discorde, que le langage soit correct.Aussi Siun tseu consacre-t-il un chapitre de son ouvrage à la " Rectification des Noms ". La logique traditionnelle chinoise portait plutôt sur l'art de qualifier que sur l'art du raisonnement.

Là encore, Siuntseu a subi l'influence de plusieurs écoles philosophiques qui se sont occupées de ce problème des Noms.

Mais lui-même reste dans la ligne orthodoxe du Confucianisme.

C'est en effet Confucius qui, le premier, proclama la nécessitéde se servir de désignations correctes : de celles-ci dépendent toutes les institutions et le bonheur du peuple.

Ilfaut, en particulier, que les appellations correspondent exactement aux distinctions de sexe, d'âge, de rang, si l'onne veut pas voir un désordre inimaginable s'instaurer dans les familles et dans l'État.

Le caractère monosyllabique dela langue, au moins sous sa forme écrite, explique cette importance des mots.

Dans la phrase chinoise, le rythmetient lieu de syntaxe, et chaque terme, doué d'une sorte d'indépendance, garde toute sa force évocatoire.

Il estindispensable, il est vital que les noms soient employés et prononcés à bon escient si l'on admet qu'ils suscitent leréel.

La parole et les caractères écrits ont toujours gardé, en Chine, une valeur mystique. Après Confucius, d'autres philosophes s'occupèrent de question de logique, en particulier les sophistes.

Ces derniers,disputeurs professionnels, étonnèrent les esprits par leurs paradoxes.

Si parmi ceux-ci, il en est qui ressemblent àdes plaisanteries, d'autres eurent le mérite d'attirer l'attention sur des problèmes d'ordre logique.

Kong Souen-long,vers la fin du IVe siècle, se rendit célèbre par le problème du " cheval blanc qui n'est pas un cheval ", et par sadiscussion sur la " séparation du solide et du blanc " dans une pierre blanche.

Mais la sophistique menaçait de ruinerle système traditionnel des classifications et des correspondances ainsi que toute la morale confucianiste.

Siun tseuse fit le défenseur de celle-ci non seulement contre les sophistes, mais aussi contre tous les systèmes qu'ilconsidérait comme hérétiques.

Il reprit la théorie des désignations correctes de Confucius, mais en lui donnant plusde rigueur et en éliminant le caractère magique des anciennes dénominations.

Pour lui, la terminologie que lesanciens rois établirent en se conformant aux coutumes du peuple chinois " permirent aux âmes de communiquerentre elles et d'unifier l'ensemble des populations de l'empire ".

La " rectification des noms " avait pour Siun tseu uneimportance tant politique que morale.

Il ne concevait pas d'unité chinoise sans un langage commun.

Aussi déplorait-il que le fait de jeter la confusion dans les désignations ne fût pas considéré comme un crime aussi grave que de seservir de faux documents ou de fausses mesures.

Les philosophes hérétiques et les sophistes, en faisant un usageabusif du langage, jettent le désordre dans l'État et dans les mœurs.

Il semble que les discussions sur " le dur et leblanc " et sur le " cheval blanc " aient troublé certains cerveaux, suffisamment du moins pour que Siun tseu ait cruurgent de prouver leur inanité.

Mais son exemple même montre que les sophistes chinois ont eu le mérite de secouerles esprits, de les exercer à raisonner sur des notions abstraites, alors que la pensée avait toujours été jusque-làprisonnière du concret.

Siun tseu, donc, pour démontrer la légitimité du " cheval blanc ", expression parfaitementclaire, ébaucha une sorte de classification des termes selon l'étendue de leur signification, selon leur généralité.Mais comme il ne s'intéressait à la logique que dans la mesure où celle-ci est un principe d'ordre social et moral, il nepoussa pas plus loin la recherche.

Il lui suffisait de démontrer que les noms, dont les significations résultaient,croyait-il, d'une convention sociale, avaient valeur de règles objectives et qu'il était de l'intérêt de chacun de s'yconformer.

Car " lorsque la différence entre valeurs nobles et valeurs viles n'est pas évidente, lorsque le semblableet le différent ne sont pas distingués, dans ce cas l'inconvénient de ne pas pouvoir se faire comprendre et lesmalheurs résultant de la faillite de toute entreprise ne manquent pas d'apparaître.

C'est pourquoi les sages ont établiles séparations et les distinctions : ils ont institué les noms qui correspondent à chaque réalité ". La logique de Siun tseu implique, comme sa morale, une conception hiérarchique de la société.

Les noms, les rites etl'équité, en mettant chaque être et chaque chose à sa place, évitent les contestations et conflits, font régnerl'harmonie parmi les hommes.

La société est ordonnée à la façon d'un corps dont les organes ne peuvent seremplacer les uns par les autres : les fonctions sociales, les rangs hiérarchiques, doivent de même être clairement etstrictement définis et séparés.

Dans cet état idéal du corps social, où tous les organes seraient parfaitementadaptés aux fonctions, " le Fils du Ciel verrait tout sans avoir à regarder, entendrait tout sans avoir à écouter, ilsaurait tout sans avoir à réfléchir, et tout fonctionnerait sans qu'il ait besoin de bouger.

Il n'aurait qu'à se tenirimmobile, seul, sur son trône et l'empire tout entier serait à ses ordres comme un seul corps ".

Cette description duFils du Ciel idéal est identique à la représentation traditionnelle des Fils du Ciel légendaires ; seulement, ce n'est plusici qu'une image qui prétend montrer l'efficacité rationnelle d'une administration parfaitement organisée, et non plusla représentation mythique d'un Souverain surhumain dont le " mana " se propage dans l'espace et dans le temps.

Demême, le Tao, chez lui, n'est plus que la Morale, mais celle-ci, ou plutôt les Rites restent le principe suprême de. »

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