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SIUN TSEU ET TCHOUANG TSEU

Publié le 21/05/2012

Extrait du document

Les premiers penseurs de la Chine travaillèrent sur une très vieille tradition religieuse qui remonte certainement au troisième millénaire avant notre ère. Nous savons en effet, maintenant, qu'il n'y eut pas solution de continuité entre la civilisation des Chang-Yin (la première dynastie historique) et celle des Tcheou (xre siècle- 221 av.J.-C.) qu'illustrèrent, entre autres, Confucius et Lao tseu. Confucius disait vrai lorsqu'il affirmait que les Tcheou avaient adopté les Rites des Yin. Cet héritage (enrichi peut-être de quelques éléments provenant d'autres cultures) constitue le fonds traditionnel d'où se dégagèrent durant l'époque féodale (vme-vre siècle) deux systèmes philosophiques en apparence opposés, en réalité complémentaires, et qui sont le Confucianisme et le Taoïsme. Dans ces deux doctrines s'expriment deux tendances profondes de l'âme chinoise ....

« 1 r LA pensée chinoise classique resta largement tributaire de la religion et de la magie.

Pour la bien comprendre, il faut la situer dans l'atmosphère d'une société féodale et agricole, fortement hié­ rarchisée, où dominent d'une part les sentiments d'honneur et de prestige, d'autre part ceux de communion avec la nature et d'efficacité magico-religieuse.

La société chinoise a toujours gardé ce caractère double : communauté de paysans coiffée par une aristocratie militaire à l'époque féodale, par une aristocratie bureaucratique à l'époque impériale.

Morphologiquement, cette dualité est représentée par l'opposition des villes et des campagnes.

La cité féodale était essentiellement la résidence d'un seigneur et de ses vassaux; mais elle restait étroitement solidaire de la campagne pour laquelle elle était un centre économique et religieux.

Le culte des Ancêtres nobles était solidaire des cultes agraires, les villes seigneuriales étaient aussi des lieux saints et des marchés.

Aussi les échanges étaient-ils constants entre les deux groupes de population dont les genres de vie étaient fort différents.

L'existence des paysans était rythmée par le cours des saisons, des travaux et des fêtes : alternance de la vie sociale tantôt diluée, tantôt concentrée; alternance aussi des travaux masculins et féminins; paroxysmes des fêtes agraires.

Dans les villes, les relations humaines tant privées que publiques étaient, au contraire du rythme des campagnes, caractérisées par la permanence.

Cette continuité de la vie en commun accroissait la complexité des rapports, exigeait une répartition des tâches, un classement des idées.

Outre l'opposition des sexes, qui ne se présentait d'ailleurs pas de la même façon que chez les paysans (elle n'était plus une opposition de groupes, mais une séparation des hommes et des femmes à l'intérieur des familles), les rapports entre individus et entre maisons princières étaient d'ordre hiérarchique.

Les nobles, dont la vie était réglée selon un cérémonial rigoureux, s'entou­ rèrent de spécialistes, de « lettrés », qui peu à peu codifièrent la religion féodale et finirent par lui donner le caractère d'une religion officielle.

Les « Classiques >>, livres canoniques du Confucia­ nisme, sont le produit de ce travail d'abstraction et de classification.

La pensée chinoise est dominée par cette double idée que le monde naturel et la société humaine sont interdépendants et que l'ordre universel est fondé sur une disposition hiérarchique des êtres et des choses.

C'est ce qui est impliqué dans les concepts de Tao, de Yin et de Yang, d'Eléments, de Nombres.

L'univers est un complexe qui peut être envisagé dans sa totalité-unité, ou dans sa diversité-multiplicité.

Les philosophes appellent Tao le principe d'ordre qui fait son unité.

Bien que ce terme, qui signifie au propre « voie », puisse exprimer, selon les penseurs, des nuances de sens différents, l'idée principale, toujours sous-jacente, est celle de vertu efficace : ce peut être simplement le pouvoir ou le modus operandi d'un magicien ou d'un devin :ce peut être le pouvoir de ces magiciens suprêmes que sont le Ciel et le Roi.

Il est possible d'entrevoir l'origine d'une telle conception en remontant aux mythes et aux rites de l'ancienne Chine.

Les paysans avaient l'impression de ressusciter la vie universelle et de recréer périodique­ ment l'harmonie du monde lors de grandes fêtes saisonnières qui rassemblaient la jeunesse, garçons et filles, en des sites consacrés, véritables temples naturels équivalents de l'univers.

Pour les nobles, l'ordre semblait émaner du chef : le principe de vie, qui, chez les paysans, résidait dans le site sacré, se trouvait dès lors confondu avec la puissance royale.

Le roi tenait d'ailleurs son pouvoir du Ciel, et l'on parlait indifféremment du Tao céleste ou du Tao royal :c'était en réalité la même Vertu.

Délégué du Ciel, le roi était responsable de l'espace (en l'espèce, de la soumission des vassaux proches et lointains) et du temps (saisons et récoltes).

Un des principaux devoirs des empereurs chinois a toujours été de promulguer le Calendrier.

L'antiquité chinoise nous a légué quelques vieux almanachs, riches d'observations naïves et de sagesse populaire, qui représentent peut-être les plus anciens produits de la pensée chinoise.

Il est probable que l'élaboration de ces almanachs ainsi que celle des calendriers plus savants a contribué à stimuler la pensée spéculative et l'éla­ boration des concepts philosophiques tels que ceux de Tao, de Yin et de Yang.

Bien qu'unique, le Tao se diversifie en effet sous deux aspects qui sont le Yin et le Yang.

Ces deux termes ont un sens propre très concret : yin désigne le versant ombré d'une colline, yang le versant ensoleillé : d'où par extension, les sens d'ombre et de lumière.

Mais pour les philosophes et les savants, le Yin et le Yang sont des entités ou des principes qui servent à expliquer et à cataloguer les choses, 33. »

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